Matériaux d'extérieur : Le retour de la tôle ondulée
Ce matériau mal-aimé fait son grand retour dans les maisons contemporaines
L’utilisation de panneaux et de toitures en tôle ondulée pour les habitations résidentielles est un peu dépassée. Qu’ils soient en métal, en plastique, ou en tout autre matériau, ils rappellent inévitablement les hangars industriels, les vieux baraquements Quonset, ou même les bidonvilles. Pourtant, les architectes actuels accueillent à bras ouverts ce matériau léger, bon marché et original. Voici quelques exemples preuves de la polyvalence de la tôle ondulée, qu’elle soit en métal ou en plastique, et de son utilisation dans les maisons contemporaines.
On trouve rarement une maison entièrement recouverte de panneaux en tôle ondulée. Dans la plupart des cas, on l’utilise au choix, soit pour les murs, soit pour le toit. Cette habitation, située à Spring Hill au Mississippi, a été imaginée par les architectes John Beard et Dale Riser. Elle présente une nette prédilection pour l’utilisation de la tôle dans sa construction. On notera ici comment les différents matériaux utilisés s’accordent bien ensemble et avec le style rural contemporain de la propriété.
L’intérêt principal de l’utilisation de la tôle ici se trouve dans les auvents translucides, au premier plan. Ils s’accordent parfaitement aux panneaux peints en rouge, aux jointures métalliques, aux lattes en bois et aux moustiquaires.
Après le coucher de soleil, il devient évident que ces panneaux ondulés ne sont pas en tôle mais d’un autre matériau, de la fibre de verre pour être précis. Situés au-dessus d’une véranda, ces auvents permettent de filtrer la lumière entrante. L’utilisation de ce matériau semble tout à fait appropriée dans le cadre de ce projet : il permet de fondre le bâtiment dans le style rural du site et s’adapte aux conditions climatiques de la région.
L’extension de cette maison d’Austin au Texas, dessinée par les architectes Furman + Keil, présente un toit en tôle ondulée qui relie le garage à la maison, et crée une galerie couverte qui sert d’entrée principale. Cette photo, prise depuis le garage, propose une vue sur la maison et son jardin…
… et celle-ci renvoie dans l’autre direction, c’est-à-dire vers le garage. On comprend bien ici le choix des architectes d’utiliser de la tôle ondulée : le fait que ce matériau soit léger permet à l’avancée du toit d’être assez importante même sur une structure de petite taille (ici, elle mesure entre 1,50 et 1,80 m). Les pannes de la charpente, perpendiculaires à la structure, juste en dessous du toit, sont nécessaires pour soutenir la tôle ondulée dont les rainures suivent les lignes de la structure, et permettent d’évacuer l’eau de pluie dans le jardin.
Voici encore un exemple de toit en tôle ondulée, avec l’extension de cette maison située à Sidney en Australie, conçue par Sam Crawford. L’architecte la nomme, à juste titre,
« La maison des vagues », car l’extension se replie sur le bâtiment plus ancien à la manière d’une vague peinte dans le métal ondulé. Le mouvement de la forme du toit est amplifié par la direction des rainures. Voyons ça de plus près…
« La maison des vagues », car l’extension se replie sur le bâtiment plus ancien à la manière d’une vague peinte dans le métal ondulé. Le mouvement de la forme du toit est amplifié par la direction des rainures. Voyons ça de plus près…
… Il est certain que l’architecte a longuement pensé à l’installation de la tôle et à son interaction avec les autres matériaux. Le détail de gauche est superbe : une petite gouttière permet à l’eau de pluie de s’écouler sur une autre partie du toit, directement dans sa gouttière interne. Cette dernière a été aménagée en coupant une partie de la tôle. Cela fait penser aux constructions de Glenn Murcutt, architecte australien récompensé par le prix Pritzker d’architecture, qui possèdent des toits en tôle ondulée métallique de formes diverses, qui récupèrent l’eau de pluie et la stockent.
Cette maison conçue par le cabinet d’architecte Webber + Studio, à Austin au Texas, fait grand usage de tôle ondulée comme parement pour ses murs. L’effet quelque peu « surchargé » que produit généralement l’utilisation de ce matériau est ici contrebalancé par une alternance de fenêtres et de portes en façade.
Dans cette même maison, le revêtement donne une texture toute particulière aux murs, comme des rayures qui apporteraient du peps aux bâtiments horizontaux. On remarquera le silo cylindrique à droite de la photo, de toute évidence un réservoir d’eau. Une autre vue de la maison…
… illustre une fois encore comment les architectes ont su utiliser ce matériau sans qu’il soit trop dominant, notamment en l’associant à de grandes baies vitrées et à des coins coupés (qui agrandissent également la taille de la terrasse). La tôle ondulée s’accorde particulièrement bien ici avec un autre matériau industriel : les blocs de béton manufacturés.
Les discussions sur l’intérêt d’un revêtement en tôle ondulée sur un toit ou en parement de mur portent généralement sur la pertinence de son utilisation. Cette photo démontre que l’esthétisme du matériau est aussi très important et que la tôle ondulée n’est pas exclusivement ou obligatoirement galvanisée ou de couleur argentée. Cette passerelle et ses murs de tôle en cuivre relient un salon et un garage. La finition patinée de la tôle miroite même à faible lumière.
Ces derniers exemples illustrent comment la tôle ondulée peut être utilisée dans des cas très particuliers, et séduire même les plus sceptiques ou les plus réfractaires à ce type de revêtement. Ce bâtiment professionnel et résidentiel affiche d’entrée sa dualité : les propriétaires travaillent au rez-de-chaussée (ils sont scupteurs) et vivent à l’étage avec leurs deux enfants. Les rainures de la tôle, horizontales sur la partie basse, et verticales sur la partie haute, se font écho de cette partition en façade. Ce n’est peut-être qu’un détail, mais c’est assez marquant néanmoins.
Cette maison en Australie suit la pente du terrain incliné sur lequel elle est nichée. Les murs de tôle ne touchent que très rarement le sol : de minces pilotis soutiennent la structure légère au-dessus du sol. La structure principale et le cadre des fenêtres sont peints en orange et contrastent avec la tôle et les fenêtres horizontales beaucoup plus neutres. Entre sa conception et les matériaux qu’elle utilise, on pourrait aisément décrire cette maison comme « naturellement industrielle ».
Pour finir, cet article sur la tôle ondulée ne saurait être complet sans un exemple de baraquement de type abri Quonset. Ce projet en Caroline du Sud (la maison et le bureau d’architectes) a pris le parti d’incorporer dans sa construction un abri de la Seconde Guerre mondiale, plutôt que de le détruire. Cette partie de la structure, qui inclut le salon, la salle à manger et la cuisine, profite de grandes fenêtres qui adoucissent sont aspect hangar. Le choix de la peinture rouge pour la tôle ondulée aide également beaucoup à faire oublier son style utilitaire.