Atelier d'artiste : Les collages éclatants de Sanne à Essaouira
À deux pas de l'Institut français, Sanne nous ouvre les portes de son charmant atelier
En plein cœur de l’attachante médina d’Essaouira, sous un ciel bleu et dans une fraîcheur qu’envie tout le Maroc à cette ville portuaire, Sanne s’est créé une nouvelle vie entièrement dédiée à la création. « Lorsque je suis arrivée au Maroc en tant que touriste, je suis tombée sous le charme de cette culture. J’ai rencontré mon mari ici dans une coopérative. Nous avons voyagé au Danemark pour notre lune de miel, et depuis, nous travaillons ensemble dans cet atelier », raconte Sanne rayonnante.
Coup d’œil
Qui travaille ici : Sanne Busk
Âge : 53 ans
Emplacement de l’atelier : Essaouira, Maroc
Domaines de création : papiers décorés à la main et collages
Photos : Jours et Nuits © 2017 Houzz
Coup d’œil
Qui travaille ici : Sanne Busk
Âge : 53 ans
Emplacement de l’atelier : Essaouira, Maroc
Domaines de création : papiers décorés à la main et collages
Photos : Jours et Nuits © 2017 Houzz
Entièrement ouvert sur la ruelle dans laquelle l’atelier se cache à l’abri du brouhaha de la médina, Sanne nous accueille dans la fraîcheur du matin : « Au Danemark, je travaillais en tant que freelance dans le domaine de l’observation ornithologique, mais je sentais que je voulais peindre. J’ai trouvé mon médium peu à peu, en passant par l’acrylique et la peinture sur toile. J’ai trouvé mon inspiration dans les œuvres aborigènes, riches en motifs et en signes. J’ai appris à mélanger les couleurs et lorsque je me suis sentie plus confiante, je me suis tournée vers le collage », raconte Sanne.
L’atelier est divisé en deux dans la longueur : « Mon mari fabrique des guembris, ces instruments traditionnels à cordes pincées en bois et en peau. Nous travaillons ensemble pour différents clients et des commandes d’instruments décorés avec mes motifs et mes papiers collés. Nous organisons aussi des ateliers et des stages pour Yellow Workshop, ce qui nous permet de partager nos passions respectives », nous explique Sanne.
Elle poursuit : « J’organise des ateliers pour les touristes ou pour des locaux qui souhaitent venir régulièrement pour pratiquer et apprendre la technique du collage. C’est intéressant, car chacun assemble des papiers différents et le mélange des formes colorées crée systématiquement des motifs personnels à chacun. Il s’agit d’un univers de création très libre où tout le monde peut s’exprimer sans notion particulière de dessin ou de peinture. C’est cette liberté qu’apprécient les participants à mes ateliers, qui repartent toujours avec des œuvres singulières. »
Sanne décide de nous montrer sa technique d’impression : « Comme c’était compliqué de trouver ou d’acheter des papiers pour mes collages, un jour où je me plaignais, mon mari m’a dit : “Tu n’as qu’à les fabriquer !” J’ai donc étudié toutes les techniques d’impression et la première évidence a été de me tourner vers des matériaux de récupération. J’ai trouvé des brosses, à dents ou à cirer les chaussures par exemple, dont je trempais les poils dans la peinture que je projetais. »
Tandis que Sanne badigeonne de peinture des matériaux variés à structure en relief avant de les presser sur une feuille de papier déjà peint dans une autre couleur, elle reprend : « Et peu à peu, j’ai commencé à ramasser de vieilles chaussures pour les semelles qui me servaient d’empreintes destinées à mes impressions. Et maintenant, j’ai une boîte entière de matériaux trouvés dans la nature, sur la plage ou dans les cuisines, qui me servent pour créer des motifs et tout un éventail d’impressions particulières et uniques. »
Il faut bien dire que Sanne aime le contraste. C’est d’ailleurs l’effet recherché, puisqu’elle associe souvent des couleurs opposées ou complémentaires, de façon à trouver une belle harmonie sur les fonds qu’elle a déjà peints sur de simples feuilles de papier machine. Elle possède des gammes entières de fonds déclinés selon les nuances d’une certaine couleur. Ensuite, elle s’amuse avec tous les outils dont elle dispose pour créer des empreintes dont elle a le secret.
Devant tant de plaisir à travailler la couleur, Sanne nous en dit davantage sur sa vie passée avant de décider de venir artiste : « Avant de travailler dans la nature pour l’observation des oiseaux au Danemark, je créais moi-même mes vêtements et j’étais déjà fascinée par les motifs des textiles. Lorsque j’ai commencé les découpages avec le papier, j’avais déjà l’impression d’avoir compris quelque chose en termes de découpe, c’était évident que je cherchais à recréer des motifs. »
Son atelier est le lieu où elle teste et compose sa palette de couleurs pour toutes ses créations, qu’il s’agisse de toiles ou d’objets plus décoratifs : « Je crée maintenant tous mes papiers avec des motifs très différents et je m’inspire d’autres artistes ou de mouvements graphiques, comme ceux des années 70. J’aime la couleur et tout ce que je peux exprimer sur différents types de supports, c’est chaque fois une nouvelle découverte. »
Une fois secs, tous les papiers sont triés et classés selon les motifs et les teintes. Sanne dispose ainsi de centaines de papiers colorés pour ses collages qui constituent sa gamme de départ pour ses créations selon les projets ou les ateliers qu’elle mène. Chaque feuille est unique car elle ne reproduit jamais deux fois le même motif. Elle crée selon ses inspirations du moment et laisse une grande part à l’improvisation et à l’imaginaire.
Elle décide ensuite de découper des bandes assez longues avec un massicot. Elle conserve les morceaux qu’elle assemble de façon théorique avant de penser au collage.
Elle prépare au préalable des fonds, souvent noirs, qu’elle peint sur des panneaux de bois de différentes dimensions selon les projets. Elle encolle alors le papier à motif avec de la colle blanche et le fixe avec un rouleau à lithographie de façon à éviter les bulles d’air.
Ses mains cherchent les emplacements idéaux et la structure du collage prend forme dans la verticalité, passage après passage : « Au début, je cherchais absolument le contraste, mais à présent, je suis plus proche d’une harmonie qui n’empêche pas l’énergie des couleurs et sert ma création d’objets. Je travaille avec deux sortes de papier et je les associe avec d’autres nuances », explique Sanne, inspirée.
Au mur, ses dernières créations jouent sur fond blanc et il est difficile d’en choisir une parmi d’autres : « J’ai commencé par des toiles et, depuis peu, j’applique mes motifs sur des objets du quotidien, comme les boîtes à mouchoirs fabriquées ici par des artisans qui travaillent le bois. Cette dimension de boîte et sa forme simple me permettent de créer avec une large palette de couleurs et de motifs que j’associe souvent à un fond noir. C’est un nouveau processus pour moi, car la boîte a cinq faces, qui doivent se répondre et créer une unité, et elle possède un trou qu’il faut contourner sans rompre le motif. »
« Il s’agit de la même technique que mes collages à plat, mais la contrainte est différente. J’essaie de créer des univers décoratifs pour que les gens puissent les associer à leur intérieur », termine Sanne. Et nous restons devant toutes ces couleurs qui débordent dans la rue et ne cessent d’attirer le regard des passants. C’est la joie que procure Sanne à tous ceux qui l’approchent, comme le confirment les personnes enchantées qui attendent déjà pour le prochain atelier, impatientes de recommencer à composer avec toutes ses palettes créatives.
ET VOUS ?
Que vous inspirent les collages de Sanne ?
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