Visites Privées
Suivez le Guide : Héritage industriel pour une famille à Moscou
Deux célèbres architectes russes ont créé un paradis de style industriel où habitent désormais leur fils et sa famille
Lorsque l’on s’imagine un appartement familial hérité de génération en génération, on pense plutôt à un intérieur classique avec du mobilier ancien et une décoration vintage. Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, il est tout à fait possible d’hériter d’un loft ultramoderne, surtout lorsqu’on est issu d’une famille d’architectes réputés.
L’intérieur de ce triplex, situé dans un vieil immeuble de Moscou, semble fraîchement restauré alors qu’il a été conçu il y a vingt ans. Même si les éléments caractéristiques du style industriel — open space, pierres, métal et verre — sont d’origine, le lieu a été adapté aux besoins d’un couple de jeunes parents.
L’intérieur de ce triplex, situé dans un vieil immeuble de Moscou, semble fraîchement restauré alors qu’il a été conçu il y a vingt ans. Même si les éléments caractéristiques du style industriel — open space, pierres, métal et verre — sont d’origine, le lieu a été adapté aux besoins d’un couple de jeunes parents.
Les parents d’Ivan ont aménagé l’appartement en accord avec leur vie mondaine. Le rez-de-chaussée propose un grand espace ouvert, idéal pour recevoir de nombreux invités, tandis que les espaces plus intimes — comme les chambres et le bureau — se trouvent au deuxième étage. « L’hospitalité a toujours été une tradition première dans cette maison. Nous sommes heureux entre amis, avec les amis des amis et avec des gens intéressants en général. J’espère qu’Ivan et moi garderons l’esprit de cette maison pour les années à venir », raconte Tamara.
Ivan a vécu seul dans cet appartement durant plusieurs années. Une fois marié et après l’arrivée du petit Leonid, il a fallu que les jouets et l’univers de l’enfance s’accordent avec cet espace moderne. « Il y a quelques années, l’atmosphère ici était très différente. Nous avons dû créer une ambiance plus familiale, un espace où il fait bon vivre en famille et dans lequel nous évoluerons au fil du temps, sans détruire le concept original du lieu », explique Tamara. « L’intérieur est plutôt froid, pas vraiment un foyer familial au sens classique du terme. Mais assez curieusement, un enfant en bas âge change tout : même le plus froid des intérieurs devient soudain plus chaleureux et doux. »
Ivan a vécu seul dans cet appartement durant plusieurs années. Une fois marié et après l’arrivée du petit Leonid, il a fallu que les jouets et l’univers de l’enfance s’accordent avec cet espace moderne. « Il y a quelques années, l’atmosphère ici était très différente. Nous avons dû créer une ambiance plus familiale, un espace où il fait bon vivre en famille et dans lequel nous évoluerons au fil du temps, sans détruire le concept original du lieu », explique Tamara. « L’intérieur est plutôt froid, pas vraiment un foyer familial au sens classique du terme. Mais assez curieusement, un enfant en bas âge change tout : même le plus froid des intérieurs devient soudain plus chaleureux et doux. »
Les matériaux employés dans l’appartement reflètent son caractère original tel qu’il a été pensé par les parents d’Ivan. Le rez-de-chaussée affiche fièrement béton et plaques de marbre. Le sol est chauffant dans la plupart des espaces, surtout là où Leonid aime jouer. Les murs présentent différentes nuances de blanc et, grâce aux nombreuses fenêtres, de beaux rayons de lumière croisés sculptent l’espace.
L’entrée est sans doute l’espace le plus insolite de la maison. Ici, des portes recouvertes d’une feuille de métal, qui imposent une séparation entre le salon et le monde extérieur, dissimulent des placards ainsi que les accès vers la salle de bains et la chambre d’amis.
Un gigantesque poisson recouvre l’intégralité du mur, affirmant subtilement une certaine connotation philosophique : « Dans les toiles de maître, le poisson symbolise le Christ », explique Ivan. « La porte d’entrée se situe exactement au centre du poisson : ainsi, l’image du Christ apporte en quelque sorte une bénédiction à tous ceux qui pénètrent ou quittent la maison. Le métal, dans le cas présent, acquiert une certaine chaleur et une esthétique surprenante. » L’auteur de cette œuvre étonnante est Boris Belsky, un ami de la famille.
Le métal est l’un des matériaux privilégiés d’Ivan et il l’emploie souvent dans le cadre de ses projets pour son agence Workingang, connue dans toute la Russie. La critique la plus exigeante du travail d’Ivan reste probablement celle de sa grand-mère, Liya Pavlova. Elle a toujours été impliquée dans l’apprentissage de nombreux urbanistes en étude et elle demeure convaincue que le bon goût et l’intuition s’enseignent très jeune.
Un gigantesque poisson recouvre l’intégralité du mur, affirmant subtilement une certaine connotation philosophique : « Dans les toiles de maître, le poisson symbolise le Christ », explique Ivan. « La porte d’entrée se situe exactement au centre du poisson : ainsi, l’image du Christ apporte en quelque sorte une bénédiction à tous ceux qui pénètrent ou quittent la maison. Le métal, dans le cas présent, acquiert une certaine chaleur et une esthétique surprenante. » L’auteur de cette œuvre étonnante est Boris Belsky, un ami de la famille.
Le métal est l’un des matériaux privilégiés d’Ivan et il l’emploie souvent dans le cadre de ses projets pour son agence Workingang, connue dans toute la Russie. La critique la plus exigeante du travail d’Ivan reste probablement celle de sa grand-mère, Liya Pavlova. Elle a toujours été impliquée dans l’apprentissage de nombreux urbanistes en étude et elle demeure convaincue que le bon goût et l’intuition s’enseignent très jeune.
Partie centrale du « mur au poisson » : difficile de voir derrière quels panneaux rectangulaires se cachent les portes.
À proximité de la queue du poisson se trouve une autre œuvre d’art : une Madone à l’enfant réalisée en feuille d’aluminium par le père d’Ivan.
Le petit Leonid a le champ libre dans tout l’appartement, sauf au troisième étage, qui donne sur les toits. Les meubles pour enfant sont présents un peu partout. Il est facile de les déplacer, même d’un étage à l’autre, chaque fois que Leonid souhaite s’immerger dans la créativité.
Le petit Leonid a le champ libre dans tout l’appartement, sauf au troisième étage, qui donne sur les toits. Les meubles pour enfant sont présents un peu partout. Il est facile de les déplacer, même d’un étage à l’autre, chaque fois que Leonid souhaite s’immerger dans la créativité.
La chaise de Leonid, le tabouret et la table, qui se transforme en chevalet, ont été conçus par l’entreprise russe Moonk. Les meubles sont fabriqués en bouleau contreplaqué recouvert d’un placage en chêne. Tamara nous offre quelques précisions : « Tout d’abord, c’est le seul mobilier pour enfant qui s’accorde parfaitement à notre intérieur moderne. Ensuite, ces meubles sont si fiables en termes de sécurité que Leonid ne risque jamais de se blesser. »
Le piano d’avant-guerre est d’un intérêt majeur pour le couple. Ses touches sont fabriquées à partir d’os, selon une technique ancestrale. C’est un ami de la famille qui leur a offert en précisant qu’il serait mieux ici. Bon nombre d’invités aiment en jouer et le couple invite souvent des musiciens pour des concerts à domicile : le pianiste Riad Mamedov apprécie tout particulièrement cet instrument.
La longue façade de placards dans la cuisine est bien appréciable afin de ranger vaisselle et ustensiles derrière des portes tantôt pleines tantôt translucides. L’îlot dispose quant à lui d’un plan de travail en acier inoxydable et d’un dispositif de contrôle domotique : « L’éclairage et les stores, entre autres, sont contrôlés par de simples boutons. D’ailleurs, Leonid connaît seulement deux mots, “maman” et “papa”, mais il connaît le système bien mieux que nous », explique Tamara.
La grande cheminée, source de chaleur d’appoint, est surtout ici synonyme de chaleur familiale pour la maison, le foyer étant un symbole fort dans la culture russe. Le couple l’allume immanquablement lors des feux traditionnels de Maslenitsa, une période fériée slave qui marque la fin de l’hiver et le début du carême orthodoxe.
Une cage d’escalier en verre sablé mène au deuxième étage. En arrière-plan, une fenêtre panoramique donne sur une petite cour et sur l’un des plus grands carrefours de Moscou. Le vaste hall permet d’accéder à la chambre parentale, à celle de Leonid et au bureau. « Peu de choses ont changé depuis la naissance de notre fils, mis à part le filet de volley-ball posé pour davantage de sécurité. Il n’envahit pas l’espace et offre une touche ludique à notre intérieur », précise la propriétaire des lieux.
La décoration au deuxième étage est plus chaleureuse, avec des touches de bois de-ci de-là.
L’un des attraits majeurs de la chambre parentale est la baignoire ronde à jets encastrée dans le sol. La douche et les toilettes sont dissimulées derrière une zone vitrée en verre sablé, tandis que la vasque se prolonge sur tout le mur de la chambre par un meuble en marbre. Les propriétaires affirment qu’il est si lourd qu’ils ont dû le faire passer par la fenêtre avec une grue.
L’œuvre d’art blanche à gauche de la photo est une maquette architecturale du stade Luzhniki, créé par l’architecte Leonid Pavlov, le grand-père d’Ivan. « L’agence d’architecture Meganom a édité une monographie de mon grand-père. Elle a récemment été publiée en Italie. Nous avons essayé d’aider autant que possible à réunir des documents et des maquettes restaurées. Une grande partie de la collection a donc été envoyée aux musées et aux archives », explique Ivan.
L’un des attraits majeurs de la chambre parentale est la baignoire ronde à jets encastrée dans le sol. La douche et les toilettes sont dissimulées derrière une zone vitrée en verre sablé, tandis que la vasque se prolonge sur tout le mur de la chambre par un meuble en marbre. Les propriétaires affirment qu’il est si lourd qu’ils ont dû le faire passer par la fenêtre avec une grue.
L’œuvre d’art blanche à gauche de la photo est une maquette architecturale du stade Luzhniki, créé par l’architecte Leonid Pavlov, le grand-père d’Ivan. « L’agence d’architecture Meganom a édité une monographie de mon grand-père. Elle a récemment été publiée en Italie. Nous avons essayé d’aider autant que possible à réunir des documents et des maquettes restaurées. Une grande partie de la collection a donc été envoyée aux musées et aux archives », explique Ivan.
Les rideaux de la chambre évoquent les voiles d’un bateau, tandis que le balcon à la française rappelle l’Azerbaïdjan natal de Tamara : « À Bku, toutes les maisons possèdent ce type de balcons. Pour moi, notre balcon à Moscou, c’est un petit peu de ma ville du Sud, là où les fenêtres et les portes restent toujours ouvertes. On y regarde les feux d’artifice — parfois à plusieurs — qui sont lancés depuis la place Rouge (où d’autres places centrales à Moscou). On peut même les voir de notre lit : on croirait alors que les feux vont tomber sur nous. C’est une drôle de sensation », avoue-t-elle.
En hiver, une cheminée fournit une vraie chaleur tout en offrant une atmosphère romantique à la chambre. Le couple l’utilise beaucoup lorsqu’il fait froid, le bois étant stocké sur le toit.
En hiver, une cheminée fournit une vraie chaleur tout en offrant une atmosphère romantique à la chambre. Le couple l’utilise beaucoup lorsqu’il fait froid, le bois étant stocké sur le toit.
La chambre d’enfant d’Ivan est toujours vacante, mais Leonid l’occupera bientôt. Pour le moment, il dort encore avec ses parents, comme la plupart des enfants en bas âge en Russie. « Nous aimerions autant que possible laisser l’espace tel qu’il est, de façon à ce que Leonid sache qu’il s’agit d’une pièce qui possède une histoire », explique Ivan. Tamara poursuit : « Il y a des photos de famille, les livres de son père et de son travail, des dessins de soldats sur les murs, que j’ai réunis pour en faire une collection. Bien sûr, Leonid va grandir et changera des choses selon ses goûts, mais il devra conserver le sens de l’héritage, car il représente un maillon au sein d’une longue chaîne familiale. »
La peinture avec le mouton est une œuvre d’Abbas Kyazimov, typique du « carpet style » qui caractérise son travail. L’artiste est un bon ami de la famille. « Il a commencé cette toile le jour où Leonid est né. Au dos, elle est couverte de vœux et de pensées pour notre fils : c’est pour cette raison que nous l’aimons tant », raconte Tamara.
La peinture avec le mouton est une œuvre d’Abbas Kyazimov, typique du « carpet style » qui caractérise son travail. L’artiste est un bon ami de la famille. « Il a commencé cette toile le jour où Leonid est né. Au dos, elle est couverte de vœux et de pensées pour notre fils : c’est pour cette raison que nous l’aimons tant », raconte Tamara.
Un bureau cosy au deuxième étage permet aux propriétaires d’exposer une belle collection d’ouvrages, d’illustrations et de documents en lien avec l’histoire familiale. Les illustrations d’architecture des églises et monastères de Moscou datent du XIXᵉ siècle et font partie de la collection de la mère d’Ivan. Les plus anciennes datent de 1882.
La grande photo encadrée en noir posée au sol est une œuvre du père de Tamara, l’artiste réalisateur Rauf Mamedov. Il l’a un jour offert à ses amis Andrey et Alexandra, les parents d’Ivan : « Il s’agit d’une partie d’un grand polyptyque nommé Games on Windowsills », explique Tamara. « Tout est dans tout et c’est fou de réaliser comment tout fonctionne dans ce monde. Il y a des années, mon père était ami avec Andrey et Alexandra, et je suis venue dans l’atelier de la grand-mère d’Ivan pour apprendre à dessiner. Et aujourd’hui, nous formons une même famille. »
La salle de bain au deuxième étage est entièrement recouverte de carrelage blanc, en accord avec l’esprit ascétique du reste de l’appartement. Seule la collection de canards en plastique fournit une touche de couleur. Une grande buanderie ainsi qu’une laverie sont également disponibles au même étage.
Le troisième étage est divisé entre le jardin d’hiver et l’atelier d’Ivan. Ce dernier était auparavant essentiellement utilisé pour dessiner, mais Ivan conçoit son travail de conception différemment : il aime construire des prototypes. C’est donc ici que tous les outils dangereux sont rangés, dont la station à souder. « C’est appréciable d’avoir un mari qui sait faire des choses de ses mains. Ivan a fabriqué et réparé beaucoup de choses à la maison », explique Tamara. « Notre fils n’est pas autorisé à rentrer dans l’atelier, mais Ivan l’emmène parfois. Il montre à Leonid ses levitating objects, qu’il fabrique lui-même. Leonid est toujours très intéressé : il semblerait qu’il veuille marcher dans les traces de son père. »
Le jardin d’hiver a été commencé par les parents d’Ivan et continue constamment d’évoluer : des fleurs apportées par un couple d’amis s’invitent ici parmi les plantes. « Ivan aime s’occuper de sa parcelle où il a planté du basilic, de la roquette et des carottes. C’est tellement agréable de manger des légumes qui viennent du jardin », s’amuse Tamara.
L’atelier s’ouvre sur une terrasse qui donne sur une cour calme, typique de Moscou. Le couple y a installé les plus grandes plantes : les conifères se plaisent particulièrement sur le toit.
En été, Ivan et Tamara passent beaucoup de temps sur la terrasse et lorsqu’ils invitent des amis, ils profitent de barbecues gourmands. Ils installent alors un barbecue professionnel conçu par l’entreprise d’Ivan, Workingang : « Après l’obtention de mon diplôme à l’Institut d’architecture de Moscou, j’ai bien entendu eu l’opportunité de travailler dans une agence et je me suis fait une certaine idée de mon avenir », explique Ivan. « J’ai toujours voulu réaliser les choses comme je l’entendais, créer quelque chose de nouveau, digne d’intérêt. J’ai toujours été attiré par les produits high-tech. Finalement, je suis un maillon d’une longue chaîne. J’aimerais, pour mon fils et pour moi-même, atteindre le même niveau de succès et de reconnaissance dans ce que nous faisons que ceux qui nous ont précédés dans la famille. »
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cet appartement ?
Visitez d’autres appartements
Retrouvez d’autres foyers russes
Que pensez-vous de cet appartement ?
Visitez d’autres appartements
Retrouvez d’autres foyers russes
Qui habite ici : Ivan Savin et Tamara Mamedova, avec leur fils, Leonid, et le chat, Stalker. Ivan est issu d’une famille de trois générations d’architectes. Tamara termine son master à la Diplomatic Academy.
Emplacement : Moscou, Russie
Superficie : environ 350 m²
Architectes : Andrey Savin et Alexandra Pavlova, les parents d’Ivan
Photos : Olga Shangina
Andrey Savin et Alexandra Pavlova, les parents d’Ivan, sont des architectes russes de renom. Ils ont offert à leur fils cet appartement dont ils ont conçu tout l’aménagement et la décoration eux-mêmes, il y a vingt ans. « À l’époque, Andrey a entrepris la rénovation complète de cet immeuble prérévolutionnaire, qui fut témoin d’une longue histoire », explique Tamara.
La jeune femme a visité cet appartement pour la première fois lorsqu’elle avait douze ans. « Les parents d’Ivan et les miens étaient amis, mais Ivan et moi ne nous supportions pas lorsque nous étions enfants. Depuis, les choses ont bien changé. Je suppose que toutes les guerres finissent un jour, n’est-ce pas ? Nous vivons ici depuis trois ans, suite à notre mariage et la naissance de notre fils », reprend-elle en souriant.