Développement durable
10 questions essentielles pour réussir sa rénovation énergétique
L'architecte Audrey Chauviré partage ses meilleurs conseils pour mettre sur de bons rails votre rénovation énergétique
Après avoir obtenu son diplôme d’architecte à l’ENSA de Nantes et suite à quelques années de perfectionnement dans de grandes agences d’architecture parisiennes, Audrey Chauviré de Ti’Cad est revenue s’établir dans la capitale du Grand Ouest, animée par le désir de « créer une architecture durable pour les particuliers ». Pour cela, elle s’est spécialisée dans les constructions et rénovations performantes énergétiquement et écologiquement, orientations devenues prioritaires dans le contexte actuel de réchauffement climatique et de hausse significative des coûts de l’énergie. Aujourd’hui, elle partage avec la communauté Houzz ses meilleurs conseils pour une rénovation énergétique réussie.
Qui doit entreprendre une rénovation énergétique ?
« Il faut clairement faire le distingo entre les propriétaires occupants et les propriétaires bailleurs », souligne l’architecte Audrey Chauviré.
« Il faut clairement faire le distingo entre les propriétaires occupants et les propriétaires bailleurs », souligne l’architecte Audrey Chauviré.
- Pour le propriétaire occupant, pas de réglementation contraignante. En clair, ce dernier est libre d’entamer ou non cette démarche en fonction de ses besoins.
- Pour le propriétaire bailleur, en revanche, une législation incitative a été mise en place avec un calendrier se durcissant d’année en année. En 2024, les logements dits « passoires thermiques » (ceux qui ont écopé d’un F ou d’un G au DPE) ne peuvent plus être loués s’ils ne sont pas rénovés. S’ils sont déjà loués, le loyer ne pourra être augmenté qu’en cas de rénovation effective. L’an prochain, ce sera au tour des logements classés E à être impactés.
Quand faire une rénovation énergétique ?
Plusieurs indices peuvent vous aider à savoir si c’est le moment de rénover énergétiquement votre logement. Audrey Chauviré les énumère ici.
Plusieurs indices peuvent vous aider à savoir si c’est le moment de rénover énergétiquement votre logement. Audrey Chauviré les énumère ici.
- La sensation d’inconfort : vous avez souvent froid chez vous, vous ressentez des courants d’air, vous êtes exposés à des surchauffes estivales, ou le logement est humide.
- Les factures : ces premiers signes sont souvent corroborés par des factures d’énergie très importantes au regard de vos usages modérés en chauffage et eau chaude sanitaire.
- La date de construction du logement est également un bon indice pour l’architecte. Les premières normes thermiques sont apparues en 1975, aussi, toutes les constructions antérieures sont par définition des passoires. « Même une maison des années 1980 jamais rénovée peut gagner facilement deux lettres au DPE en isolant au regard des normes actuelles », convient Audrey. En revanche, il sera davantage compliqué de faire des gains significatifs pour une maison récente. « Les maisons construites après 2000 sont celles pour lesquelles le ratio qualité/prix des travaux d’isolation est le moins bon »,souligne-t-elle en effet car, depuis 2000, les règlementations thermiques des constructions ont été particulièrement renforcées. Notez que la rénovation énergétique pourra néanmoins résoudre des problèmes de surchauffe en été, qui n’étaient pas prises en compte à l’époque.
Comment définir ses objectifs de rénovation énergétique ?
- C’est le bâti lui-même qui va guider le périmètre des travaux. Si tout est à refaire, les travaux de rénovation énergétique ne seront pas les mêmes que si vous avez déjà rénové récemment votre intérieur ou votre façade. « Si la toiture est à refaire, il peut être judicieux d’isoler par-dessus en technique sarking plutôt qu’isoler sous rampants. Si vous envisagez une extension dans le futur, il ne servira à rien de changer la baie vitrée ou d’isoler la façade qui seront bientôt abattus… », expose Audrey.
- Le budget est également un point crucial. « Quel budget êtes-vous prêt à consacrer ? Quel sera votre budget avec aides et consentirez-vous ou non à faire un prêt à la banque pour votre rénovation énergétique ? » Autant de questions que l’architecte suggère de se poser avant d’entamer son projet.
- Les ambitions écologiques des maîtres d’ouvrage peuvent également influer sur la rénovation énergétique. « Souhaiterez-vous utiliser des isolants écologiques, viserez-vous un label d’excellence énergétique ? ou vous orientez-vous vers l’indépendance ? », interroge la pro.
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Quelles actions apportent le plus de résultats ?
Chaque projet est différent mais certaines actions connues sont plus propices à rendre votre habitation plus sobre énergétiquement.
Chaque projet est différent mais certaines actions connues sont plus propices à rendre votre habitation plus sobre énergétiquement.
- L’isolation des combles perdus ou des rampants est la plus efficace pour augmenter le niveau de performance énergétique de votre maison, car l’architecte le rappelle,« c’est par la toiture que les pertes énergétiques d’un logement sont les plus importantes ».
- L’isolation des murs périphériques est ensuite l’action à privilégier, que ce soit par l’intérieur ou l’extérieur. « À noter que lorsqu’on isole les murs, il faut dans certains cas rajouter une ventilation pour ne pas avoir de condensation dans l’intérieur », précise l’architecte.
- Malgré les idées reçues, le seul remplacement des fenêtres n’est pas une solution efficace pour améliorer considérablement la performance énergétique d’un logement. « Il est même contreproductif de remplacer les fenêtres sans isoler les murs, car cela peut créer des ponts thermiques difficiles à corriger par la suite », rappelle-t-elle. Et de recommander plutôt d’isoler les murs et de poser les fenêtres de manière continue afin d’éliminer le risque de ponts thermiques.
À qui faire appel pour entamer une rénovation énergétique ?
Tout le monde connaît le DPE, le Diagnostic de performance énergétique, obligatoire en cas de vente ou de location. Ce dernier attribue une lettre au logement en fonction de son niveau de performance (de A à G). Si le DPE peut donner une première indication thermique à l’achat d’un bien par exemple, Audrey ne conseille pas de faire appel à un diagnostiqueur thermique en cas de projet de rénovation énergétique. « Le DPE est un document trop simplifié », estime-t-elle.
Tout le monde connaît le DPE, le Diagnostic de performance énergétique, obligatoire en cas de vente ou de location. Ce dernier attribue une lettre au logement en fonction de son niveau de performance (de A à G). Si le DPE peut donner une première indication thermique à l’achat d’un bien par exemple, Audrey ne conseille pas de faire appel à un diagnostiqueur thermique en cas de projet de rénovation énergétique. « Le DPE est un document trop simplifié », estime-t-elle.
- Pour une première aide gratuite, les conseillers France Rénov’ peuvent dresser un plan d’action, cerner les priorités et faire le calcul des aides en fonction de l’imposition du foyer fiscal.
- Mieux vaut toutefois se tourner vers un auditeur énergétique indépendant. Celui-ci trace un audit bien plus performant des besoins en rénovation de la bâtisse et dresse deux ou trois scénarios de travaux possibles accompagnés d’une fourchette d’aides pouvant être perçues. « Ce diagnostic est d’ailleurs obligatoire aujourd’hui en cas de vente d’une passoire thermique », indique Audrey Chauviré. Une démarche qui a toutefois un coût, pouvant aller jusqu’à 2 500 €, selon la maison (taille, complexité…) et le professionnel.
Par qui se faire accompagner sur tout le processus ?
Au-delà de ces accompagnements ponctuels, il est possible de se faire accompagner sur toute la durée du projet, ce qui permet de mettre davantage de chances de son côté afin qu’il réussisse.
Au-delà de ces accompagnements ponctuels, il est possible de se faire accompagner sur toute la durée du projet, ce qui permet de mettre davantage de chances de son côté afin qu’il réussisse.
- « Mon accompagnateur Rénov’ » est une nouvelle solution pleine d’avenir. Face à la difficulté du parcours de rénovation énergétique, l’État a souhaité faciliter le processus en créant des conseillers aptes à vous accompagner sur le long terme, depuis le diagnostic initial, jusqu’au bilan d’après travaux en passant par la création du dossier d’aides et leur obtention. « Environ 500 accompagnateurs ont déjà reçu leur agrément en France mais le service va vite s’accroître », estime Audrey Chauviré, qui est elle-même en train de passer cet agrément pour mieux accompagner ses clients.
- Sachez par ailleurs que les architectes, notamment ceux qui sont spécialisés dans les question de durabilité, sont de bons interlocuteurs sur toute la durée du projet. En totale indépendance, ils seront à même de vous conseiller sur des choix énergétiques pour votre bâti qui répondront à vos objectifs de vie. « Ils pourront également vous aider sur les démarches auprès de la mairie, car en cas d’intervention sur l’extérieur de la maison pour une ITE, un rehaussement de toiture ou un changement de fenêtres, il faut poser une déclaration préalable ou une demande de permis de construire », rappelle l’architecte.
Faut-il faire appel aux aides ?
Il est courant d’entendre des critiques sur la complexité et la faible rentabilité des aides proposées par l’État pour encourager les rénovations énergétiques en France, surtout de la part des ménages aisés. L’architecte nuance cependant : « Le processus administratif est souvent long et formaliste, ce qui peut décourager de nombreuses personnes en cours de démarche. Toutefois, les procédures ont été simplifiées, car il n’est plus nécessaire de demander séparément Ma Prime Rénov’ et les Certificats d’économies d’énergie ».
Ces aides restent fondées sur le revenu fiscal de référence du foyer, le nombre d’enfants et la localisation géographique du bien (en Île-de-France ou hors Île-de-France). Les plafonds sont régulièrement mis à jour sur le site France-renov.gouv.fr. « Les aides restent souvent avantageuses pour les ménages intermédiaires, modestes et très modestes. Pour les autres foyers, elles ne devront pas être une condition sine qua non du projet, mais peuvent représenter un coup de pouce bienvenu, surtout en ces temps de hausse continue du prix de l’énergie », estime toutefois Audrey Chauviré.
Le point 2023 sur les aides pour la rénovation énergétique
Il est courant d’entendre des critiques sur la complexité et la faible rentabilité des aides proposées par l’État pour encourager les rénovations énergétiques en France, surtout de la part des ménages aisés. L’architecte nuance cependant : « Le processus administratif est souvent long et formaliste, ce qui peut décourager de nombreuses personnes en cours de démarche. Toutefois, les procédures ont été simplifiées, car il n’est plus nécessaire de demander séparément Ma Prime Rénov’ et les Certificats d’économies d’énergie ».
Ces aides restent fondées sur le revenu fiscal de référence du foyer, le nombre d’enfants et la localisation géographique du bien (en Île-de-France ou hors Île-de-France). Les plafonds sont régulièrement mis à jour sur le site France-renov.gouv.fr. « Les aides restent souvent avantageuses pour les ménages intermédiaires, modestes et très modestes. Pour les autres foyers, elles ne devront pas être une condition sine qua non du projet, mais peuvent représenter un coup de pouce bienvenu, surtout en ces temps de hausse continue du prix de l’énergie », estime toutefois Audrey Chauviré.
Le point 2023 sur les aides pour la rénovation énergétique
Quel professionnel embaucher pour réaliser des travaux de rénovation énergétique ?
Il est recommandé de faire appel à un artisan RGE (Reconnu garant de l’environnement) notamment pour cette raison : « Faire appel à un artisan RGE est obligatoire pour bénéficier des aides financières que le gouvernement a mis en place pour encourager les travaux de rénovation énergétique ». précise Audrey Chauviré.
Les artisans RGE ont obtenu une certification attestant de leurs compétences et de leur engagement dans la réalisation de travaux respectueux de l’environnement et de la performance énergétique. Ils ont été formés sur les systèmes de chauffage durables ou les matériaux écologiques et les normes et réglementations en vigueur, ce qui garantit la qualité du travail réalisé.
Le label RGE se décline en différentes spécialités dont :
Plus d’informations sur les différents labels ici
Il est recommandé de faire appel à un artisan RGE (Reconnu garant de l’environnement) notamment pour cette raison : « Faire appel à un artisan RGE est obligatoire pour bénéficier des aides financières que le gouvernement a mis en place pour encourager les travaux de rénovation énergétique ». précise Audrey Chauviré.
Les artisans RGE ont obtenu une certification attestant de leurs compétences et de leur engagement dans la réalisation de travaux respectueux de l’environnement et de la performance énergétique. Ils ont été formés sur les systèmes de chauffage durables ou les matériaux écologiques et les normes et réglementations en vigueur, ce qui garantit la qualité du travail réalisé.
Le label RGE se décline en différentes spécialités dont :
- Qualit’EnR pour les travaux d’installations d’équipements valorisant les énergies renouvelables (énergie solaire photovoltaïque ou thermique, bois, pompes à chaleur),
- Qualifelec pour les travaux d’électricité, Chauffage Plus pour les chaudières haute performance,
- Certibat pour les travaux de rénovation énergétique globale,
- Eco-artisan pour la réalisation de travaux d’efficacité énergétique dans les logements existants,
- Qualibat pour les travaux d’efficacité énergétique (isolation, chauffage…) et l’installation d’énergies renouvelables (géothermie, solaire…),…
Plus d’informations sur les différents labels ici
Comment assurer le suivi de sa rénovation énergétique et contrôler qu’elle a bien fonctionné ?
- L’Agence nationale de l’habitat (ANAH), qui attribue pour le compte de l’État les aides financières aux propriétaires pour la réalisation de travaux de rénovation énergétique, peut effectuer des contrôles pour s’assurer que les travaux subventionnés respectent bien les conditions d’attribution et contribuent effectivement à l’amélioration des logements privés. Peuvent être pratiqués des tests d’infiltrométrie pour vérifier l’étanchéité à l’air ou des mesures de consommation d’énergie pour comparer avant et après les travaux.
- Par ailleurs, l’architecte Audrey Chauviré conseille de surveiller ses factures et sa consommation en rappelant que « les comparaisons doivent se faire à habitudes égales. On observe souvent des changements de comportements après que les travaux ont été faits. Or, 1 degré de chauffage en plus, c’est 7 % de plus sur la facture, aussi le gain ne paraît pas si important… », explique-t-elle.
- Enfin la professionnelle insiste sur le fait de se faire former par les artisans sur la maintenance des nouveaux appareils installés afin de comprendre leur fonctionnement pour les utiliser de manière optimale et entretenir leurs performances sur la durée.
Vous l’aurez compris, la rénovation énergétique fait appel à des questions de fond sur l’usage de votre maison à long terme, à des aspects techniques, des questions financières, un suivi de chantier…
Bien que le processus puisse être long et difficile, les bénéfices qu’il apporte sont toutefois indéniables. Investir dans une rénovation énergétique bien menée, c’est investir dans le confort, la durabilité et la valeur de votre logement.
Des architectes formés aux questions énergétiques comme Audrey Chauviré sont de bons interlocuteurs pour vous accompagner vers ce résultat de même que les nouveaux « accompagnateurs Rénov’ ». « Prenez le temps de vous informer et de réfléchir à vos envies/objectifs avant de vous engager pleinement, car si vous n’allez pas au bout du processus de rénovation énergétique, il sera difficile d’être vraiment pertinent », conseille l’architecte.
Bien que le processus puisse être long et difficile, les bénéfices qu’il apporte sont toutefois indéniables. Investir dans une rénovation énergétique bien menée, c’est investir dans le confort, la durabilité et la valeur de votre logement.
Des architectes formés aux questions énergétiques comme Audrey Chauviré sont de bons interlocuteurs pour vous accompagner vers ce résultat de même que les nouveaux « accompagnateurs Rénov’ ». « Prenez le temps de vous informer et de réfléchir à vos envies/objectifs avant de vous engager pleinement, car si vous n’allez pas au bout du processus de rénovation énergétique, il sera difficile d’être vraiment pertinent », conseille l’architecte.
ET VOUS ?
Avez-vous déjà entrepris des travaux de rénovation énergétique ? Est-ce dans vos projets ?
Avez-vous déjà entrepris des travaux de rénovation énergétique ? Est-ce dans vos projets ?
Il n’y a pas une seule et unique raison d’entamer la rénovation énergétique de son logement, aussi, « définir ses motivations » est une recommandation prioritaire pour l’architecte Audrey Chauviré. Certains chercheront à gagner en confort dans leur maison, d’autres seront surtout motivés par le souhait de faire des économies sur leurs factures d’énergie. D’autres encore auront pour motif principal de faire prendre de la valeur à leur logement dans un but de revente. « N’oublions pas l’aspect sanitaire car une rénovation énergétique pourra également apporter une réponse à des problèmes d’humidité malsains pour la santé, ou encore améliorer la qualité de l’air d’un logement ou encore diminuer le bruit provenant de l’extérieur », rappelle-t-elle. En fonction de vos objectifs, vous serez amenés à privilégier plutôt tels travaux de rénovation que tels autres.
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