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Architecture
Architecture : Un atelier d’artiste « double face » en Bretagne
Derrière la rugosité des pierres anciennes, la lumière et la douceur
1666. Louis XIV règne depuis déjà 23 ans sur le royaume de France et vient d’amorcer la transformation de ce qui n’était qu’un domaine de chasse en ce qui deviendra le château de Versailles. Colbert crée l’académie de France à Rome, Molière met en scène son Misanthrope. Et dans le lieu-dit Kergudon, au cœur du Finistère, commence la construction d’une bâtisse dont les murs épais tiennent toujours debout près de 350 ans plus tard, malgré la pluie et le vent d’ouest. Pendant des siècles, cette grange a abrité les bêtes plutôt que les hommes : on y trouvait des mangeoires, de la paille et un sol en terre. Dans ses dernières années, à l’état brut, elle fit même office de poulailler et de bric-à-brac.
En 2013, le propriétaire, désormais à la retraite et installé dans le corps de ferme voisin, entreprend de transformer la grange en atelier d’artiste pour s’y adonner à ses passions du dessin et de la gravure. Il fait appel aux architectes Monique Bastos et Gwendal Hervé de l’agence Modal architecte pour réinventer un espace sombre en un antre lumineux et ouvert sur le jardin. Une seule exigence : conserver intact l’extérieur de la bâtisse pour conserver son identité. L’intérieur par contre devient une pièce fonctionnelle, éclairée par ses ouvertures et ses murs blancs. D’où une dimension double face entre extérieur et intérieur. Les artisans locaux sont mis à contribution et les travaux s’achèvent en juin 2014 pour enfin accueillir la fameuse presse nécessaire à la gravure. Trois siècles et demi après la construction de l’édifice, une nouvelle vie peut commencer.
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple
Emplacement : commune de Sizun, dans le département du Finistère
Superficie : 30 m²
Durée des travaux : un an (fin des travaux en juin 2014)
En 2013, le propriétaire, désormais à la retraite et installé dans le corps de ferme voisin, entreprend de transformer la grange en atelier d’artiste pour s’y adonner à ses passions du dessin et de la gravure. Il fait appel aux architectes Monique Bastos et Gwendal Hervé de l’agence Modal architecte pour réinventer un espace sombre en un antre lumineux et ouvert sur le jardin. Une seule exigence : conserver intact l’extérieur de la bâtisse pour conserver son identité. L’intérieur par contre devient une pièce fonctionnelle, éclairée par ses ouvertures et ses murs blancs. D’où une dimension double face entre extérieur et intérieur. Les artisans locaux sont mis à contribution et les travaux s’achèvent en juin 2014 pour enfin accueillir la fameuse presse nécessaire à la gravure. Trois siècles et demi après la construction de l’édifice, une nouvelle vie peut commencer.
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple
Emplacement : commune de Sizun, dans le département du Finistère
Superficie : 30 m²
Durée des travaux : un an (fin des travaux en juin 2014)
En opposition à un aspect extérieur totalement préservé, l’intérieur a subi une transformation radicale. « On a procédé à un projeté de chaux et de ciment dans les murs pour garantir un maximum d’étanchéité à l’intérieur », indique Gwendal. « Mais l’atelier continue de respirer. C’est vraiment comme une coque à l’intérieur de ces gros murs de pierre. »
Dans cette unique pièce, l’artiste s’adonne principalement à deux activités : le dessin et la gravure. Une première zone, lumineuse, avec une double ouverture, accueille donc le dessin. « Le mobilier est un peu plus bas pour pouvoir s’asseoir et dessiner, écrire et se concentrer davantage vers le jardin », explique Gwendal.
Plus haut, le plan de travail lié au pignon sculpté et au point d’eau est adapté à une position debout et sert au travail de la gravure. La tablette, qui supporte des cadres au niveau de la partie dessin, est située à la même hauteur que le plan de travail « gravure ». Elle offre ainsi une harmonie d’alignement au niveau des hauteurs du mobilier.
Une dalle a été coulée au sol, recouverte d’une peinture de parking gris clair à la vocation double : donner un aspect brut à l’espace et résister à tout ce qui pourrait lui tomber dessus.
Inutile de le nier, dans le Finistère en hiver, on souffre plus du froid que du soleil… Une rudesse de climat qui a imposé un gros travail d’isolation afin de permettre à l’artiste de travailler confortablement lorsque le thermomètre plonge. L’épaisseur d’isolation des murs est de 15 centimètres, celle du toit de 20 centimètres. Un radiateur d’appoint se promène dans la pièce.
Le rangement a été concentré d’un seul côté de la pièce. Il s’inscrit lui aussi dans la tradition du patrimoine régional. « Nous nous sommes inspirés de ce qui pouvait se faire dans le mobilier ajouré des lits-clos bretons », explique Gwendal. « Ces grosses armoires étaient le plus souvent conçues avec un travail de sculpture du bois. Nous avons donc choisi de travailler le bois de manière sculptée. Et ajourée, pour reprendre le vocabulaire local. Avec le bois, on apporte quelque chose d’assez massif. Le motif donne un effet de sculpture sur les portes et le mobilier. On l’a répété pour apporter du dynamisme et un côté plus ludique. »
Que se cache-t-il dans les rangements ? Du matériel, des carnets de croquis et un peu de tout ce qui peut être utile à l’artiste. Une part des placards cache une hotte d’aspiration, indispensable au travail de la gravure, qui nécessite l’utilisation de produits chimiques. Le point d’eau répond lui aussi à des besoins pratiques comme le nettoyage des plaques ou le travail des encres.
Les plans de travail et les rangements sont en contreplaqué de bouleau, choisi pour sa clarté et sa chaleur, sur lequel a été apposé un vernis incolore.
La vieille porte en bois a été conservée et renforce la discrétion de la bâtisse pour l’œil extérieur. De quoi surprendre aussi un peu plus le visiteur lorsqu’il pénètre dans l’atelier.
L’atelier n’est pas réservé au seul usage de l’artiste. Il répond également à la volonté de créer un lieu de rencontre et de passage. Le bâtiment a ainsi été intégré au programme des dernières Journées du Patrimoine par le parc naturel d’Armorique.
Il sert aussi parfois de lieu d’exposition. Un pan entier de mur blanc a ainsi été laissé libre pour accrocher et suspendre des œuvres.
Il suscite également la curiosité des habitants des alentours, qui viennent y puiser l’inspiration pour leurs propres aménagements.
Il sert aussi parfois de lieu d’exposition. Un pan entier de mur blanc a ainsi été laissé libre pour accrocher et suspendre des œuvres.
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La mangeoire et la paille appartiennent désormais à un autre temps…
ET VOUS ?
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« On l’a laissé tel quel », explique Gwendal Hervé. « On a procédé à une seule ouverture, celle de la fenêtre carrée sur le pignon. Elle a été maçonnée à l’ancienne par les artisans du village. Les menuiseries sont noires à l’extérieur pour être intégrées à la couleur de la pierre. »
Orientée vers l’ouest et le jardin, elle accueille la lumière de l’après-midi, jusqu’au crépuscule.