Avant/Après
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Avant/Après : Un aménagement modulaire ultime dans 23 m2
L'histoire de la naissance d'ilô, une structure tout-en-un qui veut révolutionner la vie dans les petits espaces
Thibaud Mazet n’en a pas encore conscience mais il fait partie de la grande famille des makers, ces amateurs enthousiastes de machines fantastiques qui remplissent d’étoiles les yeux des petits et grands. Il a commencé sa carrière en Bureau d’étude Bâtiment, l’a poursuivie par une formation de menuisier avant de se lancer il y a une dizaine d’années à son compte comme agenceur, spécialiste de l’aménagement sur mesure en rénovation. Mais au fond de lui, Thibaud porte depuis longtemps un autre projet, celui d’améliorer la vie des urbains qui habitent trop petit. C’est en vadrouillant en van en Australie et Nouvelle-Zélande, que ce passionné de kite surf et de sports de plein air a découvert la modularité des espaces : « On ne fait souvent qu’une chose à la fois : quand on est couché on ne cuisine pas ; quand on mange, on ne s’habille pas ; quand on range on ne reçoit pas… » Cette vision l’a durablement marqué et en 2018, il vend son bel appartement Grenoblois de 50 m² pour une loge de concierge de 23 m² et une idée d’aménagement modulaire et motorisé en tête. Quatre ans après, cette fantastique solution d’aménagement compacte et tout-en-un est prête à être commercialisée. Voici l’histoire de la V1, qu’il a mise au point, longuement peaufinée et installée dans son propre appartement.
Avant. Dans un bel immeuble des années 30 du quartier des Eaux-Claires à Grenoble, Thibaud a acquis 23 m² sur rue, au rez-de-chaussée surélevé : l’ancienne loge du concierge. L’appartement n’a qu’une seule fenêtre et, de l’autre côté, présente le volume cloisonné de la salle de bains/toilettes.
Son idée est de tester grandeur nature un concept d’aménagement où les fonctions nécessaires à la vie seraient compactées au maximum et réplicables dans la plupart des petits espaces. C’est ainsi qu’il a commencé à mettre au point sa structure préfabriquée qu’il nomme ilô.
Son idée est de tester grandeur nature un concept d’aménagement où les fonctions nécessaires à la vie seraient compactées au maximum et réplicables dans la plupart des petits espaces. C’est ainsi qu’il a commencé à mettre au point sa structure préfabriquée qu’il nomme ilô.
Après. L’agenceur a plusieurs axes de travail. Pour lui qui n’est plus étudiant depuis longtemps, le confort est un besoin de première nécessité. Il souhaite aménager les lieux en gardant le plus possible d’espace libre pour vivre, bouger et recevoir et que chacun des aménagements soit de taille confortable. « Le manque d’espace est une contrainte en soi, il ne faut pas en prime qu’il devienne un fléau. Rares sont les plans de travail de studio dépassant les 60 cm hors équipement. Comment peut-on cuisiner là-dessus ? », s’interroge-t-il.
Sa seconde idée directrice est que sa structure soit réplicable dans un maximum d’espaces, avec pour objectif, à terme, de la commercialiser pour soulager tous les urbains qui, vivent dans des espaces réduits, parfois en famille. « La taille moyenne d’un appartement est de 63 m² en France et seulement 45 à Paris ! », rappelle-t-il.
Troisième objectif, il souhaite faciliter et accélérer les travaux d’aménagement des petits espaces urbains. « Savez-vous qu’au cœur de Lyon, certains artisans refusent les projets de petits espaces car ils sont très contraignants et peu rémunérateurs ou surfacturent jusqu’à 135 euros par jour la pénibilité d’intervention (stationnement, approvisionnement, évacuation des déchets) ! », s’indigne-t-il.nIl a donc réfléchi son aménagement avec en tête les maisons à structures bois que l’on monte en seulement quelques jours.
Sa seconde idée directrice est que sa structure soit réplicable dans un maximum d’espaces, avec pour objectif, à terme, de la commercialiser pour soulager tous les urbains qui, vivent dans des espaces réduits, parfois en famille. « La taille moyenne d’un appartement est de 63 m² en France et seulement 45 à Paris ! », rappelle-t-il.
Troisième objectif, il souhaite faciliter et accélérer les travaux d’aménagement des petits espaces urbains. « Savez-vous qu’au cœur de Lyon, certains artisans refusent les projets de petits espaces car ils sont très contraignants et peu rémunérateurs ou surfacturent jusqu’à 135 euros par jour la pénibilité d’intervention (stationnement, approvisionnement, évacuation des déchets) ! », s’indigne-t-il.nIl a donc réfléchi son aménagement avec en tête les maisons à structures bois que l’on monte en seulement quelques jours.
Après. Après avoir réalisé lui-même les travaux préparatoires, pendant lesquels il a découvert un très beau mur de briques et une ancienne cheminée qu’il a bien sûr valorisés, il a implanté sa structure multifonction. Celle-ci comprend un coin nuit, une salle d’eau, des toilettes, un plan avec évier et dissimule des modules dynamiques personnalisables (cuisine, penderie, bar). C’est cette structure préfabriquée globale que Thibaut appelle « ilô » ou encore « le cube de vie ».
Habitué à faire des agencements sur mesure, le professionnel a réfléchi à un dessin contemporain avec des blocs qui créent un bel encadrement dans la pièce. La structure est à base de caissons classiques en mélaminé et les finitions en baubuche (une sorte de lamellé-collé de hêtre), en tripli et stratifié antitraces de doigts. Au fond à gauche de la structure, prend place l’alcôve de nuit tandis que sur la droite, se cachent les toilettes et la salle d’eau. Le premier plan est occupé par un linéaire avec évier et le tout, truffé de rangements.
Habitué à faire des agencements sur mesure, le professionnel a réfléchi à un dessin contemporain avec des blocs qui créent un bel encadrement dans la pièce. La structure est à base de caissons classiques en mélaminé et les finitions en baubuche (une sorte de lamellé-collé de hêtre), en tripli et stratifié antitraces de doigts. Au fond à gauche de la structure, prend place l’alcôve de nuit tandis que sur la droite, se cachent les toilettes et la salle d’eau. Le premier plan est occupé par un linéaire avec évier et le tout, truffé de rangements.
Habillés de baubuche, les placards latéraux de faible profondeur servent, à gauche, à dissimuler le téléviseur et, à droite, à rassembler des éléments techniques (tableau électrique, box) et d’entretien. Il y a en effet un aspirateur balai toujours branché à l’intérieur.
Pour grimper sur la structure et atteindre le coin nuit, on emprunte un module à pas japonais, attenant à la façade de l’estrade. Pour ne pas perdre un centimètre, cet escalier a été pensé comme le coin nuit de Bunny, le lapin nain tricolore de Thibaud.
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Explorons le coin nuit caché au fond à gauche de la structure derrière un rideau. Une alcôve de 140 x 200 centimètres encadre le lit dont les côtés ont été équipés d’étagères. Sur la droite, derrière la verrière, se trouve la salle d’eau.
Ici, nous contemplons le coin nuit depuis la salle d’eau. Thibaud a artistiquement enchevêtré les fils électriques de deux baladeuses afin de créer une tête de lit personnalisée et bien éclairée. Le lit est posé sur l’estrade, surélevée du sol de 90 centimètres, ce qui permet de conserver 1,60 mètre de débattement avec une hauteur sous plafond classique. Ici, comme l’appartement fait 3 mètres de haut, il reste 2,10 mètres dans l’alcôve où l’on peut donc se mettre debout. La partie haute, au-dessus de la salle d’eau, a été équipée d’étagères pour les vêtements.
Toute revêtue de noir, la petite salle d’eau capte un peu de luminosité naturelle par le truchement de la verrière et du coin nuit. Son plan en baubuche supporte la vasque. En dessous se cache le lave-linge. L’étagère munie d’une prise et d’un interrupteur donne un aperçu des talents d’ébéniste de Thibaud qui l’a réalisée à la main.
Nous n’avons pas de photo de la douche mais celle-ci est très vaste (150 x 80 centimètres) : un des désirs du propriétaire des lieux qui ne tenait pas à se contorsionner pendant ce moment de bien-être.
Plus de photos de salles de bains noires sur Houzz
Nous n’avons pas de photo de la douche mais celle-ci est très vaste (150 x 80 centimètres) : un des désirs du propriétaire des lieux qui ne tenait pas à se contorsionner pendant ce moment de bien-être.
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C’était un parti pris de Thibaud de laisser tout le temps accessible le point d’eau mais de dissimuler les éléments techniques de cuisson. Juste sous l’évier se trouvent la poubelle de tri et, à droite, le réfrigérateur top.
À droite de l’évier, une autre poubelle de table est dédiée aux déchets organiques et épluchures diverses, stockées là astucieusement avant de rejoindre le compost.
Passons maintenant à la découverte de l’intérieur de l’ilô. Sous l’estrade de 90 centimètres de haut (hauteur de plan de travail) se dissimulent en effet les éléments multifonctions que Thibaud a baptisé les Milô (pour Modules ilô). Dans son studio, Thibaud en a implanté trois, situés à gauche de l’évier. Ces modules coulissent depuis le dessous de l’estrade et s’extraient sans aucune peine au moyen d’un système motorisé qu’il a mis au point. « Un énorme travail car dans le domaine de l’habitat il y a des normes très strictes. Le module cuisine peut peser jusqu’à 500 kg et il ne s’agit pas qu’il casse un doigt ou écrase le lapin en coulissant. Aussi tout a été pensé avec sécurité et les modules équipés d’un capteur de présence », explique l’agenceur qui s’est depuis rapproché de l’ingénieur Simon Etchebarne pour peaufiner encore le système en cours d’acquisition de brevet.
Ainsi se dévoile le module cuisine habillé d’un tonique jaune bonne humeur, un linéaire de 260 centimètres de long qui se rajoute au retour fixe comportant l’évier (140 centimètres), ce qui offre une cuisine des plus confortables pour un si petit logement !nLe développement a été ardu pour que le module mobile coulisse sans rail de guidage au sol et puisse intégrer des éléments de cuisson. Mais notre inventeur, véritable maker dans l’âme, a su mettre au point à chaque obstacle technique un système fiable.
Prochaine évolution : changer la plaque de cuisson à induction pour un modèle avec hotte de plan de travail intégré ! « Je ne l’avais pas fait pour l’instant à cause du prix de ces équipements », justifie Thibaud.
Prochaine évolution : changer la plaque de cuisson à induction pour un modèle avec hotte de plan de travail intégré ! « Je ne l’avais pas fait pour l’instant à cause du prix de ces équipements », justifie Thibaud.
Si dans le coin nuit se trouvent des étagères pour vêtements pliés, il fallait bien nicher une penderie dans ce logement. Un autre Milô est venu à la rescousse, taillé pour recevoir plus de deux mètres linéaires d’habits sur cintres.
La première partie à gauche du module en tripli apparaît fermée : « en effet, en façade de l’ilô se trouvent de grands tiroirs de rangement. Quand la structure est fermée, on peut ouvrir seulement le tiroir en façade ou extraire le Milô en entier. C’est un principe cousin du tiroir à l’anglaise », décrypte le pro.
La première partie à gauche du module en tripli apparaît fermée : « en effet, en façade de l’ilô se trouvent de grands tiroirs de rangement. Quand la structure est fermée, on peut ouvrir seulement le tiroir en façade ou extraire le Milô en entier. C’est un principe cousin du tiroir à l’anglaise », décrypte le pro.
Autre module, autre surprise. Voilà maintenant l’appartement en mode festif avec ce bar bien achalandé qui sort en fond d’appartement, laissant une grande place centrale pour recevoir et même danser ! Enfin, si Bunny veut bien regagner sa cachette.
Après avoir installé cet ilô V1 dans son propre appartement, Thibaud a continué le développement de modules annexes afin de proposer une solution complètement personnalisable. Il explique : « En fonction de ses besoins, on choisit les Milô que l’on veut : le module cuisine, le dressing, le bar mais aussi la grande table ou le module bureau ou encore le module rangement avec étagères. »
Aujourd’hui la solution a atteint sa maturité. « L’ilô compacté au maximum occupe 7 m². On est capable de l’implanter partout car la structure préfabriquée embarque tous les réseaux nécessaires et offre pour cela un faux plancher technique au niveau des sanitaires. On est également capable de l’étendre jusqu’à 20 m² sur demande, en affectant plus de place au coin nuit par exemple, en fonction de la requête des particuliers », résume-t-il.
Aujourd’hui la solution a atteint sa maturité. « L’ilô compacté au maximum occupe 7 m². On est capable de l’implanter partout car la structure préfabriquée embarque tous les réseaux nécessaires et offre pour cela un faux plancher technique au niveau des sanitaires. On est également capable de l’étendre jusqu’à 20 m² sur demande, en affectant plus de place au coin nuit par exemple, en fonction de la requête des particuliers », résume-t-il.
Après. Une fois installés l’ilô et ses modules Milô, Thibaud a constaté sur le terrain que cette structure condensait si bien les fonctions qu’il restait réellement de la place pour ajouter des aménagements dans son studio. « Par rapport à un aménagement classique qui juxtapose les fonctions au lieu comme ici de les imbriquer, l’ilô permet d’économiser considérablement de la surface », résume-t-il. C’est là qu’il a ressorti sa casquette d’agenceur, fonction qu’il occupe souvent pour des clients auxquels il propose des aménagements clefs en main au moyen de menuiserie sur mesure.
Comme il avait besoin d’un bureau, il l’a positionné en L côté fenêtre, en profitant d’une niche existante créée par un ancien passage. Puis, comme il ne fait rien comme tout le monde, il a réfléchi ce plan de travail comme une assise. « C’est pour créer un dossier que ma bibliothèque a pris cet air penché », explique-t-il en effet.
Évidemment, cette maison magique est devenue le repère préféré des deux neveux de Thibaud. C’est quand même bien plus drôle de regarder la télévision qui s’extrait d’un placard caché depuis le top du bureau !
Évidemment, cette maison magique est devenue le repère préféré des deux neveux de Thibaud. C’est quand même bien plus drôle de regarder la télévision qui s’extrait d’un placard caché depuis le top du bureau !
Aujourd’hui sa solution ilô est prête à trouver ses clients. Fabriquée entièrement en France, à la demande sous huit semaines, elle est véritablement facilitatrice de travaux puisqu’une fois les murs et sols mis au propre, elle ne requiert qu’une semaine d’installation.
À 35 000 euros, elle peut paraître chère mais une rénovation classique sous la houlette d’un architecte d’intérieur peut vite chiffrer davantage et être beaucoup plus longue, sans toutefois apporter ce côté modulaire ludique et absolument ultime pour libérer de l’espace.
À 35 000 euros, elle peut paraître chère mais une rénovation classique sous la houlette d’un architecte d’intérieur peut vite chiffrer davantage et être beaucoup plus longue, sans toutefois apporter ce côté modulaire ludique et absolument ultime pour libérer de l’espace.
Plan avec module Milô cuisine extrait
Plan avec module Milô dressing extrait
Plan avec module Milô bar extrait
ET VOUS ?
Que pensez-vous de ce projet et de cette solution d’aménagement ?
ET VOUS ?
Que pensez-vous de ce projet et de cette solution d’aménagement ?
Qui vit ici : Thibaud Mazet
Emplacement : Grenoble
Superficie : 23 m²
Date des travaux : 2019 après plusieurs années de conception et une semaine d’installation pour l’ilô + quelques semaines de travaux préparatoires
Architecte d’intérieur et agenceur : Thibaud Mazet de Ilô Intérieur
Budget total : 40 000 euros (5000 euros de travaux préparatoires et 35 000 euros pour la solution ilô)
Photos : Renaud Menoud