Visite Privée : Une demeure coloniale au style flamboyant
À Chicago, une maison classique raconte sa propre histoire de l'art à travers de nombreux détails architecturaux
Cette maison, située au cœur du quartier de Lincoln Park de Chicago et créée par trois natifs du Midwest, n’est ni plus ni moins qu’une lettre d’amour à la « ville venteuse », à l’histoire de l’architecture et à l’art.
Tout a commencé avec son propriétaire, un homme avec une très forte personnalité, qui a l’œil pour l’art non conventionnel et un penchant pour dire tout ce qui lui passe par la tête. Il possède une entreprise de construction, qui est à l’origine de plusieurs projets commerciaux de la région, dont de nombreux magasins qui encerclent la ville. Lui, qui a grandi dans une des banlieues dangereuses, vivait dans les beaux quartiers de Winnetka quand il s’est décidé à acheter une maison à Chicago même.
La maison avait quelques défauts : le précédent occupant avait laissé le toit s’affaisser, rendant l’endroit inhabitable, sauf pour les pigeons. Michael Graham, de Liederbach & Graham Architects, explique : « La maison n’avait pas été entretenue depuis longtemps, il valait mieux repartir de zéro. »
Le nouveau propriétaire a fait appel à deux Chicagoans : Michael Graham (né dans le Missouri), et le designer d’intérieur Bruce Fox (né dans le Michigan), de Wells & Fox Architectural Interiors, pour créer une nouvelle maison, inspirée par une remise à calèches voisine transformée en magasin de fleurs et surtout construite avec autant de matériaux recyclés que possible. Au final, elle devait être à la hauteur de son regard de collectionneur d’art.
Tout a commencé avec son propriétaire, un homme avec une très forte personnalité, qui a l’œil pour l’art non conventionnel et un penchant pour dire tout ce qui lui passe par la tête. Il possède une entreprise de construction, qui est à l’origine de plusieurs projets commerciaux de la région, dont de nombreux magasins qui encerclent la ville. Lui, qui a grandi dans une des banlieues dangereuses, vivait dans les beaux quartiers de Winnetka quand il s’est décidé à acheter une maison à Chicago même.
La maison avait quelques défauts : le précédent occupant avait laissé le toit s’affaisser, rendant l’endroit inhabitable, sauf pour les pigeons. Michael Graham, de Liederbach & Graham Architects, explique : « La maison n’avait pas été entretenue depuis longtemps, il valait mieux repartir de zéro. »
Le nouveau propriétaire a fait appel à deux Chicagoans : Michael Graham (né dans le Missouri), et le designer d’intérieur Bruce Fox (né dans le Michigan), de Wells & Fox Architectural Interiors, pour créer une nouvelle maison, inspirée par une remise à calèches voisine transformée en magasin de fleurs et surtout construite avec autant de matériaux recyclés que possible. Au final, elle devait être à la hauteur de son regard de collectionneur d’art.
Bien que l’ancienne maison n’existe plus, ses briques sont toujours là. « Nous les avons toutes conservées et réutilisées », assure Michael, « c’est le genre de choses que nous aimons faire. »
Quand on lui demande si ses motivations sont altruistes ou esthétiques, Michael n’hésite pas et répond « les deux ». Tandis que son équipe et lui s’appliquent à réduire les pertes et à économiser de l’énergie, Michael, lui, adore cette patine si caractéristique des vieilles briques : « Elles ont cette couleur rose-ocre incroyable ! Nous avons complété les briques récupérées avec plus de 10 000 autres récoltées à partir de vieilles structures à Chicago. »
On peut apercevoir la maçonnerie dans la clôture qui entoure la propriété. Les détails sont révélateurs de ce qui se cache à l’intérieur : des briques et du bois, accentués par un travail du métal très intéressant. Le motif circulaire, symbole de chance irlandais, est un hommage à Samuel Yellin, un forgeron américain surnommé « Devil » (Diable) qui, tout comme le propriétaire, a des origines polonaises. Les motifs de la maçonnerie et du métal sont également des références à Edgar Miller, un designer prolifique du XXᵉ siècle à Chicago.
Les cercles sur le porche d’entrée sont peut-être le premier talisman que vous pourrez remarquer, mais ils ne sont qu’un des nombreux symboles et porte-bonheur qui ornent la maison.
Quand on lui demande si ses motivations sont altruistes ou esthétiques, Michael n’hésite pas et répond « les deux ». Tandis que son équipe et lui s’appliquent à réduire les pertes et à économiser de l’énergie, Michael, lui, adore cette patine si caractéristique des vieilles briques : « Elles ont cette couleur rose-ocre incroyable ! Nous avons complété les briques récupérées avec plus de 10 000 autres récoltées à partir de vieilles structures à Chicago. »
On peut apercevoir la maçonnerie dans la clôture qui entoure la propriété. Les détails sont révélateurs de ce qui se cache à l’intérieur : des briques et du bois, accentués par un travail du métal très intéressant. Le motif circulaire, symbole de chance irlandais, est un hommage à Samuel Yellin, un forgeron américain surnommé « Devil » (Diable) qui, tout comme le propriétaire, a des origines polonaises. Les motifs de la maçonnerie et du métal sont également des références à Edgar Miller, un designer prolifique du XXᵉ siècle à Chicago.
Les cercles sur le porche d’entrée sont peut-être le premier talisman que vous pourrez remarquer, mais ils ne sont qu’un des nombreux symboles et porte-bonheur qui ornent la maison.
Regardez au-dessus de la porte d’entrée, et vous verrez le balcon en métal noir de la chambre d’amis située au deuxième étage. Les cercles sur le bord inférieur décrivent les différentes phases lunaires. Il existe de nombreuses références dans toute la maison concernant le soleil, la lune et les étoiles. Quand on demande ce qu’elles signifient à l’architecte, celui-ci répond simplement « tout ».
Passez la porte, et vous serez face à une bâtisse qui ressemble à n’importe quelle autre maison coloniale des banlieues de Chicago. Mais ici, avec ses fenêtres noires et son portique de verre et de métal, le style traditionnel américain semble avoir revêtu une veste de moto en cuir couverte de pointes de métal.
Si vous regardez attentivement le portique, vous verrez des motifs d’étoiles, de soleil et d’esperluette. Quand on demande la signification de cette dernière, Michael fait référence au classique d’E. M. Forster, Avec vue sur l’Arno. Le livre raconte l’histoire d’une jeune Britannique, Lucy Honeychurch, qui visite l’Italie avec sa cousine. Après s’être plaintes de leur hébergement, elles ont la possibilité d’échanger leurs chambres avec des compatriotes britanniques, George Emerson et son père. Emerson vide alors sa chambre de tout effet personnel, en dehors d’une feuille de papier portant un point d’interrogation. Ce symbole laisse perplexes tant Honeychurch que le lecteur.
« Je suppose que cette esperluette est tout aussi ambiguë que ce point d’interrogation », répond Michael. Il veut visiblement susciter les réactions des hôtes.
« Je suppose que cette esperluette est tout aussi ambiguë que ce point d’interrogation », répond Michael. Il veut visiblement susciter les réactions des hôtes.
Le jardin se termine au niveau du garage et de la maison d’amis, laissant la place pour une cour bordée d’arbres.
« Dans une maison coloniale classique, vous seriez confronté à une entrée donnant sur une salle à manger d’un côté, et à un salon de l’autre », continue Michael. Mais dans cette maison, vous entrez dans une habitation de type loft, avec une grande pièce, haute de plafond, accueillant la salle à manger et le salon, la cuisine et un espace détente. « Cette conception d’un loft en briques avec des poutres apparentes fait très Chicago », intervient Bruce Fox. Michael et son équipe ont utilisé beaucoup d’éléments de récupération ici, y compris le parquet et l’acier recyclé.
« Le propriétaire n’a aucune limite dans son amour pour l’art et les couleurs », remarque Bruce. « La décoration intérieure est vaguement basée sur ce grand tableau de cheval. » Bruce a fait correspondre la peinture avec un grand tapis d’époque et un chandelier plein de personnalité. « Pour n’importe qui d’autre, ce tapis aurait été de trop, mais pas pour ce client », note-t-il.
Les marches de l’escalier ont été réalisées avec du métal découpé au laser. Le motif de chardon a été dessiné par l’architecte et représente une référence directe à Henri Labrouste, architecte du XIXᵉ siècle, et à son travail avant-gardiste du métal réalisé pour la bibliothèque Sainte-Geneviève. Il paraît que Labrouste a été inspiré pour ce travail par le Panthéon de Rome. Les grandes créations sont toujours inspirantes.
Le travail du métal prend aussi ses origines dans le Rookery Building, bâtiment commercial très connu de Chicago. La construction de 1888 est ornée de décorations en métal, et est considérée comme une œuvre d’art des architectes Daniel Hudson Burnham et John Wellborn Root.
L’escalier, quant à lui, est inspiré par le travail de Ludwig Mies van der Rohe, pionnier de l’architecture moderne, qui a commencé ses premières constructions à Chicago.
Le travail du métal prend aussi ses origines dans le Rookery Building, bâtiment commercial très connu de Chicago. La construction de 1888 est ornée de décorations en métal, et est considérée comme une œuvre d’art des architectes Daniel Hudson Burnham et John Wellborn Root.
L’escalier, quant à lui, est inspiré par le travail de Ludwig Mies van der Rohe, pionnier de l’architecture moderne, qui a commencé ses premières constructions à Chicago.
La cuisine se trouve à côté et en dessous de l’escalier. L’îlot central se distingue par ses pieds ornés de motifs étoilés, et par le vers d’un poème gravé dans le bord du comptoir.
Il s’agit d’un vers de Walt Whitman, tiré du poème « Song of Myself », que l’on voit mieux sur cette photo. On peut y lire : « Je hurle mon cri barbare sur tous les toits du monde. » Pour expliquer son choix, l’architecte répond : « Il n’y a pas de meilleure citation pour décrire mon client. C’est une personne énergique et bruyante qu’on est content de connaître. »
La table à manger se trouve en face de la cuisine. « J’aime beaucoup le tissu écossais pour les chaises capitaine. Comme beaucoup d’autres choses ici, elles sont inattendues », ajoute Bruce.
D’après l’architecte, ces assises sont très sollicitées : « Le propriétaire a beaucoup d’amis et trois enfants qui habitent non loin. Il y a des soirées organisées presque tous les vendredis et samedis. »
D’après l’architecte, ces assises sont très sollicitées : « Le propriétaire a beaucoup d’amis et trois enfants qui habitent non loin. Il y a des soirées organisées presque tous les vendredis et samedis. »
Une sculpture, surnommée « Big Mama » se trouve en permanence dans la pièce. Elle a été réalisée par Niki de Saint Phalle et porte en réalité le titre The Big Lady.
L’œuvre située à sa droite semble être une pancarte écrite à la main. Son message rassurant est démenti au dos par une conception différente qui prône que tout finira en enfer. « Si l’art choque et provoque, alors le propriétaire sera heureux », commente Bruce.
L’œuvre située à sa droite semble être une pancarte écrite à la main. Son message rassurant est démenti au dos par une conception différente qui prône que tout finira en enfer. « Si l’art choque et provoque, alors le propriétaire sera heureux », commente Bruce.
Retour au rez-de-chaussée où, derrière la « Grosse Dame » se trouve un jardin d’hiver surmonté de grandes fenêtres de toit. « C’est une pièce pour se détendre avec des amis en sirotant (et peut-être aussi en renversant) du vin », explique Bruce. Comme dans toute serre, les plantes y sont essentielles. « Les pots ont été modifiés et reposent sur une soucoupe qui facilite l’arrosage », poursuit Bruce.
On peut apercevoir le garage à travers la porte vitrée du jardin d’hiver. Les chambres d’amis et le salon se situent au-dessus.
On peut apercevoir le garage à travers la porte vitrée du jardin d’hiver. Les chambres d’amis et le salon se situent au-dessus.
Dans cette pièce, l’architecte a encore une fois caché un élément de décoration.
Parmi les motifs de chardon et de soleil, des séries d’étoiles à six branches (prises sur le drapeau de Chicago) courent sur deux larges poutres métalliques. Elles sont entrecoupées de symboles et porte-bonheur, dont la majorité provient des céréales colorées Lucky Charms. On y distingue un petit élément, un pique, plus connu par les parieurs que par les enfants.
Parmi les motifs de chardon et de soleil, des séries d’étoiles à six branches (prises sur le drapeau de Chicago) courent sur deux larges poutres métalliques. Elles sont entrecoupées de symboles et porte-bonheur, dont la majorité provient des céréales colorées Lucky Charms. On y distingue un petit élément, un pique, plus connu par les parieurs que par les enfants.
Dans la véranda, un escalier en colimaçon mène à la cave.
Les portes et fenêtres de la cave reprennent le modèle des portes métalliques extérieures. Une ancienne girouette est présentée dans le mur du fond.
Bien qu’il n’en soit pas sûr, Bruce suppose que cette table ronde a vu passer son lot de jeux de cartes. L’architecte en a également aménagé une salle de télévision, en plaçant un écran plat sur un chevalet détourné, de chez Pottery Barn.
Bien qu’il ne soit pas facile de s’en rendre compte sous cet angle de prise de vue, l’architecte indique que les crochets à rideaux ressemblent à un geste d’énervement de la main (avec un doigt levé) bien connu des motards à travers le monde.
Bien qu’il ne soit pas facile de s’en rendre compte sous cet angle de prise de vue, l’architecte indique que les crochets à rideaux ressemblent à un geste d’énervement de la main (avec un doigt levé) bien connu des motards à travers le monde.
De retour dans la maison principale, la chambre principale, située à l’étage supérieur, possède le même plafond à pignon. Le designer a tapissé les murs avec un tissu bleu en cachemire très particulier. « Cela donne une impression de cocon luxueux », explique Michael, « et le tissu insonorise très bien la chambre et en préserve le calme. »
Avec un marbre très marqué, la salle de bains en suite de la chambre principale est impressionnante ! Ses veines se dirigent vers une douche d’une taille plus que généreuse, en parois de verre, dotée d’un chauffage au sol et d’une porte s’ouvrant sur un balcon.
« Le verre de la paroi extérieure est opaque jusqu’aux épaules du propriétaire. Ainsi, il peut contempler Lincoln Park tout en prenant sa douche le matin », déclare Michael. Pour ceux qui connaissent Chicago, il s’agit d’une vue à hurler (pour reprendre les mots de Whitman).
« Le verre de la paroi extérieure est opaque jusqu’aux épaules du propriétaire. Ainsi, il peut contempler Lincoln Park tout en prenant sa douche le matin », déclare Michael. Pour ceux qui connaissent Chicago, il s’agit d’une vue à hurler (pour reprendre les mots de Whitman).
Est-ce que les invités et les curieux voient les nombreuses références architecturales ? Certains oui, et d’autres non, selon Michael, qui explique que ce travail peut être apprécié de diverses manières. Il explique : « C’est comme une pièce de William Shakespeare, certains spectateurs sont amusés par les blagues grivoises, et d’autres par les références plus existentielles, mais tous sont satisfaits de la même manière. »
Architectes : Liederbach & Graham Architects ; Michael Graham (associé), Erica Weeder, Christine Atterberry, Rafael Milewski, Manuela Montufar
Designers d’intérieur : Wells & Fox Architectural Interiors ; Bruce Fox, Lisa Noguchi
Constructeurs : Novak Construction ; John Novak, Ed Piper
Ingénieur des structures : Virgilio Associates ; Paul Virgilio
Ingénieurs mécaniques : Calor Design ; Robert Huston, Mario Berrones
Consultant en éclairage : CharterSills ; Mark Sills
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Emplacement : partie basse du centre-ville de Chicago
Superficie : Environ 850 m². La maison principale contient quatre chambres, quatre salles de bains et deux toilettes. La dépendance possède une chambre et une salle de bain.
Photos : Tony Soluri
Quand on regarde l’extérieur de la nouvelle maison, on remarque tout de suite que se fondre dans la masse n’était pas l’intention première du propriétaire. « C’est le projet le moins conventionnel que nous ayons réalisé », déclare Michael. On pourrait même dire que les conventions ont été laissées sur le pas de la porte. Après tout, peu de personnes penseraient à installer une sculpture bleue de près de 10 mètres de haut devant leur maison, en plein quartier résidentiel !
Cette pièce impressionnante de John Harris a été surnommée le « Big Blue » (le Grand Bleu) par les voisins. Son vrai titre est en fait Chevron. Cette sculpture a été à l’origine de discussions houleuses, d’une plainte, et a même eu sa propre page Facebook. Elle n’est actuellement pas à sa place.