Le design danois dans son époque : 7 manières de penser durable
L’édition 2019 du festival 3 Days of Design a mis en lumière l’approche danoise de l’écoresponsabilité
Dans l’industrie du design, le développement durable est sur toutes les lèvres, au cœur des réflexions. Fin mai, Copenhague a accueilli la nouvelle édition du festival 3 Days of Design. L’occasion pour les designers et fabricants de prouver que créativité et écoresponsabilité font bon ménage. Car aujourd’hui, on ne s’arrête plus à la simple mesure de l’empreinte carbone des processus de conception ou de production.
Chaque année, la capitale danoise accueille près de 150 agences de création et acteurs du design danois, pour en ouvrir les coulisses au grand public. L’édition 2019 s’est déroulée sous le signe du développement durable : on y a notamment vu comment les entreprises danoises se sont emparées de ce sujet, aux multiples visages, pour des créations à l’épreuve du temps et un monde plus soucieux du climat et de l’environnement.
Table de la collection Post, par Cecilie Manz pour Fredericia Furniture
1. Des créations pour traverser les générations
L'une des clés du design durable est de proposer des pièces conçues pour durer — d'un point de vue matériel comme esthétique. Une idée incarnée par de nombreux designers et entreprises cette année à Copenhague.
Citons ainsi Fredericia Furniture, qui a collaboré avec la Danoise Cecilie Manz pour créer une nouvelle collection de table et chaises, baptisée Post.
1. Des créations pour traverser les générations
L'une des clés du design durable est de proposer des pièces conçues pour durer — d'un point de vue matériel comme esthétique. Une idée incarnée par de nombreux designers et entreprises cette année à Copenhague.
Citons ainsi Fredericia Furniture, qui a collaboré avec la Danoise Cecilie Manz pour créer une nouvelle collection de table et chaises, baptisée Post.
Chaise de la collection Post, par Cecilie Manz pour Fredericia Furniture
Les meubles de cette collection se veulent classiques et intemporels, dans leur expression comme dans les matériaux utilisés. Une approche durable qui en garantit la pérennité. « Mes enfants doivent pouvoir un jour en hériter », commente la créatrice.
Cecilie Manz n’érige pas la nouveauté en principe directeur. Il faut avoir une bonne raison de créer. « La fonction est primordiale. Si je ne suis pas en mesure de donner du sens à ce que je vais faire, autant ne pas me lancer », confirme-t-elle.
Les meubles de cette collection se veulent classiques et intemporels, dans leur expression comme dans les matériaux utilisés. Une approche durable qui en garantit la pérennité. « Mes enfants doivent pouvoir un jour en hériter », commente la créatrice.
Cecilie Manz n’érige pas la nouveauté en principe directeur. Il faut avoir une bonne raison de créer. « La fonction est primordiale. Si je ne suis pas en mesure de donner du sens à ce que je vais faire, autant ne pas me lancer », confirme-t-elle.
L’une des cuisines sur-mesure imaginées par Nicolaj Bo
2. Une cuisine unique, c’est pour toute la vie
Pour que des meubles durent, on peut aussi les adapter jusque dans les moindres détails à l’intérieur et aux besoins de chacun. Le cuisiniste Nicolaj Bo en a fait sa philosophie.
« Le standard n’a pas sa place chez nous. Tout est conçu spécialement pour et avec chaque client, pour un intérieur en particulier. La cuisine s’adapte vraiment aux volumes de la pièce. Nous y tenons car l’agencement des éléments est déterminant », témoigne-t-il.
2. Une cuisine unique, c’est pour toute la vie
Pour que des meubles durent, on peut aussi les adapter jusque dans les moindres détails à l’intérieur et aux besoins de chacun. Le cuisiniste Nicolaj Bo en a fait sa philosophie.
« Le standard n’a pas sa place chez nous. Tout est conçu spécialement pour et avec chaque client, pour un intérieur en particulier. La cuisine s’adapte vraiment aux volumes de la pièce. Nous y tenons car l’agencement des éléments est déterminant », témoigne-t-il.
La cuisine appartient plus globalement à un intérieur, dans lequel elle doit s’inscrire par sa conception autant que par son style. « Cette pièce fait partie d’un ensemble dont elle doit aussi jouer la partition. Il ne faut pas en faire une pièce témoin, qui témoigne justement un peu trop de son époque. Les tendances passagères posent en vrai problème en matière d’écoresponsabilité. Elles parlent d’une temporalité qui n’est a priori pas celle de la durabilité », poursuit Nicolaj Bo.
Même approche chez Københavns Møbelsnedkeri : tous les produits de la marque sont pensés, conçus et réalisés sur-mesure dans une cour aux allures campagnardes en plein cœur de Copenhague. On n’y transige ni avec le respect de la tradition artisanale, ni avec la qualité. Une double ambition préside à la fabrication des cuisines, dressings et meubles : ils doivent durer, mais aussi passer haut la main l’épreuve du temps sur le plan esthétique. « Il est de notre devoir de concevoir des éléments que le temps sublimera », estime Kim Dolva, la fondatrice.
Københavns Møbelsnedkeri va jusqu'à modéliser ses modules de cuisine à l'échelle 1:10 afin que ses clients puissent manipuler, construire et visualiser leur cuisine, celle d'une vie, avant de s'engager.
La créatrice Margrethe Odgaard aux côtés de Peter J. Lassen (à droite), fondateur de Montana et de son fils, PDG de Montana, Joakim Lassen
3. Une couleur pour les décennies à venir
Créatrice textile Margrethe Odgaard a imaginé une nouvelle palette de trente teintes pour Montana qu’elle a baptisée « Ne jugez pas une couleur par sa couleur ». L’entreprise danoise est connue pour ses rangements simples mais toujours colorés.
3. Une couleur pour les décennies à venir
Créatrice textile Margrethe Odgaard a imaginé une nouvelle palette de trente teintes pour Montana qu’elle a baptisée « Ne jugez pas une couleur par sa couleur ». L’entreprise danoise est connue pour ses rangements simples mais toujours colorés.
Collection « Ne jugez pas une couleur par sa couleur », de Margrethe Odgaard pour Montana
Lancer ainsi une nouvelle gamme de couleurs ne relève pas, comme il pourrait sembler, d’une stratégie à court terme, tout sauf durable. Il s’agit de l’exact opposé : « Les questions ne mode ou de tendance n’entrent pas en compte dans mon travail. La collection doit rester sur le marché pour une durée de 5 à 10 ans minimum et rester pertinente au fil du temps », raconte Margrethe Odgaard.
La créatrice a décliné sa gamme autour des cinq tons noirs, gris et blancs qui représentent 75 % des ventes de l’entreprise. Les clients pourront ainsi aisément coordonner les nouvelles pièces avec celles qu’ils possèdent déjà.
Lancer ainsi une nouvelle gamme de couleurs ne relève pas, comme il pourrait sembler, d’une stratégie à court terme, tout sauf durable. Il s’agit de l’exact opposé : « Les questions ne mode ou de tendance n’entrent pas en compte dans mon travail. La collection doit rester sur le marché pour une durée de 5 à 10 ans minimum et rester pertinente au fil du temps », raconte Margrethe Odgaard.
La créatrice a décliné sa gamme autour des cinq tons noirs, gris et blancs qui représentent 75 % des ventes de l’entreprise. Les clients pourront ainsi aisément coordonner les nouvelles pièces avec celles qu’ils possèdent déjà.
« Il me paraît en outre important que ces couleurs s’accordent bien avec le bois, le béton et le marbre. Je limite par conséquent le nombre de couleurs “égotiques”, c’est-à-dire celles qu’il est plus difficile de marier aux autres. » On ne trouve ainsi qu’un seul jaune dans sa collection, le camomille, suffisamment doux pour être associé à des couleurs qui supporteraient mal la présence d’une nuance plus intense.
The Spanish Chair, par Børge Mogensen
4. Ligne droite entre passé et futur
Comment nos intérieurs seront-ils meublés dans 10, 20 ou même 50 ans ?
Si la question reste ouverte, les entreprises de création danoise ont noté le retour en force du mobilier des années 1950, 60 et 70. Un succès qui ne se dément pas et sur lequel elles capitalisent pour les prochaines décennies.
Elles poursuivent ainsi la production des grands classiques du design danois, mais ressortent également des pièces moins connues. Il s’agit notamment de créations en rupture de stock depuis très longtemps ou qui n’ont jamais été proposées en magasin.
4. Ligne droite entre passé et futur
Comment nos intérieurs seront-ils meublés dans 10, 20 ou même 50 ans ?
Si la question reste ouverte, les entreprises de création danoise ont noté le retour en force du mobilier des années 1950, 60 et 70. Un succès qui ne se dément pas et sur lequel elles capitalisent pour les prochaines décennies.
Elles poursuivent ainsi la production des grands classiques du design danois, mais ressortent également des pièces moins connues. Il s’agit notamment de créations en rupture de stock depuis très longtemps ou qui n’ont jamais été proposées en magasin.
Magnus Stephensen présente le fauteuil TMBO dessiné par son grand-père, Magnus Læssøe Stephensen en 1935
Si Mazō est un fabricant de meubles fraîchement arrivé sur le marché, ses gammes s’inspirent largement de la tradition du design danois. « Il nous paraît fondamental de proposer des produits qu’on aura plaisir à posséder dans 50 ans », explique Magnus Stephensen, fondateur de la marque et petit-fils du designer Magnus Læssøe Stephensen.
Si Mazō est un fabricant de meubles fraîchement arrivé sur le marché, ses gammes s’inspirent largement de la tradition du design danois. « Il nous paraît fondamental de proposer des produits qu’on aura plaisir à posséder dans 50 ans », explique Magnus Stephensen, fondateur de la marque et petit-fils du designer Magnus Læssøe Stephensen.
Chaise WNG conçue par Magnus Læssøe Stephensen en 1937
« Mon grand-père était un visionnaire, toujours en avance sur son temps. Il doit en aller de même pour les pièces que nous créons aujourd’hui. »
« Mon grand-père était un visionnaire, toujours en avance sur son temps. Il doit en aller de même pour les pièces que nous créons aujourd’hui. »
Autre exemple : House of Finn Juhl, qui a, en quelques années, réédité plus de 50 créations du grand designer danois. La chaise Grasshopper (photo), récemment remise en vente, date de 1938. À l’époque, elle n’avait été fabriquée qu’en deux exemplaires.
L’entreprise va certainement continuer de puiser dans les créations de Finn Juhl. « Nous avons accès à des pièces moins connues mais qui méritent de passer sur le devant de la scène. Cela pourrait aisément nourrir notre propre catalogue de nouveautés sur les vingt ans à venir », confie le co-fondateur, Hans Henrik Sørensen.
L’entreprise va certainement continuer de puiser dans les créations de Finn Juhl. « Nous avons accès à des pièces moins connues mais qui méritent de passer sur le devant de la scène. Cela pourrait aisément nourrir notre propre catalogue de nouveautés sur les vingt ans à venir », confie le co-fondateur, Hans Henrik Sørensen.
Fauteuils Butterfly Classic (à gauche), de Niels Gammelgaard et Model 107 (à droite), de Ib Kofod-Larsen, tous deux produits par Magnus Olesen
5. Une production locale et durable
Autre engagement pour l’environnement : produire localement, avec des matériaux et une main d’œuvre de la région. Une direction choisie par plusieurs concepteurs et fabricants danois.
Magnus Olesen, comme d’autres, poursuit ainsi la production de tous ses meubles dans une usine du Jutland. Un choix à contre-courant des pratiques actuelles de délocalisation.
« Le sujet du développement durable est devenu incontournable. Il nous pousse à produire au Danemark, avec des matériaux danois », affirme Nils Knudsen, qui dirige Magnus Olesen.
La production locale peut cependant être en frein lorsqu’il s’agit de toucher des marchés plus isolés, hors Europe.
5. Une production locale et durable
Autre engagement pour l’environnement : produire localement, avec des matériaux et une main d’œuvre de la région. Une direction choisie par plusieurs concepteurs et fabricants danois.
Magnus Olesen, comme d’autres, poursuit ainsi la production de tous ses meubles dans une usine du Jutland. Un choix à contre-courant des pratiques actuelles de délocalisation.
« Le sujet du développement durable est devenu incontournable. Il nous pousse à produire au Danemark, avec des matériaux danois », affirme Nils Knudsen, qui dirige Magnus Olesen.
La production locale peut cependant être en frein lorsqu’il s’agit de toucher des marchés plus isolés, hors Europe.
« Certaines grandes entreprises imposent que les meubles qu’elles achètent soient fabriqués à moins de 700 km du lieu où ils seront utilisés », précise-t-il. « Pour les marchés japonais ou américains par exemple, nous travaillons donc avec des partenaires que nous habilitons à la production, ou envoyons les meubles en pièces détachées. Ils seront assemblés sur place. Si l’on mesure l’émission de CO2 par mètre cube pour le transport, cette solution est d’ailleurs préférable. »
6. De l'embarcadère au salon
L'utilisation de matériaux recyclés innovants s'est démocratisée, le plastique ne termine plus nécessairement dans les décharges... et certaines entreprises se tournent vers les matériaux naturels de récupération.
L'utilisation de matériaux recyclés innovants s'est démocratisée, le plastique ne termine plus nécessairement dans les décharges... et certaines entreprises se tournent vers les matériaux naturels de récupération.
Thors Design, par exemple, donne une nouvelle vie au bois des embarcadères de certains ports danois. Le robuste bois d’azobé, venu d’Afrique, s’invite ainsi dans les intérieurs sous la forme de pièces uniques et réalisées à la main : plateaux de table, chaises, tables et bancs, cloisons, paravents, cuisines extérieures.
Après des années passées dans l’eau de mer, le bois conserve une impressionnante durée de vie, entre 50 et 100 ans, et réclame un entretien minimum. Les meubles sont également disponibles en leasing. On évite ainsi le gaspillage et les déchets inutiles lorsque les clients souhaitent modifier leur déco.
Après des années passées dans l’eau de mer, le bois conserve une impressionnante durée de vie, entre 50 et 100 ans, et réclame un entretien minimum. Les meubles sont également disponibles en leasing. On évite ainsi le gaspillage et les déchets inutiles lorsque les clients souhaitent modifier leur déco.
7. Un seul mot d'ordre : le recyclage
Aussi écoresponsable que soit un nouveau produit, mieux vaut encore acheter un meuble d'occasion.
Aussi écoresponsable que soit un nouveau produit, mieux vaut encore acheter un meuble d'occasion.
Dans le centre-ville de Copenhague, le magasin Klassik connaît un franc succès : on y trouve des classiques danois haut de gamme et de seconde main, souvent vendus à prix d’or ailleurs. Des modèles décidément intemporels !
Ces nouveaux produits plus qualitatifs et durables, auront très certainement une seconde vie sur les marchés aux puces, dans les brocantes et les salles de vente.
ET VOUS ?
Que pensez-vous du design danois et de ses leçons d’écoresponsabilité ?
Lire aussi :
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Ces nouveaux produits plus qualitatifs et durables, auront très certainement une seconde vie sur les marchés aux puces, dans les brocantes et les salles de vente.
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