Suivez le Guide : Un jardin historique renaît à Eltham Palace
Ce jardin anglais classique mêle vestiges médiévaux et design des années 1930
Lorsque Stephen et Virginia Courtauld s’installent à Eltham Palace en 1933, ils entreprennent d’offrir à cette demeure du XVᵉ siècle, patrimoniale, mais délabrée, une rénovation de style Art déco à la mode de l’époque. Le couple, tous deux passionnés de jardinage, a adopté la même approche pour le jardin qui recouvre huit hectares de leur nouvelle propriété. L’ensemble est aujourd’hui géré par l’English Heritage.
Christopher Weddell, conseiller principal en matière de jardins à l’English Heritage, a échangé avec nous quelques propos sur la foisonnante histoire et le design des impressionnants jardins d’Eltham, dans lesquels on peut apercevoir, aujourd’hui encore, certains éléments datant de l’époque où Henry VIII vivait au palais.
Christopher Weddell, conseiller principal en matière de jardins à l’English Heritage, a échangé avec nous quelques propos sur la foisonnante histoire et le design des impressionnants jardins d’Eltham, dans lesquels on peut apercevoir, aujourd’hui encore, certains éléments datant de l’époque où Henry VIII vivait au palais.
Lorsque les Courtauld s’installent à Eltham dans les années 1930, ils conçoivent des portions du nouveau jardin autour d’un certain nombre de vestiges médiévaux et Tudor préexistants, dont le Great Hall datant du XVᵉ siècle et aujourd’hui classé édifice d’un intérêt exceptionnel. On le voit ci-dessus à gauche.
Tout en conservant ces fragments anciens, dont les murets médiévaux des douves (photo ci-dessus), les contreforts ainsi que les vestiges d’un système d’égouts Tudor, les Courtauld ont créé un nouvel aménagement et ajoutent plusieurs éléments en vogue à l’époque, dont des « salons-jardin », des espaces clos entourés d’arbres ou d’arbustes, et une rocaille.
« Stephen s’intéressait aux plantes alpines », raconte Christopher Weddell, conseiller principal en matière de jardins à l’English Heritage et responsable de la récente restauration de la rocaille. « Cela lui rappellerait, ainsi qu’à ses collègues d’escalade, les plantes qu’ils voyaient lors de leurs balades en montagne. »
« Stephen s’intéressait aux plantes alpines », raconte Christopher Weddell, conseiller principal en matière de jardins à l’English Heritage et responsable de la récente restauration de la rocaille. « Cela lui rappellerait, ainsi qu’à ses collègues d’escalade, les plantes qu’ils voyaient lors de leurs balades en montagne. »
La vue sur une allée circulaire qui se déploie à l’arrière de la résidence révèle le Great Hall, classé édifice d’un intérêt exceptionnel. On l’aperçoit sur la droite de la photo. Sa construction remonte aux années 1470. Tout à côté, se trouve la résidence construite par les Courtauld dans les années 1930.
L’arbre est un tilleul. « Nous avons des photos où on peut l’apercevoir tout jeune, du temps des Courtauld », explique Christopher Weddell. « Ici, il existe un lien évident entre le style de la résidence et celui des jardins », poursuit-il. « Le tilleul s’aligne avec la cascade de la rocaille de l’autre côté de la résidence. Il y a un axe de symétrie. Si des portes à l’avant et à l’arrière s’ouvraient en même temps, on aurait une vue traversante jusqu’à la cascade. »
L’arbre est un tilleul. « Nous avons des photos où on peut l’apercevoir tout jeune, du temps des Courtauld », explique Christopher Weddell. « Ici, il existe un lien évident entre le style de la résidence et celui des jardins », poursuit-il. « Le tilleul s’aligne avec la cascade de la rocaille de l’autre côté de la résidence. Il y a un axe de symétrie. Si des portes à l’avant et à l’arrière s’ouvraient en même temps, on aurait une vue traversante jusqu’à la cascade. »
Ce mur et le magnolia font face à la rocaille (comme on le voit sur la photo suivante). « Nous savons que les Courtauld cultivaient des magnolias. Le plus grand n’est plus qu’une souche sur laquelle poussent encore quelques branches. L’arbre se développait contre le mur du Great Hall et aurait pu endommager la salle historique. Le magnolia qu’on voit a été planté à l’époque de l’agence des Parcs royaux, après le départ des Courtauld », précise l’horticulteur.
Les modifications apportées au temps des Courtauld – une époque que les travaux de restauration de l’English Heritage tentent de refléter – comptent un agrandissement des douves, le jardin triangulaire (une série de platebandes géométriques éventuellement utilisées pour la culture des herbes et situées près des cuisines) et la roseraie en contrebas. « Virginie adorait les roses », souligne Christopher Weddell. « Il y a eu une nommée en son honneur après son départ pour l’Afrique. Elle achetait des roses d’Irlande du Nord à Sam McGredy à Portadown, l’un des plus grands fournisseurs en vogue à l’époque. »
Le couple mondain a également fait construire une piscine, des courts de tennis et des serres pour les orchidées de monsieur. « Stephen aimait beaucoup les orchidées, une de ses préférées portait d’ailleurs le nom de sa femme », ajoute le jardinier. « Ses spécimens ont déjà remporté des prix de la Royal Horticultural Society. » Une portion des serres abrite maintenant l’espace d’accueil des visiteurs et un café. Les autres sont encore fonctionnelles et utilisées par l’équipe de jardiniers. Les courts de tennis sont devenus une aire de jeu et, alors que la piscine a été comblée dans les années 1960, des haies marquent encore son emplacement.
Les modifications apportées au temps des Courtauld – une époque que les travaux de restauration de l’English Heritage tentent de refléter – comptent un agrandissement des douves, le jardin triangulaire (une série de platebandes géométriques éventuellement utilisées pour la culture des herbes et situées près des cuisines) et la roseraie en contrebas. « Virginie adorait les roses », souligne Christopher Weddell. « Il y a eu une nommée en son honneur après son départ pour l’Afrique. Elle achetait des roses d’Irlande du Nord à Sam McGredy à Portadown, l’un des plus grands fournisseurs en vogue à l’époque. »
Le couple mondain a également fait construire une piscine, des courts de tennis et des serres pour les orchidées de monsieur. « Stephen aimait beaucoup les orchidées, une de ses préférées portait d’ailleurs le nom de sa femme », ajoute le jardinier. « Ses spécimens ont déjà remporté des prix de la Royal Horticultural Society. » Une portion des serres abrite maintenant l’espace d’accueil des visiteurs et un café. Les autres sont encore fonctionnelles et utilisées par l’équipe de jardiniers. Les courts de tennis sont devenus une aire de jeu et, alors que la piscine a été comblée dans les années 1960, des haies marquent encore son emplacement.
La rocaille se compose de calcaire de Westmorland. « C’est aujourd’hui une pierre protégée », explique Christopher Weddell, « en raison justement de son exploitation dans les années 1930 où elle était très à la mode pour l’aménagement de jardins comme celui-ci. »
Dans cette perspective de la rocaille, on aperçoit l’endroit où se jette la cascade susmentionnée sur le côté droit de la photo.
En visitant la demeure, on trouve l’ouvrage sur les jardins de pierre de Reginald Farrier déposé sur la table de chevet de Stephen Courtauld. « On en trouve encore des exemplaires vendus en ligne », ajoute le jardinier.
En visitant la demeure, on trouve l’ouvrage sur les jardins de pierre de Reginald Farrier déposé sur la table de chevet de Stephen Courtauld. « On en trouve encore des exemplaires vendus en ligne », ajoute le jardinier.
Voici le jardin triangulaire. « On a pu voir sa structure de brique à partir de photos aériennes prises au temps des Courtauld », explique Christopher Weddell. « Il semblerait que l’emplacement du jardin date de l’époque du couple, mais il est toutefois difficile de deviner ce qui avait été planté là. »
En raison de sa proximité avec l’aile de service et les cuisines, l’English Heritage a choisi d’y planter des herbes, en présumant que l’espace aurait pu être un potager. « Nous estimions également que les herbes aromatiques contribueraient à préserver la géométrie », poursuit-il.
En raison de sa proximité avec l’aile de service et les cuisines, l’English Heritage a choisi d’y planter des herbes, en présumant que l’espace aurait pu être un potager. « Nous estimions également que les herbes aromatiques contribueraient à préserver la géométrie », poursuit-il.
Sur cette photo du jardin triangulaire, on aperçoit des clématites grimpantes et des camélias le long des murs. « Elles reflètent encore une fois, la curiosité des Courtauld pour les végétaux », lance l’horticulteur. « Plutôt que d’opter pour un style uniforme, ils ont voulu un jardin audacieux et semblent avoir eu des goûts éclectiques. »
Certaines douves, qu’on aperçoit ici, sont encore remplies d’eau, alors que plus au sud, aménagées par Isabelle Van Groeningen avec une vaste platebande, elles ont été asséchées. Virginia Courtauld gardait des cygnes à cou noir de Patagonie dans ces douves.
Christopher Weddell affirme qu’on peut apercevoir, sur des images cinématographiques tournées dans cette partie du jardin, les Courtauld entourés de cerisiers, comme on les voit encore ici. Cependant, dit-il, la haie de lauriers, visible en arrière-plan, a été ajoutée après l’époque des Courtauld, au temps où l’agence des Parcs royaux utilisait les jardins comme école de formation pour les apprentis jardiniers. Le jardin des années 1930 a probablement bénéficié d’un aménagement moins formel planté de hautes graminées et d’arbres matures.
Christopher Weddell affirme qu’on peut apercevoir, sur des images cinématographiques tournées dans cette partie du jardin, les Courtauld entourés de cerisiers, comme on les voit encore ici. Cependant, dit-il, la haie de lauriers, visible en arrière-plan, a été ajoutée après l’époque des Courtauld, au temps où l’agence des Parcs royaux utilisait les jardins comme école de formation pour les apprentis jardiniers. Le jardin des années 1930 a probablement bénéficié d’un aménagement moins formel planté de hautes graminées et d’arbres matures.
Ici, on aperçoit les « salons-jardins », des zones entourées d’arbres souvent meublées d’un petit banc. Ils étaient très à la mode dans les années 1930. « Aujourd’hui, ils ont un peu trop poussé », lâche Christopher Weddell, « nous sommes en train de les restaurer. Nous avons récemment rétabli la pelouse de chaque côté du sentier. Les buissons de houx sont beaucoup plus grands que ce qu’ils étaient à l’époque des Courtauld. J’imagine qu’on les taillait pour marquer la limite des massifs formant les murs des salons-jardins. »
Quand on regarde au loin, les salons-jardins révèlent leur structure. « Au premier plan, on a des topiaires et des haies », explique l’horticulteur. Et la longue bordure d’Isabel Van Groeningen, fraîchement plantée au moment où les photographies ont été prises, est visible devant des haies de hêtre vieilles de plus de cent ans et soigneusement taillées de chaque côté du sentier central. Sur la gauche, on a un aperçu de la bordure d’euphorbe, une platebande colorée de végétaux où se trouvent également des géraniums, des delphiniums et des lupins.
Un autre élément que Christopher Weddell est impatient de voir restaurer est le jardin de topiaires si en vogue dans les années 1930. Les Courtauld en possédaient quelques-uns, ils prenaient la forme d’un coq, d’un ours debout sur ses pattes arrière ou d’un paon. « Mon ambition est de les faire renaître », affirme-t-il.
Un autre élément que Christopher Weddell est impatient de voir restaurer est le jardin de topiaires si en vogue dans les années 1930. Les Courtauld en possédaient quelques-uns, ils prenaient la forme d’un coq, d’un ours debout sur ses pattes arrière ou d’un paon. « Mon ambition est de les faire renaître », affirme-t-il.
On aperçoit ici, la jeune platebande ainsi qu’un détail intéressant et très ancien : la porte à droite est un vestige de ce qui était le système d’égouts du palais d’Henry VIII. Il relie les douves asséchées à la pelouse plus au sud.
À l’arrière-plan se trouve l’orangerie, avec une statue que les Courtauld avaient transportée à Eltham depuis leur maison de Londres (voir la photo suivante).
À l’arrière-plan se trouve l’orangerie, avec une statue que les Courtauld avaient transportée à Eltham depuis leur maison de Londres (voir la photo suivante).
La sculpture a été commandée en 1930 à Alfred Hardiman (1891-1949). Elle représente Saint-Georges. À l’origine, le bouclier et l’épée de bronze brillaient, mais depuis, ils se sont ternis. Les oiseaux sur le bouclier représentent ceux du Commonwealth britannique.
En contrebas de la statue se trouve la roseraie, où le jardinier espère restaurer les topiaires.
À une certaine époque, l’étang accueillait une réplique de la sculpture d’Andrea del Verrocchio, L’Enfant au dauphin, que Stephen Courtauld avait acheté Florence en 1925.
Hors cadre, sur la gauche, se trouvent les salons-jardins.
À une certaine époque, l’étang accueillait une réplique de la sculpture d’Andrea del Verrocchio, L’Enfant au dauphin, que Stephen Courtauld avait acheté Florence en 1925.
Hors cadre, sur la gauche, se trouvent les salons-jardins.
Une glycine s’enroule autour de six colonnes. Ces dernières avaient été sauvées lorsque la Banque d’Angleterre, fondée par Robert Taylor à la fin des années 1700, a été démolie vers 1925.
Le pont sur les douves sud a été reconstruit dans les années 1990 dans le même style que l’ouvrage que les Courtauld avaient commandé à John Seely et Paul Paget. Il repose sur les piliers de brique du XVIᵉ siècle.
« En avançant sur ce pont », précise Christopher Weddell, « on emprunte la même voie qu’Henri VIII quand il entrait au palais après avoir traversé le parc des chevreuils. »
ET VOUS ?
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Lire aussi :
Les astuces du maître incontesté des jardins anglais, Capability Brown
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« En avançant sur ce pont », précise Christopher Weddell, « on emprunte la même voie qu’Henri VIII quand il entrait au palais après avoir traversé le parc des chevreuils. »
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Qui habitait ici : Stephen et Virginia Courtauld, un couple de riches mondains, de 1933 à 1944
Superficie du jardin : 8 hectares
Emplacement : Eltham, sud-est de Londres, Angleterre
Designer : Isabelle Van Groeningen. Elle a créé une longue platebande de 90 mètres sur plus de 3 mètres de profondeur dans le secteur méridional des douves des jardins, dans le cadre du projet Contemporary Heritage Gardens en 2000. Thomas Mawson, architecte paysagiste des années 1930, et John Seely et Paul Paget, architectes modernistes de renom qui ont travaillé sur la propriété, ont également influencé le réaménagement instauré par les Courtauld.
Anecdote : L’histoire du site remonte au XIᵉ siècle. Une suite de monarques a possédé et rénové la propriété. Henry VIII y a passé une grande partie de son enfance et a chassé dans le parc autour des jardins.