Visite Privée : 35 m² transformés en un espace modulable à Paris
Si les mètres carrés sont moins nombreux que les voleurs d’Ali Baba, ici on respire. Et on aménage en fonction de l’humeur
Paris et ses petites surfaces… Un terrain de jeu passionnant où l’on se décarcasse pour inventer des espaces. Dans ce qui était au départ un appartement étriqué et sans volume de 30 m² de l’avenue de Clichy, il a fallu déployer de l’imagination et un sacré sens du détail pour aboutir à un nouveau lieu aéré et modulable. Avec un truc en plus : des combles de 5 m², achetés à la copropriété par les nouveaux arrivants contre un euro symbolique. Très vite, l’idée a germé de les aménager en chambre et dressing, libérant ainsi le premier niveau pour un vaste salon-cuisine. Ne restait plus qu’à. Simon El Haage et Maria Enescu de l’agence Schemaa ont eu carte blanche pour tout réinventer. Et le projet est né.
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple d’ingénieurs, la petite trentaine
Emplacement : Paris XVIIᵉ
Superficie : 35 m²
Durée des travaux : quatre mois
Coût HT : 60 000 euros
Architectes : Simon El Haage et Maria Enescu, agence Schemaa
Photos : Fred Toulet
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple d’ingénieurs, la petite trentaine
Emplacement : Paris XVIIᵉ
Superficie : 35 m²
Durée des travaux : quatre mois
Coût HT : 60 000 euros
Architectes : Simon El Haage et Maria Enescu, agence Schemaa
Photos : Fred Toulet
« Notre premier objectif a été de faire du séjour un espace généreux », se souvient Simon El Hage. « D’optimiser un maximum. » Mission réussie. « C’était un appartement très éclaté et assez mal conçu »,raconte l’architecte. « Le séjour devenait un lieu de passage entre les différentes espaces. »
Comment coller aux goûts des propriétaires ? C’est tout simple, il suffit de discuter. « On envoie un questionnaire, on se rencontre», explique Simon. « On discute. On aime bien recevoir nos clients pour comprendre la façon dont ils vivent, s’ils aiment faire à manger etc. Au final, on a pu proposer quelque chose auquel ils ne s’attendaient pas, en choisissant d’utiliser de l’épicéa dans l’ensemble de l’appartement. Moins cher que le bois massif, il a une teinte claire qui renforce la luminosité des lieux et il est à la fois solide et résistant. »
Faisons preuve ici d’imagination pour visualiser la manière dont le couple investit les lieux au quotidien. Le canapé est aligné devant l’escalier. La télévision accrochée au mur entre l’escalier et la cuisine. L’espace brut offre de nombreuses possibilités d’aménagement.
Habitué des petits espaces parisiens, le couple ne pouvait assouvir sa passion des fourneaux. Contrainte budgétaire oblige, il a fallu se creuser un peu la tête pour conjuguer le beau et le pratique. Les meubles standard sont issus de la grande distribution. La suite ? Simplement une histoire d’ajustements et de façades, transformées par un menuisier.
Le choix de la couleur de la crédence a été épineux… Lors de la discussion préalable pour définir les goûts des propriétaires, une couleur est ressortie. « L"orange », révèle Simon. « On la retrouve sur certains détails, les lampes, les patères pour accrocher les manteaux. Sans être trop présente, elle personnalise l’appartement. »
De loin, l’équipement métallique posé au bas des deux fenêtres du salon interpelle. Il s’agit d’un radiateur industriel. Très efficace, il répond à deux problématiques. La première, esthétique, était d’échapper aux traditionnels rectangles blancs. La seconde, plus technique, était l’exigence d’une installation basse. Ce radiateur fonctionne au gaz.
Ce grand rectangle de bois accroché au mur ? La table, évidemment ! Habitué à recevoir, le couple ne pouvait s’en passer. Il fallait donc imaginer une solution pour qu’elle n’empiète pas sur le salon dans de trop grandes proportions. L’idée d’un équipement démontable s’est imposée. La conception de la table a nécessité de nombreux échanges avec le menuisier à l’atelier pour aboutir au résultat final.
Ce grand rectangle de bois accroché au mur ? La table, évidemment ! Habitué à recevoir, le couple ne pouvait s’en passer. Il fallait donc imaginer une solution pour qu’elle n’empiète pas sur le salon dans de trop grandes proportions. L’idée d’un équipement démontable s’est imposée. La conception de la table a nécessité de nombreux échanges avec le menuisier à l’atelier pour aboutir au résultat final.
Phase 1, on décroche le plateau du mur…
Phase 2, on fixe les pieds, un peu comme des queues de billard. En cinq minutes, le tour est joué.
Phase 2, on fixe les pieds, un peu comme des queues de billard. En cinq minutes, le tour est joué.
AP17 / Appartement C
Féru de lecture, le couple souhaitait un espace bibliothèque dans le salon. L’emplacement des étagères a constitué l’un des points de l’organisation de la pièce dans l’esprit des architectes. « On a tout de suite pensé à la mettre dans cet angle», explique Simon. « Le miroir, dans la diagonale de l’entrée, agrandit l’effet visuel et multiplie les fenêtres dès que l’on entre dans l’appartement. Il donne l’impression d’une bibliothèque plus large. » Les étagères reprennent la largeur de l’escalier, soit 66 centimètres. Elles respectent également l’altimétrie des marches.
Avec son ventre garni de placards et son look original, l’escalier suscite la curiosité. Il s’agit d’un escalier à pas japonais. Son immense atout ? Il est deux fois moins long qu’un escalier traditionnel. « Il se compose en demi-marches », explique Simon. « C’est le même rythme qu’un escalier normal. Il y a des gens qui s’y font tout de suite, d’autres pour lesquels c’est plus long. Dans le couple, monsieur s’est habitué très vite ; madame a eu besoin d’un peu plus de temps. » Installé sans rambarde, une solution a été étudiée pour ajouter une rampe ou un garde-corps au besoin.
Portons notre attention sur la bande au sol qui semble prolonger l’escalier. Dans le prolongement de la cuisine, le sol est également différent du reste de la pièce. « On a travaillé ça comme des bandes en 3D »,indique Simon. Les sols sont de la même matière que les équipements. Cela séquence un peu l’espace, recrée des frontières, étant donné qu’on a supprimé toutes les portes. »
Dessiné par les architectes, l’escalier a ensuite été conçu par un menuisier. On trouve de tout dans les placards. Côté murs, les grands rangements abritent aspirateur et table à repasser. Plus près du seuil, des livres, des papiers… Notez la faible largeur des portes. Tout sauf un hasard.« Elles font 28 centimètres », indique l’architecte. « On a choisi cette taille pour assurer un encombrement minimum. Il était par exemple très probable que les propriétaires installent un canapé devant l’escalier. Le faible débattement des portes réduit la perte d’espace. »
Très vite lorsqu’ils ont imaginé leur projet de rénovation, les propriétaires ont envisagé l’aménagement des combles en partie nuit (chambre + dressing). La saillie dans le plancher, le sol, le mur en béton alvéolaire… Il a fallu tout créer dans un espace où seules les poutres, qui ont été nettoyées, rappellent le temps d’avant. La pièce a ensuite été très simplement aménagée. Le garde-corps en bois peut être démonté pour laisser passer les gros objets.
Dans de faibles volumes, chaque détail compte. Comme la disposition des Velux. Les deux installés dans les combles ne sont pas alignés et ce, pour une bonne raison. « On essaie de savoir où les gens sont le plus souvent debout », explique l’architecte. « Dès qu’on met un Velux, on gagne tout de suite les 15-20 centimètres d’épaisseur pris par l’isolant et le plâtre. Cela évite de se recroqueviller en haut des escaliers. Dans le dressing, on l’a placé en plein milieu des armoires. Quand on travaille dans le petit, on doit connaître la vie des gens pour qu’ils se sentent le mieux possible. »
Voici les plans de l’appartement. On entre sur le côté de la cuisine. La salle de bains et les toilettes sont situées derrière cette dernière.
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