Architecture
Architecture régionale : Décryptage de 6 belles façades provençales
Cachet bucolique, voyagez en Provence et embrassez son architecture...
« Je suis né à Aubagne, au pied du Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. » Ces lignes amorcent La Gloire de mon père, écrit par Marcel Pagnol sur ses jours heureux passés en Provence. Une Provence embellie par ses souvenirs et son imagination. Cette région subsiste encore aujourd’hui au-delà des légendes, cigales, garrigue, soleil. Pourtant, lorsque par curiosité ou envie de concevoir nous cherchons « maison provençale » sur Internet, la déception est là… Maison avec enduit rose ou jaune, colonnes grecques, ouvertures standardisées… La maison type du promoteur du sud de la France envahit le paysage provençal. Bordée à l’ouest par le Rhône, à l’est par la frontière italienne et au sud par la Méditerranée, la Provence est une région historique et culturelle, son architecture est riche et offre de superbes réalisations. Réhabilitations ou constructions neuves influencées par le génie du lieu, vous découvrirez dans cet article quelques très belles façades provençales.
Et comment ne pas commencer par le mas. Originellement habitation et exploitation rurale, le mas est devenu une maison de villégiature. Le bâtiment principal est orienté vers le sud, la maison est protégée du mistral. Sous sa toiture à deux pentes, l’habitation est de faible hauteur même si elle est aménagée sur deux niveaux comme on peut le voir sur la façade. Celle-ci est composée de petites et étroites ouvertures pour mieux s’adapter au climat. « Provence Home » est initialement bâti avec des matériaux locaux. Les pierres sont récupérées dans les champs de l’exploitation. Le mas a ici subi l’uniformisation d’une rénovation contemporaine emprunt de mélancolie. La façade a été déshabillée de son enduit. Les murs en pierres sont révélés. Le mortier traditionnel composé de terre minérale est remplacé par du mortier moderne pour jointer et protéger l’extérieur de la maison. Un soin particulier est porté à cet enduit extérieur pour éviter toute dégradation de ses murs abîmés par le climat.
Sur ce deuxième beau mas, les caractéristiques sont les mêmes. On peut y voir des ancres en fer forgé destinées à empêcher l’écartement des murs. C’est un élément technique qui donne tout le charme de l’ancien. Le fer forgé est de nouveau présent en façade avec des barreaux plantés. Ils permettent à la végétation grimpante de s’accrocher à la devanture de la maison et de totalement s’y intégrer. Des arches en pierre viennent se raccrocher à la façade et font lien avec les autres bâtiments réalisés au fur et à mesure, selon les besoins de la ferme : bergerie, le chai pour le vin… Les volumes créent alors une cour centrale.
Ici, la bastide est composée de deux volumes et s’organise en L vers le sud pour se protéger du mistral comme fait le mas. Son toit à quatre pentes est plutôt plat. La couverture est en terre cuite et la génoise, typique de ces habitations, comporte autant de rangs de tuiles que de niveaux dans la maison. C’est un débord de toiture qui joue le rôle de gouttière et protège la façade des rigueurs du climat. Contrairement au mas, l’architecture de la bastide n’est pas arbitraire. Les fenêtres sont assez grandes et hautes et donnent au sud sur le domaine. Les volets à cadre finalisent la composition de l’ensemble de la façade. De couleur bleu vif assez contemporain, ils ont sûrement remplacé des volets « Z » d’un bleu lavande plus traditionnel.
Au mas et à la bastide viennent se greffer des annexes comme le pigeonnier. Il est l’atout principal de cette façade. Partie emblématique de la maison, il est directement accolé à celle-ci. Plutôt trapu, la base est large et il s’élève sur deux niveaux. Il est recouvert de tuiles canal ou de tuiles plates. Le dernier étage était auparavant réservé aux pigeons, aujourd’hui il est aménagé. De faibles dimensions, les ouvertures sur cette partie de la façade n’ont pas été agrandies.
La façade se déplie autour du pigeonnier avec des volumes plus bas et des toitures en appentis. Malgré l’harmonie dans les matériaux, mur en pierre et mortier, tuiles, elle est composée de manière aléatoire. C’est l’aménagement de la piscine qui crée la cohérence générale.
La façade se déplie autour du pigeonnier avec des volumes plus bas et des toitures en appentis. Malgré l’harmonie dans les matériaux, mur en pierre et mortier, tuiles, elle est composée de manière aléatoire. C’est l’aménagement de la piscine qui crée la cohérence générale.
Sur cette façade, on retrouve les deux couleurs phare de la Provence, le bleu et le blanc. Le blanc provençal puise de profondes racines dans le sol, l’histoire et la culture. L’architecture de la région forge ainsi son identité dans les paysages calcaires et les influences méditerranéennes comme en Grèce. Ce mélange de couleur nous fait penser au mas camarguais. Les murs enduits à la chaux et les volets bleus sont les héritiers des cabanes de gardians. Ici c’est la façade nord que nous découvrons avec d’étroites ouvertures. L’accès ne se fait pas par le pignon mais sur le côté et à l’étage. La toiture à deux versants est recouverte de tuiles et non pas de roseaux. Cette façade est une belle modernisation de la cabane de gardians.
Cette maison à Lascour, réalisée par l’Atelier Calas Architecture, est un bel exemple de maison provençale contemporaine. Elle réinterprète un certain nombre de codes. Régionalisme critique, les matériaux utilisés sont à la fois contemporains, comme les menuiseries, et traditionnels et locaux comme la pierre sèche. Constituée d’un soubassement en pierre qui fait référence aux murs de soutènement des oliveraies et d’une partie supérieure blanche et plate, la façade s’articule avec le terrain en restanque et s’y intègre parfaitement. Protégée du soleil par la partie supérieure, la végétation environnante et l’encaissement de la maison. Implantée dans la partie en pierres et en retrait, les ouvertures sont généreuses contrairement à la bâtisse d’époque.
L’agence d’architecture Cabinet-Cabinet a réalisé une extension et réhabilitation lourde d’un mas du XIXe siècle à Castries. D’un côté, le mas originel en pierres avec toiture à deux versants. De l’autre côté, une extension au volume simple et blanc à toiture plate. Cette greffe en pignon du mas est rendue remarquable grâce à trois éléments : de grandes fenêtres archées avec soubassements en pierres et menuiseries en acier associées une faille de haut en bas du mur créant l’accès à l’intérieur. Et enfin, un claustra en terre cuite, protection visuelle, solaire ou aménagement intérieur-extérieur, donne un aspect élégant à la façade.
Le lien entre les deux parties de la maison est abrupte et sans transition. Mais c’est peut-être cette confrontation qui met chaque volume en valeur et crée une façade singulière.
ET VOUS ?
Aimez-vous les façades provençales ? Partagez vos impressions dans la partie commentaires ci-dessous.
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