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Suivez le Guide : La maison enchantée de Sue à Essaouira
Sue a cru en ses rêves d'orientalisme au point de quitter sa vie pour reconstruire une ruine face à la mer au Maroc
Si vous vous dirigez vers les remparts au bord de la mer dans la vieille ville traditionnelle d’Essaouira, vous croiserez certainement Sue avec son panier plein de provisions revenant du marché à deux pas de chez elle. Rayonnante, elle illumine de sa personnalité atypique les rues étroites de la médina, où elle a décidé de vivre depuis vingt ans. « Je suis venue en vacances au Maroc la première fois avec ma sœur, alors que nous vivions au Zimbabwe. Je lisais beaucoup de magazines de déco et la mode était à l’orientalisme. Nous étions en séjour à Marrakech et il faisait si chaud que nous avons cherché un endroit plus frais. C’est comme ça que nous sommes arrivées à Essaouira, rafraîchie par sa brise maritime ! J’y suis restée une seule journée, mais c’était suffisant pour tomber sous le charme de cette ville si particulière », raconte Sue.
Coup d’œil
Qui habite ici : Sue, originaire du Zimbabwe
Emplacement : au cœur de la médina à Essaouira, Maroc
Superficie : 140 m² sur 3 étages avec une terrasse sur le toit et vue sur la mer
Photos : Jours & Nuits © 2017 Houzz
Coup d’œil
Qui habite ici : Sue, originaire du Zimbabwe
Emplacement : au cœur de la médina à Essaouira, Maroc
Superficie : 140 m² sur 3 étages avec une terrasse sur le toit et vue sur la mer
Photos : Jours & Nuits © 2017 Houzz
« Ma sœur travaillait dans l’hôtellerie à New York, et je lui ai proposé de monter une affaire ici avec moi, mais elle a refusé. J’ai quand même décidé de revenir en hiver, pour confirmer mon coup de cœur. J’ai fini par craquer pour une ruine en bord de mer qui m’a coûté toutes mes économies. Au départ, j’avais dans l’idée de passer six mois au Zimbabwe et six mois au Maroc. Malheureusement, la situation politique au Zimbabwe est devenue compliquée lors d’un de mes séjours à Essaouira, et j’ai dû rester ici définitivement, alors que j’étais venue pour six semaines avec ma valise », explique Sue.
Sue nous invite à pénétrer dans l’antre de sa maison : « Comme je suis Africaine, blanche de surcroît, j’ai toujours été considérée un peu à part par les locaux. Ils m’ont trouvé bizarre, mais ils ont été très gentils et accueillants avec moi, alors que je ne parlais pas un mot d’arabe ou de français, et eux ne comprenaient pas l’anglais ! C’est une vie très sûre pour une femme seule dans ce pays, où règne un grand respect, et aujourd’hui, je parle ces deux langues grâce à eux. Lunétoile, c’est le mélange entre le croissant de lune de l’Islam et les étoiles », poursuit Sue.
La maison de Sue est un mélange de styles et d’influences, mais elle a préféré faire intervenir des artisans locaux pour le choix et la pose des matériaux, à l’instar des carrelages qu’elle a dessinés et fait réaliser sur place avec chaque fois un rappel de la lune et des étoiles. « J’aime le mélange esthétique des cultures et des objets qui proviennent de mes voyages en Thaïlande ou en Inde, mais aussi du Zimbabwe », aime-t-elle à rappeler.
La maison est dessinée sur le modèle d’un riad marocain, avec son ouverture sur le ciel et son patio, mais Sue a préféré conserver l’espace du bas pour l’entrée. « J’ai tout dessiné moi-même avec des amis architectes qui m’ont conseillée sur la construction complètement à rebâtir. Une amie indienne m’a aidée pour le plan, mais ici, les choses ne se passent jamais comme vous les avez prévues ! Et c’est une chance, car en fait, le projet prend rapidement une tournure que vous n’auriez pas imaginée ! », raconte Sue.
À chaque étage, une cuisine affiche les couleurs d’Essaouira, entre soleil et mer. Le bleu reste une constante dont profite Sue pour jouer avec des nuances jusqu’au bleu profond : il crée ainsi une unité dans chaque pièce. Rudimentaire, la cuisine est de taille restreinte, mais elle suffit à confectionner de délicieux tajines ou des pâtisseries orientales, dont raffole Sue.
À l’étage, le couloir entoure la rambarde bleue qui sert de garde-corps autour de la trouée vers le ciel que Sue a préféré fermer pour se protéger du vent et du soleil, très violents à Essaouira : « Au départ, lorsque je me suis installée dans la maison, j’habitais le dernier étage et j’avais décoré et préparé les autres chambres pour les amis et la famille qui venait me voir au Maroc. Peu à peu, j’ai commencé à offrir des chambres en tant que maison d’hôtes, ce qui était très rare à l’époque à Essaouira », explique-t-elle.
Sue nous invite à découvrir la plus grande chambre de la maison, celle qu’elle préfère et qui continue de faire rêver ses invités. Un immense tapis marocain rouge profond fait office de tête de lit face à la double porte en bois à deux battants : « Au début, j’avais fait recouvrir les murs de toutes les chambres en tadelakt, mais j’ai découvert au fil du temps que les murs étaient en fait tellement imprégnés de sel depuis la première construction qu’aucun matériau ne résistait. J’ai finalement laissé respirer le mur en le peignant simplement en blanc », explique Sue.
Linge de lit ramené d’Inde
Linge de lit ramené d’Inde
Dans l’angle de la chambre, un coin salon permet de se détendre et de s’allonger pour une lecture en sirotant un délicieux thé à la menthe, tandis que l’alcôve découpée sur la façade invite à la contemplation et à la rêverie.
Au même étage, Sue a prévu une chambre plus intime, plus typique également des maisons étroites de la médina. Le plafond a été reconstruit à l’ancienne, avec le bois précieux de thuya qui pousse uniquement à Essaouira. Sue a décidé néanmoins de le peindre en blanc, pour ne pas assombrir la pièce, la lumière lui étant essentielle quelle que soit la configuration des pièces dans la maison, contrairement aux locaux qui cherchent plutôt la fraîcheur dans l’ombre.
« Cette maison appartenait à une famille juive, ce qui est facile à identifier puisque ce sont les seules demeures qui possédaient des fenêtres sur l’extérieur des façades, contrairement aux maisons arabes dans la médina d’Essaouira », ajoute Sue.
Comme dans les cuisines, les salles de bains sont carrelées de jaune et de bleu. Fraîches et lumineuses, elles illustrent le dépaysement assuré lors d’un séjour dans cette ville maritime.
Au dernier étage, le panier qui a servi durant tous les travaux à monter les matériaux est resté suspendu à sa poulie d’origine, souvenir poétique d’une aventure encore chère à sa propriétaire. L’escalier mène à la terrasse, juste devant les appartements privés de Sue, dont elle profite perchée entre les rues de la médina d’un côté et la mer de l’autre.
Au fur et à mesure, Sue a fait construire des cabanons et des extensions en rachetant une pièce ou une autre chez les voisins, dont les maisons sont imbriquées dans le dédale de la médina. « Ici, j’installe une immense table côté rue pour les superbes soirées en plein air en été. Le carrelage est d’origine et j’adore le son de la médina qui remonte le soir à la tombée de la nuit », raconte Sue, enchantée de faire profiter ses amis de si belles soirées sous les étoiles.
C’est sur cette terrasse que tout s’est joué, puisque Sue a craqué sur cette maison en ruine lorsqu’elle est montée sur le toit et a découvert une vue imprenable sur la médina blanche entre ciel et mer. « Il a fallu une année pour obtenir le permis de construire et une année de travaux, mais je me souviens encore de mon premier petit déjeuner sur la terrasse devant la mer. Je me suis dit que j’étais la plus chanceuse au monde ! », raconte Sue.
Pour se protéger du vent, parfois frais en hiver, Sue a fait construire une loggia en bois sur la terrasse où il fait bon se reposer en toute saison. Des banquettes rehaussées ouvrent la vue sur l’océan parfois déchaîné, bien connu des surfeurs du monde entier. Aux beaux jours, c’est l’endroit idéal pour lire en paix, dessiner ou refaire le monde dans un calme absolu.
Une cuisine fournit un bar d’appoint pour les apéritifs en plein air ou les petits déjeuners sur la terrasse. Textiles et mosaïques réalisées par des artisans se marient à merveille et enchantent le regard.
Un dernier coup d’œil sur la mer, si proche que le bruit des vagues résonne sur les murs des maisons en contrebas. « Quand je vois les ruines autour de la maison, je me dis que cette aventure était une folie ! Mais les rêves n’ont pas de prix. Je me dis souvent que si je devais tout perdre, au moins j’aurais toujours ma maison face à l’océan, avec mon titre de propriété en arabe ! », sourit Sue.
ET VOUS ?
Que vous inspire la maison de Sue ?
La rubrique Suivez le Guide est composée de reportages photo organisés par Houzz dans les intérieurs de Houzzers décorés avec goût. Vous aussi, vous êtes fier de votre foyer et voulez le partager avec nous ? Envoyez-nous quelques photos à redaction@houzz.com !
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