Architecture
Architecture durable
Développement durable
Comment protéger nos villes de la chaleur ?
Quelles leçons tirer des projets d'urbanisme pour l'architecture résidentielle ?
Les intenses vagues de chaleur que nous avons connues cet été n’ont fait que renforcer le débat déjà existant autour du phénomène d’îlots de chaleur urbains. Ces fortes élévations de chaleur sont favorisées par la minéralisation des villes et leur configuration peu adaptée au rafraîchissement, à la densité du bâti ou encore aux activités urbaines. Le salon Batimat, qui s’est tenu du 3 au 6 octobre 2022 à Paris, a été l’occasion pour les architectes de renom d’échanger sur le sujet et de partager les solutions à mettre en place dès maintenant dans les constructions, notamment lors de la conférence
« Rafraîchir nos villes, pièges à chaleur », à laquelle nous n’avons pas manqué d’assister. Voici donc un résumé des solutions évoquées pour combattre la chaleur en ville, inspirantes et adaptables également à l’architecture résidentielle, neuve ou rénovée.
« Rafraîchir nos villes, pièges à chaleur », à laquelle nous n’avons pas manqué d’assister. Voici donc un résumé des solutions évoquées pour combattre la chaleur en ville, inspirantes et adaptables également à l’architecture résidentielle, neuve ou rénovée.
Apporter plus de végétal sur les façades
Sa consœur Anouk Legendre, fondatrice de l’agence XTU Architects avec Nicolas Desmazières, s’est quant à elle concentrée sur des solutions passives et bioclimatiques, consistant à apporter plus de végétal dans la ville pour combattre les îlots de chaleur.
« Végétaliser les sols, les façades et les toitures permet d’apporter de l’humidité et de l’ombre, essentielles pour rafraîchir les villes, notamment grâce à la création de courants d’air qui passent dans ces zones humides et dans les jardins », explique l’architecte.
Pour y arriver, elle concentre ses efforts sur deux catégories de solutions. La première, baptisée « low tech », consiste a apporter de la végétation dans des zones très minéralisées. « Dans les villes, un quart des rues ne sont pas utiles aux voitures, mais leur sol sombre emmagasine la chaleur. On pourrait donc envisager de les végétaliser sur les côtés ou en leur centre pour contrer le phénomène. » Elle mentionne également des solutions « high tech » comme le système de bio-façade active. Un mur-rideau, composé d’eau, présent sur toute la façade du bâtiment assure l’étanchéité, la régulation thermique et la production de biomasse, soit de micro-algues qui absorbent le CO2.
Mondial du Bâtiment 2022 : Que retenir ?
Sa consœur Anouk Legendre, fondatrice de l’agence XTU Architects avec Nicolas Desmazières, s’est quant à elle concentrée sur des solutions passives et bioclimatiques, consistant à apporter plus de végétal dans la ville pour combattre les îlots de chaleur.
« Végétaliser les sols, les façades et les toitures permet d’apporter de l’humidité et de l’ombre, essentielles pour rafraîchir les villes, notamment grâce à la création de courants d’air qui passent dans ces zones humides et dans les jardins », explique l’architecte.
Pour y arriver, elle concentre ses efforts sur deux catégories de solutions. La première, baptisée « low tech », consiste a apporter de la végétation dans des zones très minéralisées. « Dans les villes, un quart des rues ne sont pas utiles aux voitures, mais leur sol sombre emmagasine la chaleur. On pourrait donc envisager de les végétaliser sur les côtés ou en leur centre pour contrer le phénomène. » Elle mentionne également des solutions « high tech » comme le système de bio-façade active. Un mur-rideau, composé d’eau, présent sur toute la façade du bâtiment assure l’étanchéité, la régulation thermique et la production de biomasse, soit de micro-algues qui absorbent le CO2.
Mondial du Bâtiment 2022 : Que retenir ?
S’inspirer de l’architecture des pays du Sud
Pour Franck Boutté, architecte détenteur du Grand Prix d’urbanisme 2022, la clé se trouve dans l’architecture des pays du Sud. Il rappelle qu’en 2050 Paris aura le même climat que Séville, en Espagne, et que Tanger, au Maroc, en 2100. « Il faut avoir le Sud comme horizon, car le réchauffement climatique est arrivé. Il ne s’agit plus de l’atténuer, mais de s’y adapter », a-t-il précisé.
Il identifie trois étapes essentielles pour contribuer au rafraîchissement des villes :
Pour Franck Boutté, architecte détenteur du Grand Prix d’urbanisme 2022, la clé se trouve dans l’architecture des pays du Sud. Il rappelle qu’en 2050 Paris aura le même climat que Séville, en Espagne, et que Tanger, au Maroc, en 2100. « Il faut avoir le Sud comme horizon, car le réchauffement climatique est arrivé. Il ne s’agit plus de l’atténuer, mais de s’y adapter », a-t-il précisé.
Il identifie trois étapes essentielles pour contribuer au rafraîchissement des villes :
- Se protéger et éviter : soit dessiner des formes urbaines autoprotectrices avec des matériaux plutôt clairs et au coefficient de réflexion élevé. Mais aussi dessiner des bâtiments qui s’autoprotègent avec de l’ombre et considèrent le vent comme une valeur positive. Enfin, travailler les façades avec des grands débords qui servent d’espaces tampons et deviennent, en parallèle, des zones d’usage.
- Disperser ensuite les calories excédentaires restantes en utilisant le vent. Il s’agit là de disposer les voies en fonction du vent pour redessiner la trame urbaine et de créer des surfaces d’échange avec le végétal et l’eau. Mais aussi en redessinant l’intérieur des bâtiments pour y permettre un écoulement de l’air entre les pièces.
- Réguler : jouer sur l’inertie et le mix matériaux pour créer des bâtiments plus légers qui conservent leur inertie, donc leur effet tampon, en ajoutant un système de ventilation pour vider ce tampon.
Repenser le paysagisme
Les espaces verts et jardins jouent également un rôle clé dans le rafraîchissement des villes. C’est ce qu’a rappelé le paysagiste concepteur Jean-Marc Bouillon, fondateur de Takahé Conseil et président du fonds de dotation Intelligence Nature, lors de la conférence.
« Dans les années 1970, le paysage était décoratif, dans les années 1980 il est devenu social et dans les années 2000 il a été considéré comme environnemental. Aujourd’hui, le paysage est écosystémique car il produit des fonctions utiles aux problèmes que nous avons à résoudre, et reprend donc une position centrale : 80 % à 90 % des urbains envisagent la ville de demain plus verte », a développé le paysagiste lors de son intervention. Selon lui, il s’agit de renouer avec la nature à travers l’eau et le végétal, en se concentrant notamment sur l’eau de pluie qui part dans les canalisations pour les réintégrer dans les sols et ainsi permettre l’alimentation naturelle des végétaux. « Nous sommes en mesure aujourd’hui de repérer toutes les opportunités d’infiltration de l’eau pour faire vivre les végétaux et limiter le besoin d’arrosage. »
Il rappelle par ailleurs que la nature doit être considérée comme une infrastructure car elle est multiservices : « On plante pour rafraîchir, stocker du CO2, réduire le bruit, agir en faveur de la biodiversité ou encore augmenter l’indice de canopée, soit le pourcentage d’ombre créée au sol par un végétal de plus de trois mètres de haut. Mais planter les rues ne suffira pas. Il faut aussi prendre en compte le fait que 70 % des arbres d’une ville sont situés dans les jardins privés. Les citoyens, qui étaient auparavant usagers de leur ville, en deviennent des coauteurs. »
Quel avenir pour les espaces verts en zone urbaine ?
Les espaces verts et jardins jouent également un rôle clé dans le rafraîchissement des villes. C’est ce qu’a rappelé le paysagiste concepteur Jean-Marc Bouillon, fondateur de Takahé Conseil et président du fonds de dotation Intelligence Nature, lors de la conférence.
« Dans les années 1970, le paysage était décoratif, dans les années 1980 il est devenu social et dans les années 2000 il a été considéré comme environnemental. Aujourd’hui, le paysage est écosystémique car il produit des fonctions utiles aux problèmes que nous avons à résoudre, et reprend donc une position centrale : 80 % à 90 % des urbains envisagent la ville de demain plus verte », a développé le paysagiste lors de son intervention. Selon lui, il s’agit de renouer avec la nature à travers l’eau et le végétal, en se concentrant notamment sur l’eau de pluie qui part dans les canalisations pour les réintégrer dans les sols et ainsi permettre l’alimentation naturelle des végétaux. « Nous sommes en mesure aujourd’hui de repérer toutes les opportunités d’infiltration de l’eau pour faire vivre les végétaux et limiter le besoin d’arrosage. »
Il rappelle par ailleurs que la nature doit être considérée comme une infrastructure car elle est multiservices : « On plante pour rafraîchir, stocker du CO2, réduire le bruit, agir en faveur de la biodiversité ou encore augmenter l’indice de canopée, soit le pourcentage d’ombre créée au sol par un végétal de plus de trois mètres de haut. Mais planter les rues ne suffira pas. Il faut aussi prendre en compte le fait que 70 % des arbres d’une ville sont situés dans les jardins privés. Les citoyens, qui étaient auparavant usagers de leur ville, en deviennent des coauteurs. »
Quel avenir pour les espaces verts en zone urbaine ?
Si la discussion au cours de cette conférence tournait davantage autour des projets d’urbanisme neufs, il est important de rappeler que ces solutions trouvent aussi leur application en rénovation. Un point d’ailleurs appuyé par Franck Boutté : « Les bâtiments neufs représentent une part infime du parc. Il faut donc retranscrire ce qu’on peut faire dans le neuf dans l’existant. » Cela est également valable pour l’architecture et la rénovation résidentielles, pour lesquelles ces solutions peuvent se montrer très inspirantes.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de ces solutions pour combattre les îlots de chaleur et rafraîchir les villes ?
Que pensez-vous de ces solutions pour combattre les îlots de chaleur et rafraîchir les villes ?
Lors de son intervention, l’architecte Nicolas Laisné, fondateur de l’agence éponyme, a développé sa solution pour protéger simplement les bâtiments contre le réchauffement climatique. Pour lui, il s’agit de prolonger les extérieurs avec des balcons et extensions qui protègent les bâtiments du rayonnement solaire. « Le prolongement des extérieurs, en plus d’éviter la pose de lames orientables et de stores pour ombrager les espaces, permet de leur donner de l’usage », détaille l’architecte.
Il illustre son propos par le projet d’immeuble résidentiel sur lequel il a travaillé à Montpellier, baptisé l’Arbre blanc : « Chaque appartement est doté de très grands balcons, avec entre 3,5 et 7,5 mètres de porte-à-faux. Cela permet de casser les rayons du soleil en été avant qu’ils n’arrivent sur la façade. En hiver, ils rentrent à l’inverse dans les logements car l’environnement est dégagé. »
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