Architecture
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Architecture : Une extension entre pixels et Monopoly
Retour sur la construction à Viroflay d'une extension atypique au revêtement réalisé en patchwork de tuiles émaillées
Non loin de Versailles, dans un quartier pavillonnaire à proximité de la forêt de Fausses-Reposes, un jeune couple a fait l’acquisition d’une maison avec un grand jardin dans l’idée d’y fonder une famille. La demeure bourgeoise a beaucoup de charme avec son soubassement de pierres, ses briques enduites et ses faux colombages dans un style années 20 typique dans la région. Mais ses petites pièces cloisonnées ne sont pas des plus pratiques et les quelques marches pour atteindre le rez-de-chaussée la déconnectent de son beau jardin. Les propriétaires sont en recherche d’un mode de vie plus contemporain, avec davantage de lumière, d’espace, de nature. Ainsi germe l’idée d’une extension derrière la maison, dans laquelle le nouveau salon profiterait de grandes ouvertures vers les espaces verts, si prisés lorsque l’on vit en région parisienne. La rencontre avec les architectes ne se résume pas à une redistribution modernisée de l’intérieur de la maison. Marc Sirvin, Clémence Eliard et Laurent Malraux ont proposé au jeune couple une enveloppe extérieure avant-gardiste à la peau pixelisée, réalisée par un patchwork de tuiles émaillées. Pour laquelle ils signent immédiatement !
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple et ses deux enfants (2 ans et 2 mois)
Emplacement : à Viroflay (Yvelines), à proximité de la forêt de Fausses-Reposes
Durée des travaux : un an
Superficie : maison : 150 m² ; extension : 50 m²
Architectes : Agence SML (Marc Sirvin et Clémence Eliard) en collaboration avec Laurent Malraux
Budget : 3 000 euros/m²
Anecdote : L’extension a été très bien accueillie par le voisinage. L’une des voisines de la maison, céramiste, a même particulièrement apprécié cette originale réalisation.
Photos : Hervé Abbadie
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple et ses deux enfants (2 ans et 2 mois)
Emplacement : à Viroflay (Yvelines), à proximité de la forêt de Fausses-Reposes
Durée des travaux : un an
Superficie : maison : 150 m² ; extension : 50 m²
Architectes : Agence SML (Marc Sirvin et Clémence Eliard) en collaboration avec Laurent Malraux
Budget : 3 000 euros/m²
Anecdote : L’extension a été très bien accueillie par le voisinage. L’une des voisines de la maison, céramiste, a même particulièrement apprécié cette originale réalisation.
Photos : Hervé Abbadie
Dans ce quartier résidentiel historique de Viroflay, en bordure de forêt, il fallait oser cette extension un brin extravagante, recouverte du sol au faîte par des écailles aux couleurs panachées. L’obtention du permis de construire n’a pas été évidente : il a fallu s’accrocher sept mois pour recevoir le précieux sésame ! Mais ni la forme de l’extension ni sa peau multicolore n’en sont responsables. Marc Sirvin, l’architecte principal du projet, avait au départ envisagé de vastes ouvertures en bandeaux. L’architecte des Bâtiments de France les a recalées car la zone est « inscrite » (en périmètre de bâtiment classé). Bien qu’ouvert à l’innovation architecturale, il a préféré un dessin de fenêtres plus conforme à l’existant. Une modification jugée constructive par les architectes.
L’extension en parpaings recouverts de tuiles de terre cuite ne se voit pas du tout de la rue. Elle est située sur la face arrière de la maison dont la porte d’entrée, côté rue, est à droite de notre visuel. Sa forme très étroite s’est imposée en raison du PLU. « On était au maximum du gabarit », explique Clémence Eliard. « On a donc joué sur cette étroitesse et nous avons eu l’idée de cette forme toute simple à la toiture à deux pans, celle d’une maison de Monopoly. Nous voulions calmer le jeu au niveau de la forme, étant donné l’habillage que nous avons proposé. »
D’où est venue l’idée peu commune de cette peau de tuiles émaillées ? « En observant les toitures de la maison et de celles environnantes en tuiles mécaniques, nous avons eu envie de les réinterpréter de manière très contemporaine », explique Marc Sirvin. « La terre cuite est un matériau que nous apprécions beaucoup. » Les architectes ont donc opté pour une tuile mécanique à pureau (la partie visible de la tuile) plat.
Tuiles : modèle Rully chez Terreal
Tuiles : modèle Rully chez Terreal
Et quant au motif pixelisé ? Marc se souvient avoir visité enfant les hospices de Beaune et d’en avoir admiré la toiture à motifs. Il a également été inspiré par le marché Sainte-Catherine à Barcelone, au toit conçu en gros pixels de céramique.
« En ce qui concerne les teintes, nous les avons choisies en cohérence avec le noir de la charpente, le rouge des colombages, le blanc-gris de la façade. Nous voulions que l’extension s’intègre dans le paysage. Nous avons employé davantage de tuiles noires au sol pour l’ancrer et avons opéré un dégradé de plus en plus clair en montant afin de la dématérialiser, de la faire apparaître plus légère », explique Clémence Eliard.
« En ce qui concerne les teintes, nous les avons choisies en cohérence avec le noir de la charpente, le rouge des colombages, le blanc-gris de la façade. Nous voulions que l’extension s’intègre dans le paysage. Nous avons employé davantage de tuiles noires au sol pour l’ancrer et avons opéré un dégradé de plus en plus clair en montant afin de la dématérialiser, de la faire apparaître plus légère », explique Clémence Eliard.
Sur cette peau, que l’on voit ici en détail, s’opère à la fois un jeu de couleurs et de finitions brillante et mate qui la rend chatoyante et lui donne un air d’œuvre d’art. À noter que l’architecte Clémence Eliard n’en est pas à sa première expérience de peau écaillée. En 2011, son installation Waste Landscape, qui mettait en scène 60 000 CD agencés en un paysage de collines au Centquatre à Paris, avait fait largement parler d’elle.
On peine à se rendre compte du travail colossal qu’a demandé le calepinage de ces tuiles plates. Pour emporter l’adhésion des propriétaires qui avaient du mal à se rendre compte du rendu final, les architectes ont d’abord fait une maquette taille réelle dans le jardin. « Il s’agissait d’un assemblage posé au sol des tuiles qui seraient utilisées pour la façade sur une surface de 2 x 2 mètres. En architecture, on appelle ça un mock-up, un témoin de façade à l’échelle 1/1 », explique Marc.
Puis il a fallu traiter chaque façade en faisant manuellement la répartition des tuiles, ce qui a coûté quelques nuits de travail à Marc.
Ci-dessus, le plan de calepinage d’une des façades réalisé sur ordinateur.
Puis il a fallu traiter chaque façade en faisant manuellement la répartition des tuiles, ce qui a coûté quelques nuits de travail à Marc.
Ci-dessus, le plan de calepinage d’une des façades réalisé sur ordinateur.
Une autre des difficultés de cet ouvrage a été de relier la maison existante et l’extension au niveau de la toiture. Côté jardin, les architectes n’ont pas choisi une gouttière classique, mais ont combiné un chéneau encastré avec une boîte à eau…
L’absence de gouttières visibles sur les côtés du toit rend le dessin du pignon plus pur et plus léger. Une attention particulière a été portée à la réalisation des arêtes au moyen de joints croisés, car les architectes n’ont pas utilisé de modules d’angle pour relier les tuiles.
À savoir, la peau de tuiles émaillées rend la façade totalement étanche et « autonettoyante ». Toutefois, ce matériau ne garantit pas une isolation accrue du bâtiment. Les parpaings de la construction ont été isolés en laine de roche doublée d’un pare-pluie.
À savoir, la peau de tuiles émaillées rend la façade totalement étanche et « autonettoyante ». Toutefois, ce matériau ne garantit pas une isolation accrue du bâtiment. Les parpaings de la construction ont été isolés en laine de roche doublée d’un pare-pluie.
L’intérieur de l’extension a été agencé par l’architecte Laurent Malraux. En rez-de-chaussée se trouve le nouveau salon de la maison, qui profite pleinement des extérieurs grâce à ses deux grandes baies vitrées Technal Lumeal. Elles disposent de la taille maximum en hauteur, soit 3 mètres.
À l’étage se situe désormais la suite parentale composée d’une chambre, d’une salle de bains et d’un dressing menuisé.
À l’étage se situe désormais la suite parentale composée d’une chambre, d’une salle de bains et d’un dressing menuisé.
Il va sans dire que cette adjonction a demandé le percement vers la maison d’origine et la redistribution des espaces. Ainsi, en bas, le salon s’ouvre désormais sur la salle à manger totalement refaite dans la partie ancienne. À l’étage, la chambre des parents et celles des enfants communiquent par un nouveau couloir. À chaque étage, l’extension a provoqué un changement de niveau avec la maison d’origine, rattrapé par quatre marches. Le budget consacré à la rénovation de l’existant et à sa redistribution a doublé celui de l’extension.
ET VOUS ?
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