Rencontre Houzz : Éric Gizard, l'architecture d'intérieur sans apparat
Colorés et harmonieux, les projets de l'architecte d'intérieur Éric Gizard sont le fruit d'un parcours riche et d'une approche authentique
Son talent, Éric Gizard l’a découvert petit à petit, le développant et l’enrichissant au gré de ses rencontres et voyages. Soucieux de proposer une architecture d’intérieur juste et harmonieuse, il fuit les strass et paillettes pour se concentrer sur l’essentiel : la couleur, la matière et la conception d’un intérieur pérenne dans lequel ses clients pourront s’épanouir avant de le transmettre. Une démarche sans fausse note qui le propulse en 2005 au rang de « Créateur de l’année » dans le cadre du salon Maison&Objet. Un titre décerné par Andrée Putman, qui décrit l’architecte d’intérieur comme « flamboyant et discret ; raffiné et raisonnable ; son travail est réfléchi et nouveau ; peuplé d’intuition, d’audace, sans jamais virer tape-à-l’œil… ». Aujourd’hui, l’homme veut prendre le temps de se concentrer sur l’artisanal, le savoir-faire et le rare, tout en développant sa propre ligne de mobilier. Une évolution pleine de promesses : « Je suis comme le bon vin, avec l’âge je prends du bon sens et du bon goût », s’amuse-t-il. En attendant de découvrir ses créations, retour sur le parcours atypique d’un créatif authentique.
Quelle est votre signature ?
C’est très difficile pour moi de parler de ma signature, mais disons que j’ai trois éloges. L’éloge de la lenteur, car il faut du temps pour faire les choses, les réfléchir, les dessiner, les réaliser et vivre avec. L’éloge de l’invisible car en architecture d’intérieur, je déteste l’effet « wouahou ». J’aime travailler sur la lumière et sur tout ce que l’on ne voit pas mais que l’on ressent et qui crée une atmosphère. Et puis l’éloge de l’ombre, qui est un hommage àJun’ichirō Tanizaki, auteur d’un ouvrage du même nom, car j’aime les choses discrètes.
C’est très difficile pour moi de parler de ma signature, mais disons que j’ai trois éloges. L’éloge de la lenteur, car il faut du temps pour faire les choses, les réfléchir, les dessiner, les réaliser et vivre avec. L’éloge de l’invisible car en architecture d’intérieur, je déteste l’effet « wouahou ». J’aime travailler sur la lumière et sur tout ce que l’on ne voit pas mais que l’on ressent et qui crée une atmosphère. Et puis l’éloge de l’ombre, qui est un hommage àJun’ichirō Tanizaki, auteur d’un ouvrage du même nom, car j’aime les choses discrètes.
Quelle est votre démarche créative ?
Je travaille beaucoup sur le vide, la lumière et des lignes qui laissent apparaître la construction. J’aime beaucoup le travail graphique mural et les matières, évidemment. Je déteste l’effet des copier-coller ; je me donne chaque fois comme mission de remplir une nouvelle page blanche. À l’époque où je travaillais avec Michel Boyer, il m’a dit quelque chose que je garde encore aujourd’hui à l’esprit : lorsque l’on rajoute trop de choses, ça ne va pas car « ça fait déco ». Et c’est vrai que j’ai une approche vraiment très architecturale. D’ailleurs, certaines personnes ont comparé le travail que j’ai fait dans un appartement de Saint-Cloud avec Richard Neutra. Je travaille sur des formes simples et considère la fonction avant tout, même si je déteste le terme « designer ». J’aime travailler sur les Arts décoratifs, avec l’histoire que l’on peut donner aux choses et ces savoir-faire que l’on est en train de redécouvrir aujourd’hui.
Je travaille beaucoup sur le vide, la lumière et des lignes qui laissent apparaître la construction. J’aime beaucoup le travail graphique mural et les matières, évidemment. Je déteste l’effet des copier-coller ; je me donne chaque fois comme mission de remplir une nouvelle page blanche. À l’époque où je travaillais avec Michel Boyer, il m’a dit quelque chose que je garde encore aujourd’hui à l’esprit : lorsque l’on rajoute trop de choses, ça ne va pas car « ça fait déco ». Et c’est vrai que j’ai une approche vraiment très architecturale. D’ailleurs, certaines personnes ont comparé le travail que j’ai fait dans un appartement de Saint-Cloud avec Richard Neutra. Je travaille sur des formes simples et considère la fonction avant tout, même si je déteste le terme « designer ». J’aime travailler sur les Arts décoratifs, avec l’histoire que l’on peut donner aux choses et ces savoir-faire que l’on est en train de redécouvrir aujourd’hui.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je n’ai pas de source d’inspiration précise. À chaque fois, l’architecture du lieu va m’inspirer, mais aussi le paysage dans lequel s’ancre le projet, les lumières, les gens… J’aime aussi découvrir de nouveaux matériaux. J’ai en fait mes propres ingrédients que je vais plus ou moins utiliser pour me renouveler. Je ne fais pas une architecture pour créer un effet « wouahou », mais je cherche à raconter une histoire dans sa globalité.
Je n’ai pas de source d’inspiration précise. À chaque fois, l’architecture du lieu va m’inspirer, mais aussi le paysage dans lequel s’ancre le projet, les lumières, les gens… J’aime aussi découvrir de nouveaux matériaux. J’ai en fait mes propres ingrédients que je vais plus ou moins utiliser pour me renouveler. Je ne fais pas une architecture pour créer un effet « wouahou », mais je cherche à raconter une histoire dans sa globalité.
Comment travaillez-vous les couleurs ?
J’aime travailler sur la couleur, pour confronter par exemple des teintes neutres à des flashs de couleurs. Il y a 15 ans, j’ai fait le plafond de chez moi en vert pomme et j’ai l’impression que depuis, tout le monde a utilisé ce coloris. Si le jaune et les bleus sont des couleurs très importantes pour moi aujourd’hui, j’aime aussi les couleurs sourdes, même ces teintes que l’on a un petit peu oubliées, voire détestées, comme le jaune moutarde, qui est de nouveau à la mode aujourd’hui. Je ne suis pas de cahier de tendance, mais mes envies. Je me lève un matin et découvre que j’ai envie de travailler sur des couleurs, de redécouvrir des choses. Finalement, les couleurs et les matières sont tout ce que retiennent les gens d’un projet puisque c’est ce qui se touche et ce qui se voit.
J’aime travailler sur la couleur, pour confronter par exemple des teintes neutres à des flashs de couleurs. Il y a 15 ans, j’ai fait le plafond de chez moi en vert pomme et j’ai l’impression que depuis, tout le monde a utilisé ce coloris. Si le jaune et les bleus sont des couleurs très importantes pour moi aujourd’hui, j’aime aussi les couleurs sourdes, même ces teintes que l’on a un petit peu oubliées, voire détestées, comme le jaune moutarde, qui est de nouveau à la mode aujourd’hui. Je ne suis pas de cahier de tendance, mais mes envies. Je me lève un matin et découvre que j’ai envie de travailler sur des couleurs, de redécouvrir des choses. Finalement, les couleurs et les matières sont tout ce que retiennent les gens d’un projet puisque c’est ce qui se touche et ce qui se voit.
Et les formes ?
Du côté des formes, j’aime qu’il y ait du dynamisme et un petit peu de tension : même si je fais une courbe, elle est tendue. J’aime aussi l’effet Mondrian car tout d’un coup, on joue avec la géométrie, qui m’intéresse beaucoup. Encore une fois, j’adore les contrastes : je peux installer une surface en aluminium et disposer un panier en osier à côté.
Du côté des formes, j’aime qu’il y ait du dynamisme et un petit peu de tension : même si je fais une courbe, elle est tendue. J’aime aussi l’effet Mondrian car tout d’un coup, on joue avec la géométrie, qui m’intéresse beaucoup. Encore une fois, j’adore les contrastes : je peux installer une surface en aluminium et disposer un panier en osier à côté.
Des projets vous ont-ils particulièrement marqué ?
Oui : le travail que j’ai fait pour Air France en 1998 car à l’époque, ce concours portait sur l’aménagement des cabines d’avion. Je me suis mis dans la peau d’un voyageur lambda qui voyage dans chacune des classes et je me suis demandé ce qu’il voudrait y trouver. C’est cette sensibilité-là qui a fait qu’Air France a aimé ce que je leur ai proposé et que pendant près de 10 ans, j’ai travaillé avec eux. Ça a été un travail de fourmis, mais qui s’est révélé très enrichissant pour moi car cela m’a permis de contrôler aussi mon rapport avec les gens. Un paramètre très complexe dans notre métier, car la part de psychologie y est très importante, surtout lorsque l’on travaille avec des particuliers.
Oui : le travail que j’ai fait pour Air France en 1998 car à l’époque, ce concours portait sur l’aménagement des cabines d’avion. Je me suis mis dans la peau d’un voyageur lambda qui voyage dans chacune des classes et je me suis demandé ce qu’il voudrait y trouver. C’est cette sensibilité-là qui a fait qu’Air France a aimé ce que je leur ai proposé et que pendant près de 10 ans, j’ai travaillé avec eux. Ça a été un travail de fourmis, mais qui s’est révélé très enrichissant pour moi car cela m’a permis de contrôler aussi mon rapport avec les gens. Un paramètre très complexe dans notre métier, car la part de psychologie y est très importante, surtout lorsque l’on travaille avec des particuliers.
Y a-t-il un projet que vous rêveriez de réaliser ?
J’aimerais avoir l’opportunité de dessiner une maison. L’architecture m’intéresse beaucoup car, comme je dis toujours, « quand on sait dessiner une poignée de porte, on sait dessiner une maison ». En fait, ce que j’aime le plus, c’est l’idée du vide, de me plonger dans un nouveau projet que je ne connais pas.
J’aimerais avoir l’opportunité de dessiner une maison. L’architecture m’intéresse beaucoup car, comme je dis toujours, « quand on sait dessiner une poignée de porte, on sait dessiner une maison ». En fait, ce que j’aime le plus, c’est l’idée du vide, de me plonger dans un nouveau projet que je ne connais pas.
Quels sont les secrets d’un projet réussi ?
Les projets sont réussis quand on m’envoie des mots de remerciements, ce qui est quand même assez rare, même si les gens sont contents. Et puis, quand on me dit : « C’est drôle car tu as tout changé, mais on a l’impression que ça a toujours été là. » Ça veut dire que finalement, cette transformation globale est à la fois très intégrée au projet et très équilibrée. C’est, à mon sens, le plus beau des compliments. Un projet doit aussi être pérenne : un lieu de vie doit pouvoir durer toute sa vie pour être transmis.
Les projets sont réussis quand on m’envoie des mots de remerciements, ce qui est quand même assez rare, même si les gens sont contents. Et puis, quand on me dit : « C’est drôle car tu as tout changé, mais on a l’impression que ça a toujours été là. » Ça veut dire que finalement, cette transformation globale est à la fois très intégrée au projet et très équilibrée. C’est, à mon sens, le plus beau des compliments. Un projet doit aussi être pérenne : un lieu de vie doit pouvoir durer toute sa vie pour être transmis.
Quels conseils pouvez-vous donner à un jeune architecte d’intérieur ?
Je voudrais lui dire qu’il faut qu’il ait toute l’énergie de la terre et, surtout, qu’il est seul et que c’est à lui de se trouver, au plus profond de lui-même. L’école ne lui a rien appris, elle lui a simplement apporté l’idée de la créativité, mais qui reste souvent brouillonne. Il faut donc travailler, travailler, travailler ! Et aller d’agence en agence, multiplier les expériences, rencontrer plein de gens et voyager. Nourrissez-vous !
Je voudrais lui dire qu’il faut qu’il ait toute l’énergie de la terre et, surtout, qu’il est seul et que c’est à lui de se trouver, au plus profond de lui-même. L’école ne lui a rien appris, elle lui a simplement apporté l’idée de la créativité, mais qui reste souvent brouillonne. Il faut donc travailler, travailler, travailler ! Et aller d’agence en agence, multiplier les expériences, rencontrer plein de gens et voyager. Nourrissez-vous !
Que pouvez-vous révéler sur les coulisses du métier d’architecte d’intérieur ?
Aujourd’hui, les médias ont fait connaître ce métier d’architecte d’intérieur. C’est bien et en même temps, c’est catastrophique car les gens pensent que tout se fait en 5 minutes et demie et que c’est gratuit. Il faut savoir que l’on doit se rencontrer, se parler, apprendre à se connaître pour se faire confiance ; un projet ne se fait pas en deux coups de crayon. C’est réfléchi, pensé, dessiné, précis, chiffré ! Il faut faire preuve de patience et faire confiance : nous ne sommes pas là pour voler de l’argent aux gens, mais pour leur donner du plaisir, malgré toutes les difficultés que l’on peut rencontrer, et leur permettre, à la fin, d’être vraiment heureux dans un intérieur fait et pensé pour eux.
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Aujourd’hui, les médias ont fait connaître ce métier d’architecte d’intérieur. C’est bien et en même temps, c’est catastrophique car les gens pensent que tout se fait en 5 minutes et demie et que c’est gratuit. Il faut savoir que l’on doit se rencontrer, se parler, apprendre à se connaître pour se faire confiance ; un projet ne se fait pas en deux coups de crayon. C’est réfléchi, pensé, dessiné, précis, chiffré ! Il faut faire preuve de patience et faire confiance : nous ne sommes pas là pour voler de l’argent aux gens, mais pour leur donner du plaisir, malgré toutes les difficultés que l’on peut rencontrer, et leur permettre, à la fin, d’être vraiment heureux dans un intérieur fait et pensé pour eux.
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Il est un peu exceptionnel, tout du moins un petit peu différent des autres car j’ai découvert le métier d’architecte d’intérieur quand j’avais 21 ans, en travaillant chez un promoteur immobilier. J’y ai rencontré Michel Boyer et Jean-Michel Wilmotte et d’un coup, j’ai découvert un métier que je ne connaissais absolument pas. J’ai collaboré avec eux sur des projets et j’ai fini par me dire « Voilà le métier que je veux faire ». J’ai tout arrêté, je me suis mis au chômage et j’ai pris des cours du soir aux Arts appliqués. J’ai ensuite eu la chance que Michel Boyer m’engage dans son agence en tant que documentaliste pour faire les recherches de matières et de couleurs. C’est vrai qu’il m’a mis dans un placard, mais ça a été une vraie école qui m’a permis de développer une certaine sensibilité en me plongeant dans les tissus, les matériaux… Cette expérience, très forte, a été le point de départ de toute ma vie professionnelle car très vite, j’ai été frustré de ne pas me pencher sur de vrais projets d’architecture d’intérieur. J’ai alors eu la chance de travailler avec Michel Boyer sur quelques dessins et recherches. Et puis je me suis dit que si je voulais progresser, il fallait que je me mette en indépendant. Je me suis donc lancé en 1987 en apnée, dans le vide, avec une inconscience totale. Mais c’est ce qui m’a permis d’être là aujourd’hui pour vous raconter mon histoire.