Avant/Après : Un plateau vide transformé en loft de 90 m²
Ce loft a été créé ex-nihilo avec des solutions créatives et une prise en compte poussée de la vie des propriétaires
Pierre et Arthur ont tout deux fait de longues études. L’un, fraîchement diplômé, travaille déjà, tandis que l’autre arrive à la fin de son parcour. À la trentaine, il est désormais le temps de penser à s’installer et, ensemble, ils font le choix d’acquérir leur premier appartement en plein cœur de Paris. Pour avoir la possibilité de le personnaliser entièrement, ils optent pour un plateau vide de 90 m² dans un immeuble historique, récemment réhabilité. Le logement se situe au cinquième étage d’un bâtiment 1900 en fer et en verre, qui abritait par le passé des ateliers de vêtements du Sentier. Pour être sûr d’être guidé avec confiance dans ce projet, Pierre décide de le confier à Dominique Paolini, une architecte d’intérieur qu’il connaît bien : « C’était très émouvant de superviser le chantier de ce garçon dont j’avais eu à créer la chambre d’enfant, puis d’ado, dans les appartements que ses parents m’avaient déjà confiés pour leur rénovation », nous a expliqué la professionnelle au détour de la visite de ce projet hors norme, riche en partis pris architecturaux forts.
Coup d’œil
Qui vit ici : Un couple de trentenaires
Emplacement : Paris IIᵉ
Superficie : 90 m²
Durée des travaux : 4,5 mois précédés de 2 mois d’études
Budget travaux : 250 000 euros
Architectes d’intérieur : Dominique Paolini
Les autres collaborateurs de ce projet : Entreprise générale Ambiance Matière et écologie / Chauffage plomberie : Laclim / Sol béton ciré : Quand les Filles s’en Mêlent / Menuiserie : Art’gencement / Éclairage : Sébastien Pineau d’Inédit Lighting
Crédit photos : Célia Bonnin
Coup d’œil
Qui vit ici : Un couple de trentenaires
Emplacement : Paris IIᵉ
Superficie : 90 m²
Durée des travaux : 4,5 mois précédés de 2 mois d’études
Budget travaux : 250 000 euros
Architectes d’intérieur : Dominique Paolini
Les autres collaborateurs de ce projet : Entreprise générale Ambiance Matière et écologie / Chauffage plomberie : Laclim / Sol béton ciré : Quand les Filles s’en Mêlent / Menuiserie : Art’gencement / Éclairage : Sébastien Pineau d’Inédit Lighting
Crédit photos : Célia Bonnin
Par chance, Pierre et Arthur avaient bien réfléchi à leurs attentes. Ils désiraient séquencer les 90 m² en un grand deux-pièces typé loft avec différents espaces correspondants à leur mode de vie : une vaste suite parentale invitant à la détente ; un bureau, incontournable pour Arthur qui passe des examens de haut vol ; une cuisine atelier autour de laquelle ils se réuniraient avec leurs amis pour l’apéritif et une salle à manger propice à de confortables dîners ; enfin un séjour taillé à la mesure de cinéphiles et mélomanes avertis.
« La plus belle vue de l’appartement se situait dans l’angle d’où on embrasse toute la rue d’Aboukir. Nous avons d’abord réfléchi à placer la pièce de vie au fond de l’appartement avant de tout redessiner », raconte la pro.
« La plus belle vue de l’appartement se situait dans l’angle d’où on embrasse toute la rue d’Aboukir. Nous avons d’abord réfléchi à placer la pièce de vie au fond de l’appartement avant de tout redessiner », raconte la pro.
APRÈS
À l’entrée de l’appartement sur la droite, derrière une structure réversible en medium peint en jaune, a pris place le dressing d’entrée. Face à nous, une porte discrète dessert un placard à chaussures et à droite, une porte mène aux toilettes : « Celles-ci ont été optimisées au centimètre près avec le lave-linge, la chaudière, le ballon d’eau chaude et un lave-mains », explique la pro. Au-dessus du dressing, le conduit de la chaudière à gaz en ventouse a été laissé apparent pour coller à la déco industrielle souhaitée par les propriétaires. Dans un immeuble en fer et verre, c’était en effet tout indiqué.
À l’entrée de l’appartement sur la droite, derrière une structure réversible en medium peint en jaune, a pris place le dressing d’entrée. Face à nous, une porte discrète dessert un placard à chaussures et à droite, une porte mène aux toilettes : « Celles-ci ont été optimisées au centimètre près avec le lave-linge, la chaudière, le ballon d’eau chaude et un lave-mains », explique la pro. Au-dessus du dressing, le conduit de la chaudière à gaz en ventouse a été laissé apparent pour coller à la déco industrielle souhaitée par les propriétaires. Dans un immeuble en fer et verre, c’était en effet tout indiqué.
AVANT
APRÈS
Dans cette entrée, deux cubes ont été implantés en alignement afin de créer un sas : à gauche le vestiaire que nous avons détaillé, et de l’autre, un petit bureau destiné à Arthur, qui a besoin de s’isoler pour travailler. « Afin de rendre unique cette petite entrée, nous avons fait en sorte de sculpter les volumes. L’une des boîtes est jaune, l’autre est blanche, l’une ne va pas au plafond, l’autre si : des lignes à la façon de Mondrian, un artiste que j’apprécie beaucoup. Et comme lui, nous sommes entendus sur des partis pris forts, basés sur les couleurs primaires », décrypte l’architecte d’intérieur.
Dans cette entrée, deux cubes ont été implantés en alignement afin de créer un sas : à gauche le vestiaire que nous avons détaillé, et de l’autre, un petit bureau destiné à Arthur, qui a besoin de s’isoler pour travailler. « Afin de rendre unique cette petite entrée, nous avons fait en sorte de sculpter les volumes. L’une des boîtes est jaune, l’autre est blanche, l’une ne va pas au plafond, l’autre si : des lignes à la façon de Mondrian, un artiste que j’apprécie beaucoup. Et comme lui, nous sommes entendus sur des partis pris forts, basés sur les couleurs primaires », décrypte l’architecte d’intérieur.
Côté séjour, une cuisine « très volontaire » s’épanouit sur l’un des côtés de la grande pièce : comprendre un modèle haut de gamme vraiment spécial, agencé autour d’un îlot établi.
Meuble multifonction, cette table technique en Inox et bois de style atelier, sert à la fois de plan de travail, de point d’eau, de zone de cuisson et de coin repas. « C’était l’objet parfait pour allonger les lignes de la pièce, dans le style industriel et tout en restant beaucoup plus légère qu’un îlot monolithique », explique l’architecte d’intérieur.
À l’arrière, le bloc jaune du vestiaire devient le mur aménagé de la cuisine avec une colonne four, une autre pour le réfrigérateur et la dernière dédiée à l’épicerie.
Cuisine : Bulthaup, modèle B2
Meuble multifonction, cette table technique en Inox et bois de style atelier, sert à la fois de plan de travail, de point d’eau, de zone de cuisson et de coin repas. « C’était l’objet parfait pour allonger les lignes de la pièce, dans le style industriel et tout en restant beaucoup plus légère qu’un îlot monolithique », explique l’architecte d’intérieur.
À l’arrière, le bloc jaune du vestiaire devient le mur aménagé de la cuisine avec une colonne four, une autre pour le réfrigérateur et la dernière dédiée à l’épicerie.
Cuisine : Bulthaup, modèle B2
Voici une vue sur le grand séjour depuis l’entrée de l’appartement. Les verrières de type atelier, qui donnent sur la rue, étaient existantes et laissaient affluer la lumière à l’intérieur.
Pour renforcer le style industriel, l’architecte d’intérieur a proposé ce système d’éclairage de plafond original, à la manière d’une salle de spectacle contemporaine. « En applique, ce réseau d’éclairage aurait pu être simple à poser. C’était sans compter sur la présence de grandes poutres métalliques traversantes. Elles alourdissaient beaucoup, et comme nous ne souhaitions pas d’une architecture passéiste, nous les avons fait coffrer large, afin de faire traverser l’électricité », explique la professionnelle.
Autre défi technique : le chauffage et les évacuations des cuisines et salle d’eau. « Nous avons créé une marche à partir de l’entrée sur tout le plateau car nous avons fait poser un plancher chauffant hydraulique, le système de chauffage actuellement le plus discret, le plus rentable et le plus efficace. Cette surélévation a également permis de faire tranquillement passer les évacuations vers la colonne de l’entrée », décrypte-t-elle.
Pour renforcer le style industriel, l’architecte d’intérieur a proposé ce système d’éclairage de plafond original, à la manière d’une salle de spectacle contemporaine. « En applique, ce réseau d’éclairage aurait pu être simple à poser. C’était sans compter sur la présence de grandes poutres métalliques traversantes. Elles alourdissaient beaucoup, et comme nous ne souhaitions pas d’une architecture passéiste, nous les avons fait coffrer large, afin de faire traverser l’électricité », explique la professionnelle.
Autre défi technique : le chauffage et les évacuations des cuisines et salle d’eau. « Nous avons créé une marche à partir de l’entrée sur tout le plateau car nous avons fait poser un plancher chauffant hydraulique, le système de chauffage actuellement le plus discret, le plus rentable et le plus efficace. Cette surélévation a également permis de faire tranquillement passer les évacuations vers la colonne de l’entrée », décrypte-t-elle.
Dans un esprit scandinave en vogue, un sol en chêne clair a été posé sur tout l’appartement : « C’est un contrecollé, un modèle compatible avec le sol chauffant », précise Dominique Paolini.
Le groupe d’aspiration, installé au-dessus du plan de travail, a été posé par l’agenceur qui a réalisé les menuiseries de l’appartement sur mesure : suspendu, il joue les funambules avec son fil d’alimentation volontairement choisi en rouge.
Côté salle à manger, même défi : la sobriété est totale, mais les détails subtils : « Pierre et Arthur ont choisi une table ni rectangle ni ovale. Elle est rectangulaire avec les coins arrondis », précise Dominique.
Hotte : Novy
Le groupe d’aspiration, installé au-dessus du plan de travail, a été posé par l’agenceur qui a réalisé les menuiseries de l’appartement sur mesure : suspendu, il joue les funambules avec son fil d’alimentation volontairement choisi en rouge.
Côté salle à manger, même défi : la sobriété est totale, mais les détails subtils : « Pierre et Arthur ont choisi une table ni rectangle ni ovale. Elle est rectangulaire avec les coins arrondis », précise Dominique.
Hotte : Novy
Voici la même baie vitrée côté bureau et la vue dont Arthur dispose en travaillant, vers l’extérieur et jusqu’à la chambre tout au fond de l’appartement.
« Cette verrière sépare le bureau du séjour pour garder l’esprit loft et le lien entre chaque espace fonctionnel », commente l’architecte d’intérieur.
« Cette verrière sépare le bureau du séjour pour garder l’esprit loft et le lien entre chaque espace fonctionnel », commente l’architecte d’intérieur.
Une grande bibliothèque longe la façade toute vitrée de l’appartement et relie les trois espaces bureau, séjour et chambre. Dans le salon, la tablette créée devant, côté fenêtre, est au même niveau que le plan bureau placé en enfilade.
L’entrée de la chambre se fait par un grand panneau coulissant de 1,50 de large, qui s’escamote dans la cloison du dressing en coulissant dans un galandage. Ainsi, l’espace chambre est séparé du séjour sans vraiment l’être.
Les briques qui occupent ce pan de mur sont un vestige des ateliers qui occupaient à l’époque cet immeuble. Soigneusement conservées, elles ont été un élément déterminant dans le choix d’accentuer le côté loft de cet appartement.
Les briques qui occupent ce pan de mur sont un vestige des ateliers qui occupaient à l’époque cet immeuble. Soigneusement conservées, elles ont été un élément déterminant dans le choix d’accentuer le côté loft de cet appartement.
AVANT
APRÈS
Tout comme l’entrée avait été sculptée avec deux blocs, la chambre a été divisée en deux volumes simples : la partie nuit à gauche côté fenêtre avec la plus belle vue de l’appartement et la salle d’eau/dressing sur la droite. Les couleurs des volumes aident à la lecture de l’espace : pour affirmer la continuité du mur de droite avec celui du salon, il a été laissé blanc. Le jaune de la salle d’eau reprend celui de la cuisine tandis que le vert-de-gris dessine l’espace chambre.
Tout comme l’entrée avait été sculptée avec deux blocs, la chambre a été divisée en deux volumes simples : la partie nuit à gauche côté fenêtre avec la plus belle vue de l’appartement et la salle d’eau/dressing sur la droite. Les couleurs des volumes aident à la lecture de l’espace : pour affirmer la continuité du mur de droite avec celui du salon, il a été laissé blanc. Le jaune de la salle d’eau reprend celui de la cuisine tandis que le vert-de-gris dessine l’espace chambre.
« Nous voulions que l’espace apparaisse très construit et la couleur aide à comprendre le jeu de construction et l’enclenchement des espaces entre eux. Il est néanmoins essentiel de garder une harmonie d’ensemble et de
rehausser la continuité des lieux, ce que permettent ici le sol et les couleurs des murs. Les gens font souvent des erreurs déco monumentales en rapportant tout à coup à un espace un carreau de ciment ou une teinte qui n’avaient jamais été utilisés ailleurs depuis l’entrée de l’appartement », affirme la professionnelle.
rehausser la continuité des lieux, ce que permettent ici le sol et les couleurs des murs. Les gens font souvent des erreurs déco monumentales en rapportant tout à coup à un espace un carreau de ciment ou une teinte qui n’avaient jamais été utilisés ailleurs depuis l’entrée de l’appartement », affirme la professionnelle.
Tout comme une structure en forme de boîte contenait le dressing d’entrée et les rangements de cuisine, une autre boîte sert de semi-cloison entre la salle d’eau et la chambre. S’y cache la double vasque tandis que les retours de cloisons ont été optimisés par des étagères : « Un côté pour le bazar de toilette de Pierre, l’autre pour Arthur ! »
À l’arrière, un long dressing a été intégré à la cloison entre la chambre et le salon, ce qui rend son implantation très discrète. « Nous avons même accompli la prouesse technique de placer le sèche-serviettes sur l’une de ses portes. C’était tellement osé que je n’ai jamais osé répliquer cette mise en œuvre », se remémore la professionnelle.
Vasque double : Duravit, Vero
À l’arrière, un long dressing a été intégré à la cloison entre la chambre et le salon, ce qui rend son implantation très discrète. « Nous avons même accompli la prouesse technique de placer le sèche-serviettes sur l’une de ses portes. C’était tellement osé que je n’ai jamais osé répliquer cette mise en œuvre », se remémore la professionnelle.
Vasque double : Duravit, Vero
En revanche, l’architecte d’intérieur est coutumière de l’implantation de grandes douches ouvertes, à l’instar de celle d’Arthur et Pierre. Comme une marche technique avait été créée préalablement, il était facile de loger une douche de plain-pied : « Néanmoins, je place toujours une garde d’eau à l’avant, je ne laisse jamais l’entrée de la douche à niveau avec le sol de la pièce sans séparation. C’est de notre responsabilité de professionnels de penser à une éventuelle sinistralité », affirme la pro.
Une autre preuve de la réflexion créative de l’architecte d’intérieur se trouve au plafond de cette même douche : le faux plafond tient en porte-à-faux sur deux de ses côtés afin de laisser des réserves dans lesquelles filtre la lumière intégrée dessous. « Quand nous nous lançons dans ce type de solutions, nous faisons préalablement une maquette réelle pour montrer aux clients le rendu des volumes et de la lumière », explique la pro.
Une autre preuve de la réflexion créative de l’architecte d’intérieur se trouve au plafond de cette même douche : le faux plafond tient en porte-à-faux sur deux de ses côtés afin de laisser des réserves dans lesquelles filtre la lumière intégrée dessous. « Quand nous nous lançons dans ce type de solutions, nous faisons préalablement une maquette réelle pour montrer aux clients le rendu des volumes et de la lumière », explique la pro.
Vous l’aurez compris, dans ce chantier, la confiance était encore plus importante que le budget pour les propriétaires, qui ont permis à leur architecte d’intérieur de donner le meilleur d’elle-même, soutenue par un dialogue continu. Grâce à leurs interrogations et à leur préparation, elle a pu aller loin dans ses réflexions, plaçant ce chantier sous le signe de l’optimisation des espaces et également d’une personnalisation créative.
« Ce projet a été marquant pour moi, car jamais je ne suis allée aussi loin dans la prise en compte de la vie de mes clients pour concevoir un cadre à leur image. C’est réellement grâce à leur préparation et à leurs demandes que le projet a pu être aussi élaboré et il a d’ailleurs fait pour moi figure de projet pilote pour plusieurs solutions », leur rend hommage Dominique Paolini.
ET VOUS ?
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« Ce projet a été marquant pour moi, car jamais je ne suis allée aussi loin dans la prise en compte de la vie de mes clients pour concevoir un cadre à leur image. C’est réellement grâce à leur préparation et à leurs demandes que le projet a pu être aussi élaboré et il a d’ailleurs fait pour moi figure de projet pilote pour plusieurs solutions », leur rend hommage Dominique Paolini.
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Le plateau de 90 m² était nu à l’achat. Une belle opportunité car tout pouvait être inventé selon le désir des propriétaires, mais qui impliquait également d’aménager ce loft à partir d’une page blanche : « Nous n’avions qu’une seule colonne et un conduit en entrant sur la gauche, ce qui a déterminé l’emplacement de la chaudière et des toilettes. Le reste a demandé deux mois d’études, des dizaines de dessins et plusieurs maquettes », pose d’emblée Dominique Paolini, pour nous faire saisir la difficulté à se projeter que représente un plateau vide et l’implication que requiert une création ex nihilo.