Architecture
Archi Houzz
États-Unis
Architecture : Une maison texane entre tradition et modernité
Cette maison effilée, située sur les hauteurs d’El Paso, raconte à sa manière l’histoire et le style de la région
Des montagnes, un profond canyon, des couchers de soleil à couper le souffle, les lumières de la ville mexicaine de Ciudad Juarez : autant de délices à savourer depuis cette maison texane. Et c’est sans parler du spectacle des buses à queue rousse, des aigles royaux, cerfs et lapins, qui sont ici chez eux. Perchée à près de 1600 mètres d’altitude, la demeure appartient au paysage. Un détail rappelle l’intervention de l’homme : la partie de la maison projetée dans le vide. Pour cette construction, on s’est inspiré de l’environnement immédiat, la courbe de la montagne, la mine de quartz à proximité… mais aussi des traditions et l’artisanat local. Son allure moderne cache un lien étroit avec El Paso, son esthétique et son histoire, entre cow-boys et chemins de fer.
« Le mieux à faire était de construire un escalier à flanc de montagne – cela représente un paquet de marches », explique Dale. « Mais ils sont jeunes et ont tout de suite dit oui. Devoir grimper ces escaliers est à leurs yeux un très bon moyen de se maintenir en forme. Le jour où ça leur deviendra impossible, la maison ira à leurs enfants. »
Près de la propriété, la roche grise est parsemée d’éclats tranchants de pierre scintillante, comme autant de marques de l’ancienne mine de quartz. « J’ai pensé cette maison à l’image du paysage : les deux premiers étages sont en basalte de la région. Ils rappellent les roches brutes de ce terrain montagneux escarpé, en plein soleil. La boîte en stuc blanc est comme un objet fabriqué posé au-dessus », poursuit l’architecte.
Près de la propriété, la roche grise est parsemée d’éclats tranchants de pierre scintillante, comme autant de marques de l’ancienne mine de quartz. « J’ai pensé cette maison à l’image du paysage : les deux premiers étages sont en basalte de la région. Ils rappellent les roches brutes de ce terrain montagneux escarpé, en plein soleil. La boîte en stuc blanc est comme un objet fabriqué posé au-dessus », poursuit l’architecte.
Cette carte topographique montre l’importance de la pente.
Et cette découpe offre une vision plus claire encore de la disposition du projet.
Voici une vue de l’étage principal (le deuxième), du dernier (et troisième) étage et de la pièce extérieure formée par l’espace libre sous celui-ci. Le premier étage est principalement utilitaire. Il accueille le garage, l’outillage, une buanderie, une cave à vin et une salle de gym. « Ils doivent grimper toutes ces marches, mais on a installé un monte-plats au garage pour qu’ils puissent monter leurs courses facilement », précise Dale.
Pour garantir un peu d’ombre, les architectes ont décalé la maison de 10 à 15 degrés du plein axe nord-sud. Les longues fenêtres horizontales donnent à l’ouest. En dessous, la baie vitrée et le patio offrent une vue imprenable sur le soleil couchant, qui cède lentement la place aux lumières de Ciudad Juarez en contrebas.
Pour garantir un peu d’ombre, les architectes ont décalé la maison de 10 à 15 degrés du plein axe nord-sud. Les longues fenêtres horizontales donnent à l’ouest. En dessous, la baie vitrée et le patio offrent une vue imprenable sur le soleil couchant, qui cède lentement la place aux lumières de Ciudad Juarez en contrebas.
Les murs en pierre sont comme une transition entre la maison et son environnement.
On aperçoit ici un bout de l’allée menant au garage, aux pieds de la propriétaire.
Sur ces plans, le premier étage est en bas à gauche, l’étage principal est au-dessus, et le dernier étage à droite. Le premier niveau est utilitaire, le deuxième accueille les espaces communs et le dernier est réservé aux chambres.
Le site et la pente montagneuse ont largement influencé la conception de la maison, mais pas uniquement : les architectes se sont inspirés du style et de l’artisanat traditionnel de la région. « El Paso a toujours été une veille de maçonnerie », précise Dale. La structure de la maison sur les deux premiers niveaux et les parois extérieures rappellent les murs anciens en moellons de la ville. Les architectes voulaient les construire dans la même tradition, mais la réglementation impose des renforcements de structure en acier. Ici, le placage en pierre a une épaisseur de 20 à 25 centimètres, à l’intérieur comme à l’extérieur. Le mur joue ainsi le rôle de masse thermique, laissant la maison à l’abri des extrêmes.
La palette de couleurs est tout en simplicité : sols en béton, basalte local et bois de noyer. Cette photo montre l’entrée, à laquelle on accède par une porte en acier de 1,20 sur 3,60 mètres. Le soleil y darde en permanence ses rayons. Pour éviter la surchauffe, une paroi la cloisonne en grande partie. « Le mur aide aussi à faire de l’entrée une “pièce de décompression” avant de pénétrer dans le reste dans la maison », détaille Dale. L’entreprise conçoit des bancs, étagères, lits, bureaux, luminaires et même des poignées de porte et de placards dans l’esprit de l’artisanat local.
La palette de couleurs est tout en simplicité : sols en béton, basalte local et bois de noyer. Cette photo montre l’entrée, à laquelle on accède par une porte en acier de 1,20 sur 3,60 mètres. Le soleil y darde en permanence ses rayons. Pour éviter la surchauffe, une paroi la cloisonne en grande partie. « Le mur aide aussi à faire de l’entrée une “pièce de décompression” avant de pénétrer dans le reste dans la maison », détaille Dale. L’entreprise conçoit des bancs, étagères, lits, bureaux, luminaires et même des poignées de porte et de placards dans l’esprit de l’artisanat local.
La fenêtre d’angle du salon encadre le panorama de la vallée. Depuis le canapé, on savoure la vue sur les hauteurs de Ciudad Juarez. Sur l’angle à droite, on aperçoit le mont Cristo Rey. « C’est comme un lieu de pèlerinage : une colline surmontée d’une croix », raconte Dale.
À l’étage principal se trouve également un bureau/chambre d’amis en suite, avec sa terrasse privative.
À l’étage principal se trouve également un bureau/chambre d’amis en suite, avec sa terrasse privative.
Dale a imaginé la cuisine après s’être imprégné des habitudes de la propriétaire. « C’est une excellente cuisinière. Elle envisageait la pièce un peu comme une scène, où se mettre aux fourneaux tout en échangeant avec ses convives », résume l’architecte. Elle voulait également un évier double – un bac pour nettoyer les aliments et jeter les déchets, un autre pour les couverts. Sur la droite, le plan de travail en marbre peut accueillir quatre personnes assises pour les repas. La crédence est également en marbre.
Le bois de noyer des placards a été découpé dans trois blocs successifs pour être appareillé. La porte arrière mène au cellier. Un fabricant de la région a réalisé les luminaires en cuivre poli sur l’intérieur et noirci sur l’extérieur.
Le bois de noyer des placards a été découpé dans trois blocs successifs pour être appareillé. La porte arrière mène au cellier. Un fabricant de la région a réalisé les luminaires en cuivre poli sur l’intérieur et noirci sur l’extérieur.
Après avoir monté les marches conduisant au dernier étage, impossible de résister à la vue sur la gauche, en direction de la chambre des enfants. « On dit en général d’une telle vue qu’elle attire, mais elle a carrément aimanté le fils des propriétaires », confie Dale. « Il adore courir le long du couloir. »
Cette longue fenêtre constitue l’une des rares ouvertures sur l’ouest, où le soleil peut taper (trop) fort. Pour dégager une vue sans tenter le diable, l’architecte l’a installée avec un recul de presque 1 mètre, qui la met à l’ombre. « Nous avons envisagé de la teinter, mais avons décidé au dernier moment de ne pas toucher aux couleurs du panorama. » Dale a donc imaginé un système de volet électrique, qui s’abaisse lorsque les rayons dardent le plus et se relève pour laisser admirer le coucher de soleil. Et il est parfaitement masqué par le coffrage.
Cette longue fenêtre constitue l’une des rares ouvertures sur l’ouest, où le soleil peut taper (trop) fort. Pour dégager une vue sans tenter le diable, l’architecte l’a installée avec un recul de presque 1 mètre, qui la met à l’ombre. « Nous avons envisagé de la teinter, mais avons décidé au dernier moment de ne pas toucher aux couleurs du panorama. » Dale a donc imaginé un système de volet électrique, qui s’abaisse lorsque les rayons dardent le plus et se relève pour laisser admirer le coucher de soleil. Et il est parfaitement masqué par le coffrage.
La fenêtre est scindée en deux sur sa longueur par la cloison séparant les chambres des enfants. Elle donne sur l’épine de Jérusalem, qui devient jaune vif une fois en fleurs. Nous n’en avons pas de photo, mais Dale a placé les bureaux des enfants sous la fenêtre. Il les a conçus pour qu’ils puissent facilement les transformer en fauteuil, avec quelques coussins, pour admirer la vue.
Sur cette photo, la fenêtre de la chambre des enfants et la chambre parentale avec salle de bains sur la droite, qui donne sur une terrasse privative.
La chambre parentale et la salle de bains sont liées par une même baie vitrée. « Le paysage en terrasses prolonge la beauté brute de la montagne », estime l’architecte.
Les propriétaires jouissent d’une plongée au cœur des couleurs du désert. Depuis leur lit, ils peuvent savourer la vue sur le parc protégé. « On a choisi de ne pas installer de moustiquaires aux portes et fenêtres, car elles entravent la vue. Et durant les périodes où il fait assez frais pour qu’on puisse ouvrir, il n’y a presque pas de moustiques », précise Dale. « On est quasiment à 1600 mètres d’altitude ici, à l’écart de la fournaise de la ville. Des brises remontent du canyon, et offrent des nuits plus fraîches. » Il a agencé les ouvertures à cet étage et celui du dessous de manière à produire un effet de cheminée, pour une circulation de l’air optimale dans toute la maison.
Depuis la baignoire et la douche sur sa gauche, même panorama splendide. Les placards sont en chêne blanc et les plans de vasque dans le même marbre que celui utilisé pour la cuisine.
« On a vraiment eu de la chance sur ce projet. Les propriétaires ont totalement adhéré à notre proposition de décliner la maison autour de l’artisanat local et nous ont laissé beaucoup de la latitude pour développer nos idées », résume l’architecte. « Nous avons même réalisé les poignées de placards et de portes en acier et cuir, toujours dans l’esprit “cow-boys et naissance du rail” qui prévaut dans le coin. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette maison ?
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« On a vraiment eu de la chance sur ce projet. Les propriétaires ont totalement adhéré à notre proposition de décliner la maison autour de l’artisanat local et nous ont laissé beaucoup de la latitude pour développer nos idées », résume l’architecte. « Nous avons même réalisé les poignées de placards et de portes en acier et cuir, toujours dans l’esprit “cow-boys et naissance du rail” qui prévaut dans le coin. »
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Qui habite ici : un couple et deux jeunes enfants, un garçon et une fille
Emplacement : sur les hauteurs d’El Paso, au Texas, États-Unis
Superficie : 483 m² ; quatre chambres, quatre salles de bains
Architectes : Darci Hazelbaker et Dale Rush
Photos : Casey Dunn
Le terrain de la maison jouxte de chaque côté un parc régional. Parmi les premiers à s’installer, les propriétaires ont pu choisir un emplacement tout en haut du lotissement. La vue depuis là-haut a d’ailleurs nourri le projet dès le début. Certaines fenêtres ont été ainsi installées juste au-dessus de l’arroyo, pour voir passer aigles et faucons, quand d’autres s’ouvrent sur le coucher de soleil et les lumières de Ciudad Juarez, au Mexique, en contrebas.
La pente non négligeable a tout autant influencé la disposition et l’agencement de la maison. « Quand vous construisez sur un terrain en pente comme celui-ci, vous avez plusieurs options. La plus facile consiste à créer un mur de soutènement costaud pour obtenir une surface plane, puis à articuler la construction autour », explique Dale. Mais ni lui ni les propriétaires ne voulaient prendre cette voie. Ils ont préféré un projet à trois niveaux, comme empilés, orientés chacun de manière à interagir avec le paysage. Les matériaux utilisés font écho à la nature environnante.