Visites Privées
Visite Privée : L'art de réinventer le style bord de mer
À Saint-Trop', l'archi-décorateur Olivier Gay s'amuse à réécrire un décor méditerranéen inspiré de ses goûts éclectiques
Cette Visite Privée ne sera pas classique… Plus que les propriétaires des lieux et leur problématique de logement, c’est le choix de leur architecte-décorateur qui a éveillé notre curiosité. Ceux qui font appel à Olivier Gay appartiennent toujours au même cercle : des amateurs d’art avec un pied à Paris, Londres ou New York, et qui se retrouvent l’hiver à Courchevel ou Saint-Tropez. C’est par bouche-à-oreille qu’ils rencontrent Olivier et tissent souvent avec lui des relations d’amitié, tant son projet tend à accoucher de leurs secrets désirs. Rares sont d’ailleurs les one-shots car, lorsque ces chanceux propriétaires adhèrent au style détonnant d’Olivier, ils lui demandent bien souvent de réinventer leur hôtel particulier puis leur villégiature, leur chalet ou encore leurs bureaux. Aujourd’hui, nous vous emmenons faire un tour dans l’appartement de vacances d’un couple de Stéphanois, situé sur le port de Saint-Tropez, dans l’une de ces anciennes maisons de pêcheurs qui nous font tant rêver l’été quand nous jouons les touristes. Comme à chaque fois, Olivier Gay a tout cassé pour repartir d’une page blanche. Ensuite, tout serait question d’humour, d’art et de créativité.
Coup d’œil
Qui vit ici : C’est l’appartement de vacances d’un couple.
Emplacement : sur le port de Saint-Tropez
Livraison du projet : 2016
Superficie : 90 m²
Architecte d’intérieur et décorateur : Olivier Gay
Budget : « Je déteste parler d’argent et même mes clients ne parlent jamais de mes honoraires. L’important est de savoir que je ne suis pas délirant, que je choisis mes entreprises avec conscience et que je maîtrise mes coûts. Cela reste des projets onéreux, car les solutions employées sont rares et destinées à durer, comme de l’art », affirme le professionnel.
Crédit photos : Frenchie Cristogatin
Coup d’œil
Qui vit ici : C’est l’appartement de vacances d’un couple.
Emplacement : sur le port de Saint-Tropez
Livraison du projet : 2016
Superficie : 90 m²
Architecte d’intérieur et décorateur : Olivier Gay
Budget : « Je déteste parler d’argent et même mes clients ne parlent jamais de mes honoraires. L’important est de savoir que je ne suis pas délirant, que je choisis mes entreprises avec conscience et que je maîtrise mes coûts. Cela reste des projets onéreux, car les solutions employées sont rares et destinées à durer, comme de l’art », affirme le professionnel.
Crédit photos : Frenchie Cristogatin
Plan troisième étage
Ce préambule était nécessaire pour tenter de saisir un tant soit peu l’esprit qui a présidé à la création de cet appartement de vacances. En effet, si le plus souvent on frappe à la porte d’un architecte d’intérieur avec une problématique de réagencement d’espace, on choisit Olivier Gay pour son habileté à réenchanter n’importe quel lieu dans un style décalé, malicieux et éclectique.
Dans les faits, les propriétaires de ce 90 m² à Saint-Tropez détenaient déjà un petit appartement dans cet immeuble quand ils ont acquis la surface adjacente. À charge pour le pro de réunir ces deux appartements qui se composent de trois niveaux : le plateau principal, surplombé par un autre niveau plus petit, lui-même surmonté d’une mezzanine.
Ce préambule était nécessaire pour tenter de saisir un tant soit peu l’esprit qui a présidé à la création de cet appartement de vacances. En effet, si le plus souvent on frappe à la porte d’un architecte d’intérieur avec une problématique de réagencement d’espace, on choisit Olivier Gay pour son habileté à réenchanter n’importe quel lieu dans un style décalé, malicieux et éclectique.
Dans les faits, les propriétaires de ce 90 m² à Saint-Tropez détenaient déjà un petit appartement dans cet immeuble quand ils ont acquis la surface adjacente. À charge pour le pro de réunir ces deux appartements qui se composent de trois niveaux : le plateau principal, surplombé par un autre niveau plus petit, lui-même surmonté d’une mezzanine.
Plan de la mezzanine
Les propriétaires de cette villégiature — un couple ayant beaucoup voyagé — ne recherchaient pas un cadre à la mode, mais un univers intime, peuplé de leurs souvenirs de voyages, dans lequel ils puissent se sentir en vacances à peine le seuil franchi. Il fallait donc éviter ce qui pouvait, avec le temps, devenir daté. Selon Olivier : « La décoration répond à quelque chose d’universel. »
Les propriétaires de cette villégiature — un couple ayant beaucoup voyagé — ne recherchaient pas un cadre à la mode, mais un univers intime, peuplé de leurs souvenirs de voyages, dans lequel ils puissent se sentir en vacances à peine le seuil franchi. Il fallait donc éviter ce qui pouvait, avec le temps, devenir daté. Selon Olivier : « La décoration répond à quelque chose d’universel. »
Pour commencer à imaginer un cadre, il avoue que le contexte des lieux l’inspire : « Je classe mes réalisations en trois catégories “seaside, town, mountain” et tout part de là. » À charge pour lui de projeter sa propre fantaisie pour recréer ces univers éternels.
Une œuvre d’art est l’autre point de départ récurrent dans tous ses projets : « L’art est mon détonateur. Ici tout est parti du tableau de Valerie Hegarty, un bateau faisant naufrage, que j’ai acheté à New York. »
Une œuvre d’art est l’autre point de départ récurrent dans tous ses projets : « L’art est mon détonateur. Ici tout est parti du tableau de Valerie Hegarty, un bateau faisant naufrage, que j’ai acheté à New York. »
À la vue de cette toile à la fois classique et surréaliste avec son cadre et son sujet comme déformés par la tourmente, on imagine Olivier Gay en Rimbaud des temps modernes, convoquant sa propre vision du Bateau Ivre. Comme le poète créait en « se faisant voyant », en procédant par le « dérèglement de tous les sens », Olivier Gay avoue ne pas se coucher avant trois heures du matin, après avoir lu toute la presse mondiale de l’art, puis inventer ses décors à la faveur du calme de la nuit. Avec le blanc-seing des propriétaires, Olivier accumule ses visions qui entraînent les visiteurs dans une fête des sens : chien rouge comme les Indiens du poème, tortue au plafond tête en bas, gilet de sauvetage cravaté, girafe en voiture, portemanteau tête de mort… La pie trônant sur un crâne doré nous ramène quant à elle à l’univers de la Blanche Neige de Walt Disney tandis que, depuis sa niche dans le mur, la statuette de Saint-Tropez veille au grain. Pour l’anecdote, la graine dite « coco fesse » est la plus grosse du monde, celle du cocotier de mer Lodoicea maldivica. Elle peut peser jusqu’à 20 kg.
Il faut imaginer que le logement était vide quand le travail de décoration a commencé. La vision d’un appartement bord de mer s’est imposée sur un fond très blanc, à la manière des maisons cycladiques. Sur le plafond et l’armoire, un lambris composé de tuteurs de châtaignier, patinés en blanc, fait un clin d’œil aux palissades dites « ganivelles » qui bordent les dunes de l’Atlantique.
Chien rouge par William Sweetlove ; Portemanteau par Pucci de Rossi ; Gilet de sauvetage Titanic (Windsor), par David Ancelin ; Tortues et graine de coco fesse ramenées des Seychelles par les propriétaires du temps où c’était permis
Il faut imaginer que le logement était vide quand le travail de décoration a commencé. La vision d’un appartement bord de mer s’est imposée sur un fond très blanc, à la manière des maisons cycladiques. Sur le plafond et l’armoire, un lambris composé de tuteurs de châtaignier, patinés en blanc, fait un clin d’œil aux palissades dites « ganivelles » qui bordent les dunes de l’Atlantique.
Chien rouge par William Sweetlove ; Portemanteau par Pucci de Rossi ; Gilet de sauvetage Titanic (Windsor), par David Ancelin ; Tortues et graine de coco fesse ramenées des Seychelles par les propriétaires du temps où c’était permis
De la salle à manger, le regard file dans la cuisine jusqu’à la chambre d’amis. Si Olivier gay se régale comme décorateur, il n’en est pas moins architecte pragmatique : il a aménagé telle une cuisine-couloir l’ancien passage entre les deux appartements afin de rendre traversantes et lumineuses les deux surfaces réunies. La cuisine de forme couloir est une bonne idée car elle est de loin la plus pratique à l’usage et il était facile de lui accorder de la lumière en vitrant la porte côté chambre et en laissant ouvert le passage vers la salle à manger.
Devenue l’armature de cet appartement, la cuisine devait elle aussi surprendre par son style : « J’ai eu envie de faire comme si on avait gratté les murs et retrouvé cet ancien décor. Je ne suis pas marqué par une typologie particulière et pour moi un chantier est réussi si l’on a l’impression qu’un architecte d’intérieur n’est pas intervenu. Ici, je voulais réécrire l’histoire d’une maison de pêcheurs, faire comme si elle était dans son jus », affirme-t-il. Au programme, une façade blanche en bois patiné et l’autre noire, pour évoquer le yin et le yang, des carreaux de ciment au sol et des « tins » au plafond, ces dalles en métal embouti caractéristiques des anciennes demeures new-yorkaises.
Devenue l’armature de cet appartement, la cuisine devait elle aussi surprendre par son style : « J’ai eu envie de faire comme si on avait gratté les murs et retrouvé cet ancien décor. Je ne suis pas marqué par une typologie particulière et pour moi un chantier est réussi si l’on a l’impression qu’un architecte d’intérieur n’est pas intervenu. Ici, je voulais réécrire l’histoire d’une maison de pêcheurs, faire comme si elle était dans son jus », affirme-t-il. Au programme, une façade blanche en bois patiné et l’autre noire, pour évoquer le yin et le yang, des carreaux de ciment au sol et des « tins » au plafond, ces dalles en métal embouti caractéristiques des anciennes demeures new-yorkaises.
La chambre d’amis a elle aussi été composée autour d’un tableau aux couleurs vives représentant des Tahitiennes, ramené par les propriétaires d’un de leurs nombreux voyages. Il est posé sur le mur en tête de lit, traité en lambris afin de rappeler les cabanes de plage. Des rideaux, au décor exotique, privatisent la chambre de la cuisine au besoin. Ils n’ont pas été choisis pour s’assortir au tableau, bien au contraire : « J’abhorre les camaïeux et les coordonnés. Je privilégie le fouillis, j’aime quand ça choque l’œil », affirme Olivier, amusé de désarçonner les réflexes déco convenus.
Tableau par Francky Boy et Tristan
Tableau par Francky Boy et Tristan
Même si l’espace paraît simple, le travail des équipes est très important, basé sur l’artisanat. On ne le voit pas sur ce visuel, mais les murs de la chambre sont travaillés entièrement en enduit et ressemblent au sable cranté des jardins zen : « Ils ont été ratissés à la main afin de créer ces dessins en relief, comme des vagues. Les plafonds en tuteurs sont également très difficiles à créer. Ils sont patinés, puis assemblés un à un et arrimés solidement au plafond grâce à une armature », décrypte Olivier.
À l’étage supérieur, la chambre des propriétaires est surplombée par une mezzanine aménagée en bureau. Sur le palier, trois objets à l’assemblage impromptu témoignent du talent de l’architecte d’intérieur pour interpeller le visiteur : une chaise comme sortie du musée des arts premiers et une lithographie contemporaine doublée par une statuette en marbre qui en reprend son exact motif.
Lithographie et statuette par Steven Harrington
Lithographie et statuette par Steven Harrington
La lithographie annonce les couleurs de la chambre : du vert et du bleu comme la mer, entourés d’écume blanche.
Un grand dressing en bois avec des portes persiennes rappelle pour sa part le mobilier tropical.
Quand on demande à Olivier Gay de conclure en nous livrant le secret de la réussite, il répond : « Je ne travaille que de manière artisanale et confidentielle, je ne prends que les projets dont j’ai réellement envie, ce qui est un vrai luxe. Je suis présent le plus souvent possible sur les quelques chantiers dont je m’occupe par an, ce qui me prend un temps dingue, à parler avec mes clients et comprendre leurs besoins et envies et aussi dans les transports, de Paris à Londres, de Courchevel à Saint-Trop’. Ce n’est pas évident tous les jours, mais pouvoir inventer des univers autour de pièces d’art de qualité, sans la contingence d’un budget limité, c’est ma passion, ma raison d’être. »
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Olivier Gay se présente comme un architecte-décorateur, titre qui annonce d’emblée son atypisme. Quand on connaît les habitudes françaises, un architecte est rarement décorateur, aussi bien que l’inverse car, en France, les deux disciplines s’étudient de manière très cloisonnée. Mais Olivier s’est rodé à l’aménagement d’intérieur dès ses études d’architecture, traçant ainsi sa propre voie. Il a également cultivé l’amour de l’art depuis son plus jeune âge.
Aujourd’hui, en parallèle de son principal travail de création en architecture intérieure, Olivier continue à se passionner pour l’art, en particulier contemporain. « Je suis collectionneur, j’achète beaucoup et j’ai la chance d’avoir des clients qui me suivent. Je leur fais découvrir des artistes qu’ils achètent et je place chez eux les œuvres en contexte, ce qu’ils apprécient. Je suis l’actualité de nombreuses galeries et cela nourrit intimement ma créativité. »