Visite privée : Un ancien « kenban » changé en maison familiale
Au Japon, cet ancien lieu de rencontre pour les geishas est devenu une maison où l'on passe pour discuter des arts
Depuis 1 300 ans, Kinosaki Onsen est l’une des plus célèbres villes thermales du Japon. Le Kinosaki International Art Center (KIAC) est d’ailleurs reconnu comme l’une des grandes réussites des efforts de revitalisation au Japon ces dernières années. Il bénéficie d’un programme de résidence d’artistes résolument tourné vers les arts de la scène. Le centre favorise la production des œuvres de ses artistes et accueille divers événements. Le nombre de visiteurs dans la ville a ainsi considérablement augmenté au cours des dernières années.
Le propriétaire de la Kinosaki House, où il vit avec sa famille, est le directeur du centre d’art. Leur vie s’est complètement transformée le jour où ils ont quitté Tokyo pour habiter la préfecture de Hyogo. La maison est un lieu accueillant où les gens se réunissent et socialisent.
Le propriétaire de la Kinosaki House, où il vit avec sa famille, est le directeur du centre d’art. Leur vie s’est complètement transformée le jour où ils ont quitté Tokyo pour habiter la préfecture de Hyogo. La maison est un lieu accueillant où les gens se réunissent et socialisent.
Lorsque le propriétaire est revenu vivre dans sa préfecture natale avec sa famille, ils ont d’abord habité une maison d’un quartier résidentiel dans les montagnes. Un jour, la famille visite Kinosaki tombe sur ce bâtiment vieux de 50 ans. Construite derrière la rue principale de la ville thermale, avec une petite rivière à l’avant et un bosquet de bambou derrière, la maison était à l’origine un kenban, un lieu de rencontre pour les geishas qui travaillaient dans les sources d’eaux chaudes. Sur la photo, on peut voir la rivière devant la maison.
AVANT : On voit ici le bâtiment avant sa rénovation. Compte tenu de son passé de kenyan, la construction ne ressemble pas à une résidence typique. Séduite par les caractéristiques uniques du bâtiment, la famille était bien décidée à en faire son foyer. Pour les accompagner dans les travaux de rénovation, les propriétaires ont fait appel à l’architecte Masaki Kato, de Puddle inc., un ami de longue date qui s’était chargé de la rénovation de leur appartement de Tokyo.
Coup d’œil
Qui habite ici : un couple marié et leur enfant
Emplacement : Toyooka, dans la préfecture de Hyogo, Japon
Architecte : Masaki Kato de Puddle inc.
Constructeur : Sodenaga Kensetsu
Structure : bois
Superficie du terrain : 274 m²
Superficie totale : 276 m²
Réalisation : achèvement de la phase 1 en décembre 2015, et février 2016 pour la phase 2
Photos : Madoka Nishiyama
Voici la pièce à vivre vue depuis le haut de l’escalier. Le bâtiment possède trois étages. Le salon, la salle à manger et le coin cuisine sont situés au deuxième étage, au cœur de la vie familiale. Le premier étage, lui, abrite les chambres, la salle de bains et les toilettes. Le rez-de-chaussée est utilisé comme espace de rangement. Les poutres et la spectaculaire cuisine soulignent l’immensité de la pièce à vivre.
Qui habite ici : un couple marié et leur enfant
Emplacement : Toyooka, dans la préfecture de Hyogo, Japon
Architecte : Masaki Kato de Puddle inc.
Constructeur : Sodenaga Kensetsu
Structure : bois
Superficie du terrain : 274 m²
Superficie totale : 276 m²
Réalisation : achèvement de la phase 1 en décembre 2015, et février 2016 pour la phase 2
Photos : Madoka Nishiyama
Voici la pièce à vivre vue depuis le haut de l’escalier. Le bâtiment possède trois étages. Le salon, la salle à manger et le coin cuisine sont situés au deuxième étage, au cœur de la vie familiale. Le premier étage, lui, abrite les chambres, la salle de bains et les toilettes. Le rez-de-chaussée est utilisé comme espace de rangement. Les poutres et la spectaculaire cuisine soulignent l’immensité de la pièce à vivre.
La cuisine a remporté la médaille d’or dans la catégorie « Cuisine au cœur de la vie » du concours organisé conjointement par LIXIL et Houzz Japon.
La pièce à vivre est à la fois confortable et spacieuse. « L’aménagement de la maison reflète admirablement le mode de vie de ses occupants », explique l’architecte.
Originaires de très loin ou au contraire, du voisinage, de nombreux amis et des connaissances passent régulièrement. Ici, on discute d’art et de la vie en général, rassemblés autour de l’îlot central ou des tables, sur le sol surélevé, et en d’autres « endroits privilégiés » créés pour que l’on s’y sente bien.
La pièce à vivre est à la fois confortable et spacieuse. « L’aménagement de la maison reflète admirablement le mode de vie de ses occupants », explique l’architecte.
Originaires de très loin ou au contraire, du voisinage, de nombreux amis et des connaissances passent régulièrement. Ici, on discute d’art et de la vie en général, rassemblés autour de l’îlot central ou des tables, sur le sol surélevé, et en d’autres « endroits privilégiés » créés pour que l’on s’y sente bien.
La conception de ces coins privilégiés est évidente quand on jette un coup d’œil au plan d’étage. Le sol surélevé, l’îlot de la cuisine et l’agencement des meubles créent une zone de douce intimité dans ce vaste espace ouvert.
AVANT : À l’origine, un grand espace de répétition de danse pour les geishas occupait le deuxième étage. Une scène s’étendait sur la façade sud. (La photo montre l’étage avant la rénovation. La scène correspond à la zone parquetée au premier plan.) Sans lumière naturelle, l’espace possédait un éclairage fluorescent qui fonctionnait même le jour.
APRÈS : L’architecte Masaki Kato aimait la scène surélevée, il en a réduit la profondeur de moitié et en a fait un « endroit privilégié » sous la forme d’un palier (on peut l’apercevoir à l’arrière-plan de la photo). Devant, le canapé en est un autre.
Sur la droite, on aperçoit l’espace légèrement surélevé vu de côté. La zone est devenue un terrain de jeu idéal pour la fillette du couple et ses amis.
Tous ces « endroits privilégiés » s’adaptent aux envies des occupants. La famille aime par exemple dîner à la table verte – conçue par l’architecte Jo Nagasaka – devant l’îlot et prendre le thé à la table ronde près de la fenêtre. Bien sûr, l’immense îlot est un lieu d’échange et de discussion.
L’espace de travail de madame est aménagé sur la façade nord du deuxième étage et possède le plus beau panorama de toute la maison. La fenêtre offre une vue imprenable sur la ville et la rivière. C’est son « endroit privilégié » pour travailler.
Ouvert sur le salon, l’espace lui permet de s’isoler pour se concentrer sur son travail tout en restant près de sa famille.
Ouvert sur le salon, l’espace lui permet de s’isoler pour se concentrer sur son travail tout en restant près de sa famille.
Les juges du concours ont également souligné le raffinement exceptionnel de la pièce à vivre. Les éléments incontournables de ce succès résident dans les détails de finitions. Par exemple, plutôt que de simplement bâtir l’ensemble dans un seul ton, la palette de couleurs est une harmonie subtile de différents gris, la couleur maîtresse de cet intérieur. L’agencement des différentes teintes de gris qui recouvrent les murs, l’îlot, le plafond et le système de chauffage à rayonnement souligne la présence des poutres et apporte de la profondeur à l’espace.
Le fait d’avoir fait disparaître les planches qui recouvraient le plafond a révélé ces poutres rustiques autrefois cachées dans la structure du toit.
Des planches ont été ajoutées pour consolider la structure. Les répétitions de danse exigeaient que l’espace soit dégagé et sans colonnes. L’architecte explique que ces planches ont été placées sur les côtés pour soutenir les poutres à longue portée et en augmenter la résistance.
Des planches ont été ajoutées pour consolider la structure. Les répétitions de danse exigeaient que l’espace soit dégagé et sans colonnes. L’architecte explique que ces planches ont été placées sur les côtés pour soutenir les poutres à longue portée et en augmenter la résistance.
« Lorsque nous avons enlevé le plafond et que j’ai vu ces poutres entourées de planches, je les ai trouvées fantastiques. J’ai décidé de laisser ce détail tel quel ! Nous les avons donc exposées et avons conçu un éclairage pour les mettre en valeur », raconte-t-il.
La pièce à vivre est spacieuse, mais sa façade nord n’est pas très lumineuse. Outre la lumière provenant des fenêtres, il a fallu penser à un dispositif d’appoint. En plus des spots encastrés, un éclairage ambiant installé au-dessus des poutres rayonne du plafond et des murs pour remplir l’espace de lumière naturelle.
La pièce à vivre est spacieuse, mais sa façade nord n’est pas très lumineuse. Outre la lumière provenant des fenêtres, il a fallu penser à un dispositif d’appoint. En plus des spots encastrés, un éclairage ambiant installé au-dessus des poutres rayonne du plafond et des murs pour remplir l’espace de lumière naturelle.
Vues du fond de la pièce, comme sur la photo ci-dessus, les rangées de poutres sont saisissantes.
« Je crois que des espaces aérés sont très importants dans un aménagement. Un volume important crée une dynamique et je pense que cet intérieur en est un bel exemple », affirme l’architecte.
« Je crois que des espaces aérés sont très importants dans un aménagement. Un volume important crée une dynamique et je pense que cet intérieur en est un bel exemple », affirme l’architecte.
Outre le fait que le volume est imposant, le climat hivernal de la région et le manque d’exposition de la maison à la lumière du soleil ont rendu essentiel un chauffage performant. Comme la structure est en bois et a été construite il y a des décennies, et afin de rendre les lieux plus sûrs pour de jeunes enfants pendant le chantier, un système de chauffage par rayonnement a été installé. C’est le système de tuyau qui ressemble à une série de rayures qu’on peut voir à gauche sur la photo. Il réchauffe l’air sans générer de poussière.
Système de chauffage par rayonnement : PS Group
Système de chauffage par rayonnement : PS Group
À l’étage se trouvent les chambres à coucher. Une salle de bains occupe le centre de l’espace et, tout autour, un couloir dessert les chambres.
Voici la porte d’accès à l’étage. Après être entré dans la maison par le rez-de-chaussée, un escalier mène à l’entrée de l’étage et, de là, jusqu’à la grande pièce à vivre au deuxième. Afin de ne pas obstruer la lumière naturelle entrant par les fenêtres, on a imaginé un plan ouvert avec une porte en verre.
Avant la rénovation, l’étage était un espace particulièrement sombre. De plus, la façade sud est construite devant une falaise qui obstrue la lumière du soleil. Les travaux de rénovation ont ainsi fait en sorte d’exploiter la lumière de l’étage supérieur qui se reflète sur les murs.
Une section du couloir de l’étage s’élargit. Cette zone a volontairement été créée pour offrir une zone de jeu pour la fillette et ses amis.
Les murs de la chambre parentale sont en contreplaqué de lauan sur lequel on a appliqué une finition de mortier. Le plafond entre les poutres et deux des murs de la pièce ont reçu un traitement au plâtre de diatomite.
Cette finition est employée pour protéger de l’humidité, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle elle a été utilisée ici. « Sodenaga Kensetsu, l’entreprise qui a fait les travaux de construction, est administrée par un ami de lycée du propriétaire. C’était la première fois que je travaillais avec lui, et quand j’ai appris que son entreprise était spécialisée dans le plâtrage, j’ai décidé de profiter de cette opportunité pour recouvrir quelques sections de l’étage d’une finition de plâtre », raconte Masaki Kato.
Cette finition est employée pour protéger de l’humidité, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle elle a été utilisée ici. « Sodenaga Kensetsu, l’entreprise qui a fait les travaux de construction, est administrée par un ami de lycée du propriétaire. C’était la première fois que je travaillais avec lui, et quand j’ai appris que son entreprise était spécialisée dans le plâtrage, j’ai décidé de profiter de cette opportunité pour recouvrir quelques sections de l’étage d’une finition de plâtre », raconte Masaki Kato.
Le meuble vasque de l’étage est fabriqué en contreplaqué de lauan avec un revêtement de polyuréthane.
« Très fine, la vasque en bois est recouverte d’une résine translucide », poursuit l’architecte.
« Très fine, la vasque en bois est recouverte d’une résine translucide », poursuit l’architecte.
Dans le plafond de la chambre de la fillette, le plafond a été peint en rose, sa couleur préférée.
Les portes et les parquets de l’étage sont fabriqués à partir de bardage de bois et d’autres matériaux qui étaient présents avant la rénovation. Ils ont été installés différemment dans chaque pièce, de sorte que chacune possède un caractère qui lui est propre.
Les portes et les parquets de l’étage sont fabriqués à partir de bardage de bois et d’autres matériaux qui étaient présents avant la rénovation. Ils ont été installés différemment dans chaque pièce, de sorte que chacune possède un caractère qui lui est propre.
« Les petites pièces sont plus intéressantes quand elles ont de la personnalité. Un espace personnel est justement… personnel ! Ainsi, pour cette maison, tandis que la vaste pièce du troisième étage présente sa propre composition, les pièces plus petites comme l’espace de travail de madame et les chambres de l’étage possèdent leur propre palette de couleurs. Bien sûr, une demeure uniformément conçue autour d’un seul concept est une approche viable, mais je pense qu’une maison avec des pièces ayant chacune son caractère est plus agréable. Le concept d’un grand espace ouvert au deuxième étage qui diffère des pièces privées en dessous est ce qui rend cette demeure unique. C’est très gratifiant quand une résidence laisse une impression durable à ses visiteurs », déclare l’architecte.
La construction est en bois pour les deux derniers étages alors que le rez-de-chaussée est en béton armé. Il est actuellement utilisé principalement pour le rangement.
À la demande du propriétaire, l’architecte a installé un élément unique dans la maison : un petit monte-charge qui relie le rez-de-chaussée (photo de gauche) à l’espace de travail de madame au deuxième étage (sur la photo de droite). Il a été fabriqué sur mesure par Masaki Kato et l’entreprise de construction en utilisant du contreplaqué, un treuil, et d’autres composants. Les gros achats, comme les caisses de bière, les colis ou tout autre objet, peuvent facilement y transiter jusqu’au deuxième étage.
Voici l’extérieur après les travaux. La façade est demeurée en grande partie inchangée, à l’exception des fenêtres du deuxième étage, qui s’ouvrent dorénavant vers l’extérieur. Ainsi illuminées, on peut presque entendre les échos d’une conversation animée.
ET VOUS ?
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