Portrait : « L'expressionnisme rationnel » d'Achille Castiglioni
Arrêt en images sur l'élégant ouvrage de l'un des designers les plus prolifiques du siècle dernier
Comme son frère Pier Giacomo, mais quelques années après lui, le designer italien Achille Castiglioni sort diplômé de l’École polytechnique de Milan en 1944. Il suit alors la trace de ses deux aînés (Pier Giacomo et Livio) en rejoignant leur atelier de design, afin de s’impliquer avec eux sur des projets d’architecture, d’urbanisme, de création d’objets et d’aménagement d’expositions (notamment pour la Triennale de Milan et le Compasso d’Oro). Si Livio quitte le trio en 1952, Achille et Pier Giacomo collaborent jusqu’au décès du second en 1968, pour cosigner des meubles et luminaires devenus emblématiques de l’histoire du design, tels que la lampe de table Tubino et les lampadaires Luminator et Arco. Seul, Achille Castiglioni continue de tracer sa route dans la sphère du design industriel. Généralement sobres et dépouillées, ses créations innovent par leur apparente simplicité, qui cache le plus souvent un réel travail autour de l’équilibre des formes et l’utilisation de nouveaux matériaux. Le designer s’amuse à rejeter la forme traditionnelle des objets utilitaires classiques (comme le lustre), pour en proposer des relectures inventives, toujours rationnelles mais sculpturales, bourrées d’humour et teintées de poésie. Ce qui explique que certains aient pu parler d’« expressionnisme rationnel » pour définir le travail singulier mais caractéristique d’Achille Castiglioni. Pour son œuvre, consacrée dans les collections muséales du monde entier, ce dernier a reçu de nombreux prix dont le prestigieux Compasso d’Oro, à huit reprises.
1960 : Suspension Viscontea
Inspirés par les recherches que Georges Nelson a pu mener sur les luminaires en métal, les frères Castiglioni ont imaginé pour Flos, ces suspensions sculpturales, aériennes et massives. Elles sortent tellement de l’ordinaire qu’elles semblent avoir été dessinées pour un autre monde. Sa singularité ? Cette lampe la tire, outre sa forme complexe, de l’usage d’un matériau atypique produit aux États-Unis : le cocoon. Il s’agit d’une fibre de verre filée ou de polymères en plastique, que les designers ont pris le parti de vaporiser sur une structure en fil d’acier blanc, pour former une sorte de membrane arachnéenne. Et extrêmement résistante, le cocoon ayant des propriétés assez remarquables !
Inspirés par les recherches que Georges Nelson a pu mener sur les luminaires en métal, les frères Castiglioni ont imaginé pour Flos, ces suspensions sculpturales, aériennes et massives. Elles sortent tellement de l’ordinaire qu’elles semblent avoir été dessinées pour un autre monde. Sa singularité ? Cette lampe la tire, outre sa forme complexe, de l’usage d’un matériau atypique produit aux États-Unis : le cocoon. Il s’agit d’une fibre de verre filée ou de polymères en plastique, que les designers ont pris le parti de vaporiser sur une structure en fil d’acier blanc, pour former une sorte de membrane arachnéenne. Et extrêmement résistante, le cocoon ayant des propriétés assez remarquables !
1962 : Lampadaire Arco
Revisitant la forme d’un réverbère classique, le lampadaire Arco a la particularité de s’enraciner dans un bloc rectangulaire massif, en marbre blanc de Carrare. Réglable. Courbe et fait d’acier inoxydable satiné, le bras du modèle permet d’éclairer à plus de 2 mètres de sa base. Pratique, dans un salon par exemple, pour amener un point lumineux au-dessus d’une table basse, sans forcément recourir à une suspension.
Revisitant la forme d’un réverbère classique, le lampadaire Arco a la particularité de s’enraciner dans un bloc rectangulaire massif, en marbre blanc de Carrare. Réglable. Courbe et fait d’acier inoxydable satiné, le bras du modèle permet d’éclairer à plus de 2 mètres de sa base. Pratique, dans un salon par exemple, pour amener un point lumineux au-dessus d’une table basse, sans forcément recourir à une suspension.
Aussi raffiné que rationnel, ce modèle astucieux a été pensé par Achille Castiglioni et son frère Pier Giacomo. Son allure artistique, le rapproche davantage d’une sculpture que de l’objet utilitaire. C’est d’ailleurs à cette ambiguïté qui est à l’origine de son succès, ainsi que son caractère intemporel.
Pour l’anecdote, vous aurez peut-être remarqué que l’Arco est présente dans Les diamants sont éternels… Vous n’aviez pas vu ? Pensez-y la prochaine fois que vous déciderez de revoir ce James Bond.
Pour l’anecdote, vous aurez peut-être remarqué que l’Arco est présente dans Les diamants sont éternels… Vous n’aviez pas vu ? Pensez-y la prochaine fois que vous déciderez de revoir ce James Bond.
1967 : La lampe Snoopy
Chic et ludique à la fois, la lampe de table Snoopy a été créée par Achille et Pier Giacomo Castiglioni en 1967. Inspirée par le célèbre personnage de dessin animé, elle ressemble un peu à un champignon et joue sur le contraste entre sa forme poétique amusante et la noblesse des matériaux choisis. Snoopy est constituée d’un abat-jour en métal émaillé noir qui repose sur un piétement oblique en marbre. La société Flos a décidé d’une réédition hommage de ce charmant luminaire, suite à la disparition d’Achille Castiglioni en 2002. Plus qu’un éditeur, Flos a quasiment été un partenaire pour le designer Achille Castiglioni, qui a signé plus de 25 luminaires pour la célèbre maison italienne.
Chic et ludique à la fois, la lampe de table Snoopy a été créée par Achille et Pier Giacomo Castiglioni en 1967. Inspirée par le célèbre personnage de dessin animé, elle ressemble un peu à un champignon et joue sur le contraste entre sa forme poétique amusante et la noblesse des matériaux choisis. Snoopy est constituée d’un abat-jour en métal émaillé noir qui repose sur un piétement oblique en marbre. La société Flos a décidé d’une réédition hommage de ce charmant luminaire, suite à la disparition d’Achille Castiglioni en 2002. Plus qu’un éditeur, Flos a quasiment été un partenaire pour le designer Achille Castiglioni, qui a signé plus de 25 luminaires pour la célèbre maison italienne.
1971 : Lampe Parentesi
Reprenant à son compte un concept initié par le designer italien Pio Manzù, Achille Castiglioni imagina cette lampe aux accents industriels et minimalistes. Apparemment basique, ce luminaire parfaitement équilibré a été largement adoubé. Il a d’ailleurs permis à son auteur de décrocher le prix Compasso d’Oro en 1979, et a encore intégré la prestigieuse collection permanente du MoMA de New York !
Reprenant à son compte un concept initié par le designer italien Pio Manzù, Achille Castiglioni imagina cette lampe aux accents industriels et minimalistes. Apparemment basique, ce luminaire parfaitement équilibré a été largement adoubé. Il a d’ailleurs permis à son auteur de décrocher le prix Compasso d’Oro en 1979, et a encore intégré la prestigieuse collection permanente du MoMA de New York !
Habilement pensé, ce luminaire d’avant-garde prend corps le long d’un câble métallique. Celui-ci s’étire, verticalement tendu, du plafond auquel il est fixé par un crochet jusqu’au sol, où il se termine par un poids. Sur ce fil de métal vient coulisser un tube en Inox, chromé et imitant la forme d’une parenthèse annoncée par son nom. Un joint en caoutchouc, relié à une douille noire et un spot de 150 watts, se fixe sur cette courbe d’acier pour parachever la structure.
1978 : Suspension Frisbi
D’une incontestable élégance, le luminaire Frisbi illustre bien l’affinité de son créateur pour un design dépouillé. La simplicité de la suspension Frisbi n’est qu’apparente mais suffit à en faire un élément de design résolument discret. Comme dans la plupart de ses créations de luminaires, Achille Castiglioni est ici parti d’une recherche autour d’une ampoule, pour concevoir un ensemble cohérent. Frisbi se compose d’un petit diffuseur hémisphérique en métal poli, renfermant une ampoule et d’un disque en méthacrylate blanc translucide. Ce dernier est percé en son centre, dessinant un rond à travers lequel la lumière passe directement, tandis qu’elle est redirigée par le disque dans le reste de la pièce.
D’une incontestable élégance, le luminaire Frisbi illustre bien l’affinité de son créateur pour un design dépouillé. La simplicité de la suspension Frisbi n’est qu’apparente mais suffit à en faire un élément de design résolument discret. Comme dans la plupart de ses créations de luminaires, Achille Castiglioni est ici parti d’une recherche autour d’une ampoule, pour concevoir un ensemble cohérent. Frisbi se compose d’un petit diffuseur hémisphérique en métal poli, renfermant une ampoule et d’un disque en méthacrylate blanc translucide. Ce dernier est percé en son centre, dessinant un rond à travers lequel la lumière passe directement, tandis qu’elle est redirigée par le disque dans le reste de la pièce.
1988 : Taraxacum ‘88
Taraxacum ‘88 signifie pissenlit en latin. Le nom de ce luminaire renvoie donc directement, à sa forme singulière, composite et sphérique.
Imaginée par Achille Castiglioni à l’occasion de l’Euroluce, salon du luminaire de Milan, cette suspension qui sonne comme une relecture des lustres traditionnels, rencontre un succès immédiat. En témoigne d’ailleurs son adoption par le musée de la Triennale, qui s’en est tout de suite procuré plusieurs exemplaires pour illuminer ses galeries.
Se déclinant en trois tailles, le Taraxacum ‘88 regroupe 60, 120 ou 200 ampoules ! Ce qui explique pourquoi son auteur a pu dire à son sujet : « Ce n’est peut-être pas la meilleure solution pour faire des économies d’énergie, mais un grand lustre est idéal pour les zones communes, les foyers et les pièces qui ont besoin de beaucoup de lumière à l’occasion d’évènements. Il doit donc aussi être décoratif. »
Taraxacum ‘88 signifie pissenlit en latin. Le nom de ce luminaire renvoie donc directement, à sa forme singulière, composite et sphérique.
Imaginée par Achille Castiglioni à l’occasion de l’Euroluce, salon du luminaire de Milan, cette suspension qui sonne comme une relecture des lustres traditionnels, rencontre un succès immédiat. En témoigne d’ailleurs son adoption par le musée de la Triennale, qui s’en est tout de suite procuré plusieurs exemplaires pour illuminer ses galeries.
Se déclinant en trois tailles, le Taraxacum ‘88 regroupe 60, 120 ou 200 ampoules ! Ce qui explique pourquoi son auteur a pu dire à son sujet : « Ce n’est peut-être pas la meilleure solution pour faire des économies d’énergie, mais un grand lustre est idéal pour les zones communes, les foyers et les pièces qui ont besoin de beaucoup de lumière à l’occasion d’évènements. Il doit donc aussi être décoratif. »
1992 : Suspension Brera
Son élégance ? Cette jolie suspension en verre opalin la doit d’abord à sa simplicité. Elle ne se compose que d’un ovale en verre opalescent. Discrètement suspendu à un fin câble en acier inoxydable, elle
semble flotter dans l’air à la manière d’une goutte d’eau ou d’un ballon.
Réalisée par Achille Castiglioni en 1992, cette pièce a la sagesse et la grâce d’une sorte de retour à l’essentiel.
Son élégance ? Cette jolie suspension en verre opalin la doit d’abord à sa simplicité. Elle ne se compose que d’un ovale en verre opalescent. Discrètement suspendu à un fin câble en acier inoxydable, elle
semble flotter dans l’air à la manière d’une goutte d’eau ou d’un ballon.
Réalisée par Achille Castiglioni en 1992, cette pièce a la sagesse et la grâce d’une sorte de retour à l’essentiel.
1996 : Suspension Fucsia
Il a beau être relativement petit, ce luminaire-là vogue dans l’air avec une rare majesté ! Composé d’un cône transparent en verre soufflé à la bouche et partiellement sablé, Fucsia est un gage d’élégance pour l’espace qu’il investit, discrètement mais sûrement, à la manière d’un mobile résolument minimaliste.
Astuce : Si vous succombez à l’allure incomparable de cette suspension phare d’Achille Castiglioni, pensez qu’en acquérir plusieurs – que vous pourrez aligner au-dessus d’une table ou d’un plan de travail, par exemple – permet d’en décupler l’effet !
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Ce lampadaire d’après-guerre illustre bien la volonté des frères Castiglioni de verser dans un modernisme d’avant-garde, flirtant avec le minimalisme. Simple mais pas simpliste, Luminator s’articule autour d’un long tube métallique, dont le diamètre équivaut à celui de la douille d’une lampe à réflecteur en verre pressé, positionnée au sommet de la réalisation. Le tube prend quant à lui appui sur un piétement tripartite, qui le stabilise autant qu’il humanise la silhouette du luminaire.