Portrait d'artisan : Pascal Rieu, artisan du vitrail
Zoom sur un artisanat d'art. Une immersion guidée dans les arcanes du métier de vitrailliste
Anciennement graphiste, Pascal Rieu a opéré une reconversion plutôt radicale, en 2013, dans l’artisanat d’art pour devenir le vitrailliste qu’il est désormais, depuis son atelier situé à Ménilmontant. Intervenant aussi bien dans la rénovation de vitraux anciens que dans la création de vitraux et éléments de décoration plus contemporains, ce jeune quadragénaire passionné aborde son métier dans le respect d’un savoir-faire traditionnel. Mais encore avec l’envie de convaincre que les vitraux ne sont pas seulement réservés aux églises et aux cages d’escalier.
Quelle formation vous a-t-il ensuite fallu suivre ?
J’ai suivi une formation longue auprès d’un vitrailliste, en bénéficiant d’une aide partielle de la région Île-de-France. C’était une formation diplômante à l’issue de laquelle je suis devenu titulaire d’un CAP Art et techniques du verre, option vitrailliste. Mon maître verrier était Marc Grossriether à l’atelier Mise au Verre. J’ai terminé ma formation en septembre 2013 et j’ai ouvert mon atelier le mois suivant, à Ménilmontant. Et à une dizaine de mètres de chez moi.
J’ai suivi une formation longue auprès d’un vitrailliste, en bénéficiant d’une aide partielle de la région Île-de-France. C’était une formation diplômante à l’issue de laquelle je suis devenu titulaire d’un CAP Art et techniques du verre, option vitrailliste. Mon maître verrier était Marc Grossriether à l’atelier Mise au Verre. J’ai terminé ma formation en septembre 2013 et j’ai ouvert mon atelier le mois suivant, à Ménilmontant. Et à une dizaine de mètres de chez moi.
Comment s’organise aujourd’hui votre activité ?
Au démarrage, j’ai eu une grande phase de prospection, mon atelier ne donnant pas sur rue mais dans une cour privative. Restant aussi un graphiste, j’ai donc commencé par faire mon propre site Internet, ma plaquette, etc. Puis j’ai prospecté par téléphone, j’ai organisé des journées portes ouvertes et j’ai participé aux Journées européennes des métiers d’art. De fil en aiguille, le bouche-à-oreille a fonctionné. J’ai commencé à avoir des commandes et à intervenir sur des rénovations.
Au démarrage, j’ai eu une grande phase de prospection, mon atelier ne donnant pas sur rue mais dans une cour privative. Restant aussi un graphiste, j’ai donc commencé par faire mon propre site Internet, ma plaquette, etc. Puis j’ai prospecté par téléphone, j’ai organisé des journées portes ouvertes et j’ai participé aux Journées européennes des métiers d’art. De fil en aiguille, le bouche-à-oreille a fonctionné. J’ai commencé à avoir des commandes et à intervenir sur des rénovations.
Êtes-vous souvent sollicité pour des rénovations de vitraux anciens, et en quoi cela consiste-t-il ?
En effet, je suis régulièrement appelé pour des rénovations, auxquelles je procède, selon les cas, directement sur les chantiers ou dans mon atelier. En général, il faut remplacer une ou plusieurs pièces en verre sur des vitraux cassés. Sinon, on me sollicite pour refaire les plombs, qui sont parfois tellement vieux qu’il devient nécessaire de tout sortir avant de tout réintégrer dans une nouvelle ossature. Ou alors, il s’agit de refaire du mastic ou les joints.
Ce sont les trois principaux domaines d’intervention sur des vitraux anciens.
En effet, je suis régulièrement appelé pour des rénovations, auxquelles je procède, selon les cas, directement sur les chantiers ou dans mon atelier. En général, il faut remplacer une ou plusieurs pièces en verre sur des vitraux cassés. Sinon, on me sollicite pour refaire les plombs, qui sont parfois tellement vieux qu’il devient nécessaire de tout sortir avant de tout réintégrer dans une nouvelle ossature. Ou alors, il s’agit de refaire du mastic ou les joints.
Ce sont les trois principaux domaines d’intervention sur des vitraux anciens.
Le Colibri
Vous accordez néanmoins beaucoup d’importance à la création…
Outre la rénovation, je souhaite effectivement valoriser cette partie de mon activité. Je m’oriente davantage vers la création de pièces uniques et de vitraux de décoration. Les gens ont souvent une vision désuète des vitraux, qu’ils associent principalement aux églises alors que les possibilités sont infinies lorsque l’on travaille le verre.
À quoi servent ces petits médaillons sertis ?
Ce sont des sun catchers ; littéralement, des « capteurs de lumière ». Il s’agit de petits modules ronds – de 10 à 15 cm de diamètre – à mettre aux fenêtres pour les décorer.
Outre la rénovation, je souhaite effectivement valoriser cette partie de mon activité. Je m’oriente davantage vers la création de pièces uniques et de vitraux de décoration. Les gens ont souvent une vision désuète des vitraux, qu’ils associent principalement aux églises alors que les possibilités sont infinies lorsque l’on travaille le verre.
À quoi servent ces petits médaillons sertis ?
Ce sont des sun catchers ; littéralement, des « capteurs de lumière ». Il s’agit de petits modules ronds – de 10 à 15 cm de diamètre – à mettre aux fenêtres pour les décorer.
Quelles sont les différentes étapes de création d’un vitrail ?
Depuis la création jusqu’à la pose du vitrail, elles sont nombreuses. Et c’est aussi cela qui rend ce métier aussi riche, complet et par conséquent intéressant.
Depuis la création jusqu’à la pose du vitrail, elles sont nombreuses. Et c’est aussi cela qui rend ce métier aussi riche, complet et par conséquent intéressant.
On commence par faire une maquette de présentation, qu’il faut que le client puisse valider. Ensuite, on fait du bricolage, du découpage, de la coupe de verre à la main et de la peinture (comme ici).
On utilise des outils très précis, y compris pour dessiner et peindre. La lame dont je me sers sur ce morceau de verre permet de dessiner en enlevant de l’émail avec une très grande précision. C’est un exercice qui demande d’être très méticuleux.
Ici, il n’y a eu que deux cuissons mais, en général, j’ai besoin d’en faire quatre ou cinq. La cuisson permet notamment de fixer les différents émaux.On procède encore aux différentes cuissons, au masticage (pour consolider le vitrail), et aux soudures à l’étain avant d’arriver à l’étape finale de la pose.
Existe-t-il différentes techniques de façonnage des vitraux ?
Il n’y a pas trente-six techniques pour faire un vitrail. Il y a un savoir-faire ancestral, des outils dont on se sert depuis des centaines d’années et des gestes répétitifs, voire séculaires. Ce qui varie, ce sont le dessin, les couleurs et quelques petites techniques que chaque vitrailliste se choisit.
Existe-t-il différentes techniques de façonnage des vitraux ?
Il n’y a pas trente-six techniques pour faire un vitrail. Il y a un savoir-faire ancestral, des outils dont on se sert depuis des centaines d’années et des gestes répétitifs, voire séculaires. Ce qui varie, ce sont le dessin, les couleurs et quelques petites techniques que chaque vitrailliste se choisit.
Il existe néanmoins la méthode Tiffany, qui date de la fin du XIXe siècle et peut remplacer au besoin la technique traditionnelle de soudure au plomb. Cela permet notamment de souder de plus petites pièces entre elles. Dans ce cas de figure, on procède au sertissage des pièces en recourant à un ruban de cuivre autocollant.
Comment qualifieriez-vous votre rapport à la création en général ?
Pour moi, la création est vitale. J’abandonne certes l’atelier pendant quelques jours pour créer mes cartons – un dessin du vitrail, sur du carton et grandeur nature – mais j’y retourne ensuite pour créer.
Pour moi, la création est vitale. J’abandonne certes l’atelier pendant quelques jours pour créer mes cartons – un dessin du vitrail, sur du carton et grandeur nature – mais j’y retourne ensuite pour créer.
Qu’est-ce qui singularise votre approche par rapport à celle d’un autre vitrailliste ?
Le choix des sujets et l’attention que je porte au travail de la peinture. Je n’aime pas les vitraux trop colorés au sens où je préfère rester sur deux ou trois coloris par vitrail au maximum. Pour l’instant, je signe plutôt des dessins figuratifs parce que c’est là que je me sens le plus à l’aise. Mais je compte expérimenter davantage, en versant aussi dans l’abstraction pour mes futures créations. J’accorde aussi beaucoup d’importance aux petits détails.
Le choix des sujets et l’attention que je porte au travail de la peinture. Je n’aime pas les vitraux trop colorés au sens où je préfère rester sur deux ou trois coloris par vitrail au maximum. Pour l’instant, je signe plutôt des dessins figuratifs parce que c’est là que je me sens le plus à l’aise. Mais je compte expérimenter davantage, en versant aussi dans l’abstraction pour mes futures créations. J’accorde aussi beaucoup d’importance aux petits détails.
Les Fleurs de Cerisier
.Quels conseils donneriez-vous à un ou une jeune souhaitant devenir vitrailliste ?
Il faut bien étudier toutes les facettes du métier avant. Il ne faut pas penser que l’on peut trouver tout de suite un emploi salarié en tant que vitrailliste, car il y en a peu. C’est une niche et il y aura toujours du travail à condition d’oser travailler seul. Et sans compter ses heures !
Après, c’est un métier très relaxant, qui libère l’esprit comme la plupart des activités manuelles et créatives. Ce qui est encore très agréable, c’est de voir le résultat final de son travail de création. Parfois, on s’attache tellement à certaines de ses pièces qu’il peut même être dur de s’en séparer. Si l’on se sent prêt, je crois qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer. D’autant qu’il y a un véritable renouveau dans l’artisanat.
Il faut bien étudier toutes les facettes du métier avant. Il ne faut pas penser que l’on peut trouver tout de suite un emploi salarié en tant que vitrailliste, car il y en a peu. C’est une niche et il y aura toujours du travail à condition d’oser travailler seul. Et sans compter ses heures !
Après, c’est un métier très relaxant, qui libère l’esprit comme la plupart des activités manuelles et créatives. Ce qui est encore très agréable, c’est de voir le résultat final de son travail de création. Parfois, on s’attache tellement à certaines de ses pièces qu’il peut même être dur de s’en séparer. Si l’on se sent prêt, je crois qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer. D’autant qu’il y a un véritable renouveau dans l’artisanat.
Roc
Vous faites aussi des portraits ?
J’ai fait ce vitrail que je voulais rond, sur lequel j’ai représenté un marin. Les formes sont simples car j’ai mis l’accent sur la peinture, en travaillant sur les chairs, les ombres, les cheveux, la mer, le ciel et le métal en partie basse. Au final, je trouve ce personnage un peu seul donc j’ai décidé de lui faire son pendant féminin. J’utiliserai une couleur complémentaire, donc un rouge orangé.
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J’ai fait ce vitrail que je voulais rond, sur lequel j’ai représenté un marin. Les formes sont simples car j’ai mis l’accent sur la peinture, en travaillant sur les chairs, les ombres, les cheveux, la mer, le ciel et le métal en partie basse. Au final, je trouve ce personnage un peu seul donc j’ai décidé de lui faire son pendant féminin. J’utiliserai une couleur complémentaire, donc un rouge orangé.
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Au départ, j’ai une formation de graphiste et un CAP de dessinateur d’exécution en publicité. Pendant vingt ans, j’ai donc essentiellement travaillé en tant que graphiste et dans le secteur de la communication. À mon compte de 2002 à 2012, j’ai ensuite envisagé une reconversion professionnelle, car je m’ennuyais un peu. J’avais le sentiment d’avoir fait le tour du métier de graphiste et il y avait de moins en moins de débouchés.
Je savais que j’avais envie de continuer à travailler seul. Mais après toutes ces années passées devant mon écran d’ordinateur, je ressentais également le besoin d’être dans un mode de création plus manuel. Après un bilan de compétences, je me suis naturellement dirigé vers un métier d’artisanat d’art. J’ai regardé qu’elles étaient les débouchés des différentes spécialités retenues dans un premier temps, et c’est le métier de vitrailliste qui s’est finalement détaché.