Exclusif : Le dossier Houzz de Benjamin Graindorge
Entretien avec un jeune designer français inspiré, qui s'exprime ici sur des photographies associant architecture et nature
« J’ai choisi des photos qui, ainsi réunies, aboutissent à un ensemble très architecturé et minimal. La nature y est également très présente. Lorsque j’étais étudiant, je suis parti au Chili pendant six mois et me suis confronté à une nature tellement forte que je me suis senti extrêmement vivant. J’aime les espaces désertiques, durs et violents. C’est un peu ce que l’on retrouve dans cette sélection d’images, qui confrontent architecture et nature. »
Une cabane rationnelle dans un écrin de verdure
Elle évoque l’idée d’une retraite et du Japon. Autant d’éléments qui sont très importants pour moi. Cette petite cabane construite en hauteur est à la fois géométrique et humaine. Elle s’oppose à la nature tout en se fondant dedans. Je trouve ça assez beau…
De manière générale, on a tendance à considérer que la nature est désordonnée, alors que d’un point de vue scientifique, elle est au contraire incroyablement structurée.
J’aime ce parti pris d’implanter une structure aux lignes rigoureuses dans un environnement très naturel.
Elle évoque l’idée d’une retraite et du Japon. Autant d’éléments qui sont très importants pour moi. Cette petite cabane construite en hauteur est à la fois géométrique et humaine. Elle s’oppose à la nature tout en se fondant dedans. Je trouve ça assez beau…
De manière générale, on a tendance à considérer que la nature est désordonnée, alors que d’un point de vue scientifique, elle est au contraire incroyablement structurée.
J’aime ce parti pris d’implanter une structure aux lignes rigoureuses dans un environnement très naturel.
Pour une architecture saillante et dure
Je trouve que la couleur noire de cette maison lui donne un air volcanique. On a la sensation d’être face à l’image d’une grotte, très structurée. Cette architecture assez violente par rapport à son environnement, dégage quelque chose d’intellectuellement puissant. C’est une vision très pure de ce que pourrait être l’architecture en général. L’érable rouge est presque trop petit par rapport à la construction avec laquelle il cohabite. Mais on va le laisser pousser !
Comme ma culture est avant tout scientifique, je m’intéresse beaucoup aux caractéristiques techniques des éléments que j’observe, qu’ils soient naturels ou créés par l’homme. Du coup, j’envisage l’architecture comme une discipline lointaine pour laquelle j’aime les formes géométriques et saillantes. Le design a pour moi quelque chose de plus organique et délicat, qui me touche davantage et explique que je sois devenu designer plutôt qu’architecte.
Je trouve que la couleur noire de cette maison lui donne un air volcanique. On a la sensation d’être face à l’image d’une grotte, très structurée. Cette architecture assez violente par rapport à son environnement, dégage quelque chose d’intellectuellement puissant. C’est une vision très pure de ce que pourrait être l’architecture en général. L’érable rouge est presque trop petit par rapport à la construction avec laquelle il cohabite. Mais on va le laisser pousser !
Comme ma culture est avant tout scientifique, je m’intéresse beaucoup aux caractéristiques techniques des éléments que j’observe, qu’ils soient naturels ou créés par l’homme. Du coup, j’envisage l’architecture comme une discipline lointaine pour laquelle j’aime les formes géométriques et saillantes. Le design a pour moi quelque chose de plus organique et délicat, qui me touche davantage et explique que je sois devenu designer plutôt qu’architecte.
Lier nature et architecture
Ici, on a posé un cube en béton très rationnel et massif sur une pente verte et naturelle. J’aime cette idée que la petite cabane en bois qui surplombe l’édifice, assure un rôle de trait d’union, entre une architecture rationnelle et un environnement vert.
Je pense que j’ai aussi souhaité m’exprimer sur cette maison parce qu’elle me rappelle la villa Kujoyama à Kyoto, où j’ai séjourné en résidence de juillet 2009 à février 2010.
Ici, on a posé un cube en béton très rationnel et massif sur une pente verte et naturelle. J’aime cette idée que la petite cabane en bois qui surplombe l’édifice, assure un rôle de trait d’union, entre une architecture rationnelle et un environnement vert.
Je pense que j’ai aussi souhaité m’exprimer sur cette maison parce qu’elle me rappelle la villa Kujoyama à Kyoto, où j’ai séjourné en résidence de juillet 2009 à février 2010.
Une vision calme
J’ai l’impression que cette maison flotte sur un environnement naturel qu’elle n’abîmera jamais. On dirait une maison nomade. On a le sentiment de pouvoir la déplacer. Elle me plaît pour cette raison, mais encore parce qu’elle ressemble à un monolithe géométrique, parsemé d’ouvertures dynamiques qui lui confèrent une allure décontractée. La forme est pure, rationnelle, mais on devine la vie qui l’anime de l’intérieur et participe à la délicatesse de l’ensemble.
J’ai l’impression que cette maison flotte sur un environnement naturel qu’elle n’abîmera jamais. On dirait une maison nomade. On a le sentiment de pouvoir la déplacer. Elle me plaît pour cette raison, mais encore parce qu’elle ressemble à un monolithe géométrique, parsemé d’ouvertures dynamiques qui lui confèrent une allure décontractée. La forme est pure, rationnelle, mais on devine la vie qui l’anime de l’intérieur et participe à la délicatesse de l’ensemble.
Blanc sur blanc
J’aime l’usage du blanc, sur du blanc, avec du blanc… Je trouve audacieuse et réussie l’idée d’avoir un paysage blanchi, un sol clair et du mobilier blanc dans une seule et même pièce. L’ensemble, harmonieux, séduit par sa cohérence et sa douceur.
En tant que designer, on utilise beaucoup de blanc parce que ça se vend mieux. Pour moi, le blanc est une valeur plus qu’une couleur, que j’exploite surtout parce qu’elle fait place nette à la forme de mes créations. Or je privilégie toujours la forme. Je peux néanmoins imaginer des formes violentes, que le blanc me permet d’apaiser.
J’aime l’usage du blanc, sur du blanc, avec du blanc… Je trouve audacieuse et réussie l’idée d’avoir un paysage blanchi, un sol clair et du mobilier blanc dans une seule et même pièce. L’ensemble, harmonieux, séduit par sa cohérence et sa douceur.
En tant que designer, on utilise beaucoup de blanc parce que ça se vend mieux. Pour moi, le blanc est une valeur plus qu’une couleur, que j’exploite surtout parce qu’elle fait place nette à la forme de mes créations. Or je privilégie toujours la forme. Je peux néanmoins imaginer des formes violentes, que le blanc me permet d’apaiser.
À l’état brut
Je me suis arrêté sur ce cliché grâce à cette table. J’aime son plateau en bois brut et son caractère massif. Cela renvoie à cette idée que l’on ne domestique pas la matière. Néanmoins, comme le plateau brut est monté sur un piétement en Inox poli miroir, cette table peut facilement intégrer un espace de vie quotidienne.
Lorsque je crée, je privilégie souvent l’étrangeté mais je sais qu’il me faut doser, car cela peut m’extraire de la réalité.
Pour l’ambiance, j’aime cette idée de mixer différents modèles de chaises noires autour d’une même table.
Je me suis arrêté sur ce cliché grâce à cette table. J’aime son plateau en bois brut et son caractère massif. Cela renvoie à cette idée que l’on ne domestique pas la matière. Néanmoins, comme le plateau brut est monté sur un piétement en Inox poli miroir, cette table peut facilement intégrer un espace de vie quotidienne.
Lorsque je crée, je privilégie souvent l’étrangeté mais je sais qu’il me faut doser, car cela peut m’extraire de la réalité.
Pour l’ambiance, j’aime cette idée de mixer différents modèles de chaises noires autour d’une même table.
Multiplication des points de vue
Les demi-niveaux, que les Japonais utilisent beaucoup en matière d’architecture, m’intéressent. Comme les fenêtres placées où on ne les attend pas dans nos constructions occidentalisées, les demi-niveaux créent de nouveaux points de vue et invitent à adopter d’autres postures. Par exemple, les fenêtres basses suggèrent de regarder dehors, mais en étant assis en tailleur.
Globalement, je suis fasciné par la culture japonaise. Ce pays a réussi à se moderniser tout en préservant ses spécificités culturelles. Là-bas, l’architecture s’inscrit dans le prolongement de l’artisanat, qui est encore et toujours très présent.
Les demi-niveaux, que les Japonais utilisent beaucoup en matière d’architecture, m’intéressent. Comme les fenêtres placées où on ne les attend pas dans nos constructions occidentalisées, les demi-niveaux créent de nouveaux points de vue et invitent à adopter d’autres postures. Par exemple, les fenêtres basses suggèrent de regarder dehors, mais en étant assis en tailleur.
Globalement, je suis fasciné par la culture japonaise. Ce pays a réussi à se moderniser tout en préservant ses spécificités culturelles. Là-bas, l’architecture s’inscrit dans le prolongement de l’artisanat, qui est encore et toujours très présent.
Une architecture pour les enfants
Dans les photographies précédentes, il n’y avait pas directement de vie. Or, il me semble que l’enveloppe architecturale, même très rigoureuse, doit toujours servir à abriter la vie. Je suis touché par le fait qu’une architecture très pure puisse être parfaitement adaptée à ceux qui la vivent au quotidien. Et en particulier aux enfants.
Dans les photographies précédentes, il n’y avait pas directement de vie. Or, il me semble que l’enveloppe architecturale, même très rigoureuse, doit toujours servir à abriter la vie. Je suis touché par le fait qu’une architecture très pure puisse être parfaitement adaptée à ceux qui la vivent au quotidien. Et en particulier aux enfants.
Quand la nature reprend le dessus
La nature a tout colonisé et prend le dessus sur la construction. Il me semble important que les alentours d’une maison puissent parfois rester réellement sauvages, que l’on n’ait pas forcément besoin de domestiquer la planète entière.
La nature a tout colonisé et prend le dessus sur la construction. Il me semble important que les alentours d’une maison puissent parfois rester réellement sauvages, que l’on n’ait pas forcément besoin de domestiquer la planète entière.
Ode à la nature
La forêt est belle parce qu’elle est protectrice et sans limite. Lorsqu’il y a autant de fleurs dans une forêt, cela signifie qu’elle est propre et que le sol n’est pas acide.
Pour moi, l’écologie est essentielle mais ne doit pas devenir un sujet marketing. Et c’est beaucoup trop souvent le cas de nos jours ! J’essaie d’imaginer des produits qui durent longtemps et que l’on peut réparer, en utilisant des matériaux qui ne sont pas toujours dits écologiques mais vieillissent bien. Je suis vraiment opposé à ce concept de l’obsolescence programmée de la plupart des produits édités depuis quelques années.
ET VOUS ?
Que vous évoquent les photos sélectionnées et commentées par Benjamin Graindorge ?
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Formation : Diplômé de l’ENSCI – Les Ateliers en 2006.
Anecdote : « Récemment, j’ai effectué un programme de recherche pour le VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement). Dans ce cadre, j’ai signé, en janvier 2015 et à Milan, un ensemble composé d’une méridienne, d’un objet lumineux et d’une table à débord. »