Suivez le Guide : Au royaume des objets conteurs
Dans cet appartement parisien, les objets parlent et racontent l’histoire de ses habitants
Jouons un peu. Imaginez-vous déambuler dans l’appartement de parfaits inconnus et tenter, à travers la décoration, les lectures, le mobilier, de déduire l’univers professionnel des habitants. Pas toujours simple, même pour les habitués des enquêtes du lieutenant Colombo. Dans le cas de Lucia et Michaël, heureux occupants de cet appartement du XXᵉ arrondissement parisien, soyez prévenus : il faut s’appeler Hercule Poirot pour y voir clair.
Il y a pourtant foule d’objets qui sont autant d’indices dans ce 50 m². Tous racontent une histoire, révèlent des passions et parfois un trait de personnalité de l’un de ces deux trentenaires. Ces éléments, chinés et collectés depuis des années, occupent tous une place précise, ne sont jamais assemblés au hasard. Malgré des époques et des styles différents, ils forment un ensemble cohérent qui donne tout son caractère à ce lumineux appartement classique des années 70, agencé et rénové efficacement.
Posons donc les yeux un peu partout. Écoutons la voix de Lucia et Michaël autour d’un bon thé sucré. Ils aiment recevoir, mettre à l’aise, raconter leurs objets, et ils en parlent bien. On cultive ici avec humour un esprit davantage Nadine de Rothschild, la célèbre reine des bonnes manières, que PSG-OM. Mais au fait, que font-ils dans la vie ?
Coup d’œil
Emplacement : XXᵉ arrondissement de Paris
Superficie : 50 m²
Qui habite ici : Lucia et Michaël
Photos : Antoine Chesnais © 2016 Houzz
Il y a pourtant foule d’objets qui sont autant d’indices dans ce 50 m². Tous racontent une histoire, révèlent des passions et parfois un trait de personnalité de l’un de ces deux trentenaires. Ces éléments, chinés et collectés depuis des années, occupent tous une place précise, ne sont jamais assemblés au hasard. Malgré des époques et des styles différents, ils forment un ensemble cohérent qui donne tout son caractère à ce lumineux appartement classique des années 70, agencé et rénové efficacement.
Posons donc les yeux un peu partout. Écoutons la voix de Lucia et Michaël autour d’un bon thé sucré. Ils aiment recevoir, mettre à l’aise, raconter leurs objets, et ils en parlent bien. On cultive ici avec humour un esprit davantage Nadine de Rothschild, la célèbre reine des bonnes manières, que PSG-OM. Mais au fait, que font-ils dans la vie ?
Coup d’œil
Emplacement : XXᵉ arrondissement de Paris
Superficie : 50 m²
Qui habite ici : Lucia et Michaël
Photos : Antoine Chesnais © 2016 Houzz
Lucia a emménagé seule dans cet appartement il y a cinq ans. Elle y installe ses premiers éléments de décoration, diffuse sa personnalité aux murs, fraîchement blanchis par Evelyne, la propriétaire des lieux. Elle rencontre Michaël lors d’un réveillon du Nouvel An. La soirée se termine à sept ou huit camarades au petit matin, chez Lucia. Michaël est de la partie. « En regardant l’appartement, j’ai réalisé que ça prolongeait ce qu’on s’était dit quand je l’ai rencontrée », se souvient Michaël. « Je me suis dit : “Elle a l’air passionnante.” » Ils s’échangent les numéros sur le pas de la porte, se rappellent, et trois mois plus tard, le jeune homme ajoute son nom sur la boîte aux lettres.
Oui, il s’agit bien d’un ananas. Un Mauro Manetti de 1960, plus exactement. Il est, sans mauvais jeu de mots, le fruit d’une longue quête de sa fière propriétaire. « J’ai eu ma période ananas. J’ai chassé l’ananas », sourit Lucia. « J’aime bien les trucs exotiques. Je ne sais pas d’où ça vient. J’avais cet ananas Manetti en tête. Mais ça coûte cher, ça ne s’achète pas en un coup. » Alors Lucia se met à arpenter les vide-greniers. Elle achète pour pas cher toutes sortes d’ananas en laiton. Puis elle les revend, avec parfois de jolies plus-values, et finit par réunir le budget suffisant pour s’offrir le modèle de ses rêves.
A côté, deux vases Fat Lava. « Ils ont été produits en Allemagne », explique Lucia. « C’est typique de ce pays. On peut les reconnaître parce qu’ils sont numérotés d’une certaine façon. Ça reprend la lave d’un volcan. » Car en plus des ananas, Lucia avoue aussi une passion pour la céramique. Et ce n’est pas fini.
A côté, deux vases Fat Lava. « Ils ont été produits en Allemagne », explique Lucia. « C’est typique de ce pays. On peut les reconnaître parce qu’ils sont numérotés d’une certaine façon. Ça reprend la lave d’un volcan. » Car en plus des ananas, Lucia avoue aussi une passion pour la céramique. Et ce n’est pas fini.
Il y a d’abord la table en Formica (une exigence de Michaël). Fini les dîners en vrac, plié en deux sur une table basse, le couple y prend désormais tous ses repas. « Cette table a marqué notre passage dans la vie d’adulte. On a pris dix ans dans la figure », sourit Lucia.
Derrière, l’Immaculée Conception diffuse sa sérénité au salon. Cette gravure tient une place particulière dans les collections du couple. « C’est mon premier achat », confie Lucia. « Il s’agit d’une reproduction du musée Goupil à Bordeaux, ville dont je suis originaire. Je l’ai achetée à 19 ans, chez Emmaüs. Elle est bienveillante, elle nous surveille mais gentiment. J’ai beaucoup de pièces religieuses alors que je ne pratique pas du tout. Les icônes me fascinent. Je ne sais pas pourquoi. »
Derrière, l’Immaculée Conception diffuse sa sérénité au salon. Cette gravure tient une place particulière dans les collections du couple. « C’est mon premier achat », confie Lucia. « Il s’agit d’une reproduction du musée Goupil à Bordeaux, ville dont je suis originaire. Je l’ai achetée à 19 ans, chez Emmaüs. Elle est bienveillante, elle nous surveille mais gentiment. J’ai beaucoup de pièces religieuses alors que je ne pratique pas du tout. Les icônes me fascinent. Je ne sais pas pourquoi. »
Entourée d’un vase garni de lys et d’un chandelier Schneider, cette statue, figure classique des années 30, a été rebaptisée Jean Cocteau. Elle a aussi son histoire. « Elle représente un pêcheur levant son filet, très années 30. C’est un moulage signé et numéroté. Ce qui n’est pas logique pour un plâtre, car seuls les bronzes, matière noble, le sont », explique Lucia. « Après moult recherches, nous en avons conclu que c’était un rescapé. Un moule utilisé pour couler les pièces en bronze qui n’aurait pas été brisé comme cela aurait dû être le cas. Il a peut-être été conservé par un artisan ou un ouvrier qui souhaitait garder une trace de son travail. »
Le salon, son mélange des genres et sa multitude de détails… Pour expliquer son goût pour la collection, Lucia avance la thèse de l’histoire familiale. « Ma famille est une famille de militaires. Ma grand-mère a tellement voyagé à l’étranger avec ses cantines qu’il n’y a pratiquement plus rien. Quand elle a perdu son mari, elle a eu besoin de tout bazarder. Il ne nous reste donc que très peu de souvenirs. Avec ma mère, nous avons développé la même passion. On passe nos vies à essayer de retrouver ce qui a été perdu. On est capable de se lever à 4 heures du mat’ pour faire un vide-greniers. »
La bête à poils qui trône sur la bibliothèque s’appelle Aménophis. Elle (car il s’agit d’une dame) a été achetée, ou plutôt recueillie, par la mère de Lucia dans un vide-greniers. Avant qu’elle ne décide de s’en séparer. « Elle a toujours été là. C’est un peu la tête de proue de l’appartement. Elle nous regarde, elle est sympa », confie Michaël.
On trouve un peu de tout dans la bibliothèque du couple, qui dévoile l’une de ses astuces voyage : les Vuitton City Guides. « On les a pratiquement tous », explique Lucia. « Ils ont une manière romantique d’aborder les voyages. À Londres, par exemple, le guide propose des flâneries urbaines pour découvrir la ville à pied. Nous avions suivi celui appelé « au fil de l’eau ». On a fait une sieste dans un parc au milieu des jonquilles, en face de Buckingham Palace. Un super souvenir. »
Un autre des centres d’intérêt de Lucia : l’entomologie et ces boîtiers de papillons qui garnissent la bibliothèque. « Je les ai achetés dans une boutique rue du Bac. Les boîtiers sont faits à la main. J’aime leur couleur. Les amis ont aussi surfé sur la vague entomologie et, pendant un temps, ne m’offraient plus que ça ! »
A priori, nous sommes en présence d’un pot à sangria classique, juché sur un tabouret en bois. Rien à signaler au sujet de cet objet récupéré dans une brocante, si ce n’est que le pot en question, que Lucia pensait en verre, est en réalité en cristal. Et selon l’éclairage qui lui est prodigué, change de couleur. Une propriété « caméléon » fascinante appelée en langage savant thermochromisme. « Ça nous a fait plusieurs soirées avec les amis », sourit Lucia.
Transparentes comme les chaises, ces tables basses proviennent d’une boutique de design dans le XIᵉ arrondissement. Un choix pas totalement innocent. « On vit dans un petit espace », rappelle Lucia. « On ne peut pas se permettre d’accumuler les choses. On a donc beaucoup d’objets transparents. »
Le cadre du fond possède une histoire intéressante. Il représente Lucia, le visage caché par un ouvrage de Nadine de Rothschild. Pourquoi cette mise en scène ? Il s’agit d’un cliché réalisé par la photographe Martyna Pawlak dans le cadre de l’exposition « Following » au musée de l’Élysée à Lausanne. Son principe : sélectionner des comptes sur Twitter dont les auteurs se prêtent à une sorte de jeu de rôles, tels Lucia et son compte @NadineBonheur. L’idée était ensuite de mettre en lumière les différences et les convergences entre les identités choisies sur Twitter et ce que l’on est dans la réalité.
« J’étais Nadine de Rothschild par pur second degré. Comme elle, je suis plutôt carrée », raconte Lucia. « C’est la première fois que quelqu’un est entré dans mon appartement pour voir si la manière dont je m’exprimais et l’humour que je pouvais avoir étaient en lien avec Nadine, la reine des bonnes manières. Je suis consciente de mes obsessions. Bien recevoir, c’est vraiment une obligation pour moi. Que les gens soient bien reçus, que tout le monde discute avec tout le monde, soit à l’aise… J’ai des exigences par rapport à ma prestation. Pas celle des invités. D’où vient ce goût pour Nadine ? Il est là depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. »
« J’étais Nadine de Rothschild par pur second degré. Comme elle, je suis plutôt carrée », raconte Lucia. « C’est la première fois que quelqu’un est entré dans mon appartement pour voir si la manière dont je m’exprimais et l’humour que je pouvais avoir étaient en lien avec Nadine, la reine des bonnes manières. Je suis consciente de mes obsessions. Bien recevoir, c’est vraiment une obligation pour moi. Que les gens soient bien reçus, que tout le monde discute avec tout le monde, soit à l’aise… J’ai des exigences par rapport à ma prestation. Pas celle des invités. D’où vient ce goût pour Nadine ? Il est là depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. »
Surprise, dans cette cuisine, pas d’étagère spéciale « ananas ». « Je les aime, mais j’en mange peu », s’amuse Lucia. C’était sans compter sur les tomates ananas, les préférées de la jeune femme, que l’on retrouve à côté des cornichons de la grand-mère du Périgord et du vinaigre maison. Ouf !
Épicurien et cordon bleu, le couple consacre chaque jour du temps à la cuisine. Michaël est un habitué des marchés et des commerçants du quartier. Il avoue une préférence pour les rôtis sucrés-salés, les plats qui mijotent dans les cocottes en fonte et les omelettes aux cèpes.
Épicurien et cordon bleu, le couple consacre chaque jour du temps à la cuisine. Michaël est un habitué des marchés et des commerçants du quartier. Il avoue une préférence pour les rôtis sucrés-salés, les plats qui mijotent dans les cocottes en fonte et les omelettes aux cèpes.
Fidèle à son goût du mélange, le couple a assemblé une vaisselle hétéroclite. « La vaisselle vient de partout, elle n’est pas accordée », explique Lucia. « Tout doit être un plaisir. Quand je rentre, j’ai envie que tout soit chouette. Que tout soit réconfortant. Jusqu’aux assiettes. On a très peu d’électroménager. On fait tout à la main. »
Sous l’œil d’une reproduction de Klimt, la chambre et ses attributs classiques : le vaste dressing, les tiroirs sous le lit, les lampes Ikea et deux tables de chevet qui racontent de belles histoires.
Ici, le côté de Michaël. « Cette table appartenait à ma grand-tante. Elle lisait énormément, elle mettait ses bouquins, ses journaux dans la boîte », raconte le jeune homme. « Ce meuble me rappelle cette vieille dame chez qui on allait une ou deux fois par an. »
Ici, le côté de Michaël. « Cette table appartenait à ma grand-tante. Elle lisait énormément, elle mettait ses bouquins, ses journaux dans la boîte », raconte le jeune homme. « Ce meuble me rappelle cette vieille dame chez qui on allait une ou deux fois par an. »
Là, le côté Lucia. La table de nuit est en réalité un marchepied de bibliothèque. En chêne, il accueille une boîte à bijoux, un cadre des grands-parents et une aquarelle peuplée de pins parasols qui rappellent à la jeune femme son Sud-Ouest.
La terrasse est un « lieu de vie à part entière ». Le couple s’y prélasse au moindre rayon de soleil, laisse la baie vitrée ouverte pendant les beaux jours. Il y exerce même sa main verte. « On y a cultivé des légumes. J’ai fait des piments », confie Lucia. « On a un citronnier qui n’a jamais fait de citrons. Des sauges, parce que ça sent bon. On parle à nos plantes, on leur frotte les feuilles. On y a aussi installé des éléments de déco. »
Comment Michaël et Lucia voient-ils leur futur cocon ? « Avec un peu plus de bois et de matières chaudes ». Michaël rêve d’un service à whisky, de ceux qui ont traversé les décennies dans les clubs de la haute société londonienne. Ils emporteront leurs objets avec eux, notamment cet ordinateur. Car, vous l’avez remarqué, la technologie, iPads et autres « devices » sont très peu présents dans l’appartement.
Une originalité de plus pour ce couple de « Digital Natives » qui œuvrent dans la vidéo et le social media. L’auriez-vous deviné au cours de cette visite ?
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cet appartement ?
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Une originalité de plus pour ce couple de « Digital Natives » qui œuvrent dans la vidéo et le social media. L’auriez-vous deviné au cours de cette visite ?
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