Au bord de l'eau
Visites Privées
Visite Privée : La ravissante maison de la romancière Viveca Sten
Au cœur de cet archipel suédois se cache la maison où Viveca Sten, auteure de polars à succès, écrit ses best-sellers
Par un vendredi du mois de juin, sur une jetée de l’archipel de Stockholm, résidents et visiteurs regardent passer les chariots élévateurs et les cyclomoteurs au milieu de la cohue matinale. La haute saison n’est pas encore commencée, les passagers du ferry regagnent leurs maisons et s’arrêtent un instant pour bavarder. De la foule émerge Viveca Sten, reconnaissable à son large chapeau de paille, qui salue amicalement les gens.
Laissant le port derrière nous, nous parcourons les ruelles de gravier qui serpentent entre les clôtures de bois peint et les lilas éblouissants. « La floraison dure longtemps ! Bien plus qu’en ville, où les lilas commencent à faner quand ici, ils fleurissent pendant encore un long moment », affirme-t-elle.
Laissant le port derrière nous, nous parcourons les ruelles de gravier qui serpentent entre les clôtures de bois peint et les lilas éblouissants. « La floraison dure longtemps ! Bien plus qu’en ville, où les lilas commencent à faner quand ici, ils fleurissent pendant encore un long moment », affirme-t-elle.
La famille de Viveca Sten possède une maison sur l’île depuis trois générations. Elle, son père, le père de son père et aujourd’hui sa fille et ses fils fréquentent l’endroit depuis l’enfance.
« Il y a cent ans, mes arrière-grands-parents ont acheté la maison familiale, située à quelques mètres d’ici, au fils d’un marin. Voir plusieurs générations se succéder au même endroit et partager les mêmes souvenirs d’enfance a quelque chose de très fort. Petite, j’allais le matin à la boulangerie en pyjama. Mes enfants, eux, cueillaient des fraises dans le jardin de leur grand-père et jouaient avec les enfants de mes amis », raconte l’auteure.
« Il y a cent ans, mes arrière-grands-parents ont acheté la maison familiale, située à quelques mètres d’ici, au fils d’un marin. Voir plusieurs générations se succéder au même endroit et partager les mêmes souvenirs d’enfance a quelque chose de très fort. Petite, j’allais le matin à la boulangerie en pyjama. Mes enfants, eux, cueillaient des fraises dans le jardin de leur grand-père et jouaient avec les enfants de mes amis », raconte l’auteure.
Viveca et son mari, Lennart, ont eu l’occasion d’acheter cette maison en 1998. « Je la voulais absolument mais les enchères faisaient trop monter le prix. J’avais presque jeté l’éponge lorsque, après de nombreuses nuits blanches, nous avons reçu un appel du courtier. Il nous a annoncé que la propriétaire, madame Forsman, une amie d’enfance de mon père, avait décidé de nous la laisser à un prix fixe parce qu’elle nous connaissait. J’ai eu beaucoup de mal à retrouver le sommeil après cet appel tant j’étais heureuse », se souvient-elle.
« Nous attendions notre troisième enfant lorsque nous sommes arrivés ici et les autres étaient encore petits. C’était très animé ! Cela se reflète dans le décor que nous avons choisi et ses couleurs fortes : bleu, rouge et blanc. Il y avait quelques espaces à rénover et nous avons effectué les travaux de base, mais le reste a dû attendre quelques années », explique Viveca.
« En 2010, lorsque notre plus jeune fils avait 12 ans, nous avons commencé à apporter des modifications à la maison. Les plâtres étaient à refaire et rapidement, les travaux de rénovation ont débuté. Une fois qu’on commence, autant tout faire d’un coup : nous avons changé la toiture, réparé les parquets, déplacé un mur, rénové la cuisine et installé de nouvelles fenêtres. J’ai réussi à déniché un vieux livre sur Sandhamn, où j’ai pu voir à quoi ressemblait la maison auparavant, et j’ai essayé de recréer quelque chose de semblable », raconte l’heureuse propriétaire, en nous montrant à grand renfort de gestes où se tenaient les anciens murs.
Lorsque des invités de haute taille entrent dans la cuisine, ils doivent se pencher pour éviter de se cogner la tête sur le linteau de la porte : « La maison a été construite par étapes et je suppose que certains éléments ont presque 200 ans. Nous avons essayé de préserver le charme ancien des lieux. Nous avons choisi, par exemple, de ne pas ouvrir la cuisine, car cela ne correspondrait pas à l’âge de la maison. À la place, nous avons opté pour un aménagement fonctionnel dans un style classique », explique l’écrivaine.
Le début des grands travaux a coïncidé avec la transformation de la famille. « Il était temps d’aménager un intérieur calme et harmonieux avec des formes douces et des palettes de couleurs claires, un peu plus fraîches et moins sévères. Avec ses pièces achetées aux enchères, ses meubles de famille, ses éléments nouveaux et ses éléments d’origine, comme les poêles par exemple, la maison est aujourd’hui apaisante », convie Viveca.
La balustrade de l’escalier est un élément d’origine. Lorsque Viveca et son mari ont acheté la maison, le dernier étage était un appartement autonome.
Une petite trappe aménagée dans le parquet conduit à un sous-sol excavé.
Une petite trappe aménagée dans le parquet conduit à un sous-sol excavé.
La salle de bains principale, tout comme celle des enfants à l’étage, propose de nombreuses solutions futées. « Les idées nous sont venues au fil des travaux. À côté des toilettes, sous la pente du toit, nous avons réussi à gagner de l’espace en réduisant les dimensions d’un grand placard dans la pièce voisine. Nous avons également réussi à aménager une cabine de douche. En la séparant du reste, il est devenu possible de fixer des panneaux de bois et d’installer un meuble vasque », explique Viveca.
De retour au rez-de-chaussée, on aperçoit un tableau au mur du salon. « C’est Lennart qui l’a accroché. La toile représente un port de la côte ouest d’où vient sa famille. Je le taquine en lui disant qu’il peut regarder le tableau chaque fois qu’il a envie de retourner là-bas », raconte l’auteure.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi cette maison est le lieu idéal pour se plonger dans l’écriture. « Ici, je travaille bien. Je me lève à six heures et j’écris tout l’après-midi et parfois même dans la soirée. Je m’octroie de courtes pauses pour une promenade ou un café. Je m’assois toujours au même endroit : la chaise au bout de la table à manger, celle avec une vue sur la véranda. »
Lors de notre passage, l’endroit était calme, mais dans quelques semaines, Sandhamn sera à la hauteur de sa réputation : un lieu de villégiature pour les marins et les touristes. La majorité des 100 000 visiteurs annuels viennent ici pour profiter de l’été suédois. Même si Sandhamn a attiré la bourgeoisie, les célébrités et les marins au cours des derniers siècles, le port a d’abord eu d’autres fonctions importantes : c’était une station de pilotage et un site d’opérations douanières.
« Les temps changent. La station de pilotage et les douanes ont été fermées il y a longtemps et aujourd’hui, c’est le tourisme qui fait vivre Sandhamn. Je suis très contente d’avoir passé tous mes étés ici et je souhaite redonner à Sandhamn un peu de ce que j’y ai reçu. L’intérêt pour l’île suscité par mes livres a eu un effet positif, c’est en quelque sorte ma contribution », explique Viveca Sten.
En redescendant vers le port, l’écrivaine désigne les vieux piliers du pont qui émergent des eaux, abîmés et usés. « Je les trouve très beaux, ils recèlent d’histoire et me rappellent une autre époque », s’émeut-elle.
« Ils évoquent aussi les saisons, car ils en portent la marque : le vent et la glace hivernale ont laissé leurs traces sur le bois. Mais je dois dire que c’est vraiment quelque chose lorsque, en été, les vagues joueuses nous invitent à nager. Chaque saison possède son propre charme et ici, leurs différences sont particulièrement frappantes et prennent une dimension dramatique. Le printemps prodigue une lumière magique, de même que l’été, mais j’apprécie particulièrement les mois d’octobre et novembre, quand on allume la cheminée et qu’on prépare le thé. Ou encore le milieu de l’hiver, lorsque la neige recouvre le paysage et étouffe les bruits et que les glaçons pendent des toits scintillants sous les rayons du soleil… Et soudain, on entend un clic lorsque, dans l’ombre, un doigt presse la gâchette ! En tant qu’écrivain, j’aime les contrastes et je ne suis évidemment pas la seule… L’obscurité a quelque chose d’irrésistible, tout comme l’intrigue qui s’y cache », conclut l’auteure.
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Qui habite ici : l’auteure et avocate Viveca Sten, son mari et leurs trois enfants adultes
Emplacement : Sandhamn, dans l’archipel de Stockholm, en Suède
Photos : Henrik Nero