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Architecture
Maisons contemporaines
Architecture : La Maison M, grand prix du jury Archinovo 2018
Visite exclusive et décryptage de la Maison M, 1er prix au concours Archinovo récompensant les maisons contemporaines
Seul prix d’architecture dédié à la maison contemporaine en France, Archinovo est destiné à promouvoir la jeune création architecturale dans le domaine de l’habitat individuel. Cette quatrième session, soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication, le Pavillon de l’Arsenal et la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, a présenté 45 maisons en France, sélectionnées pour leurs qualités innovantes en matière d’architecture et d’environnement. La Maison M, dite aussi « à Claire-Voie », vient de remporter le grand prix du jury 2018. David Devaux, l’architecte qui l’a imaginée, a bien voulu nous raconter son histoire et nous faire faire la visite exclusive de cette réussite architecturale hautement inspirante.
Coup d’œil
Qui habite ici : un couple et leurs deux enfants
Emplacement : près de la gare Bellevue, Meudon, Île-de-France
Superficie : terrain : 311 m² ; maison : 261 m² SHON (surface hors œuvre nette)
Durée des travaux : livraison septembre 2016, après 17 mois de travaux
Architecte : David Devaux, Devaux & Devaux architectes
Bureaux d’études : Fluides : Choulet, Pisciniste : Jaune et bleu
Photos : Joan Bracco
Coup d’œil
Qui habite ici : un couple et leurs deux enfants
Emplacement : près de la gare Bellevue, Meudon, Île-de-France
Superficie : terrain : 311 m² ; maison : 261 m² SHON (surface hors œuvre nette)
Durée des travaux : livraison septembre 2016, après 17 mois de travaux
Architecte : David Devaux, Devaux & Devaux architectes
Bureaux d’études : Fluides : Choulet, Pisciniste : Jaune et bleu
Photos : Joan Bracco
Pendant un an, clients et architecte ont visité ensemble des terrains à bâtir et, après avoir renoncé à plusieurs d’entre eux, ils ont trouvé une parcelle très bien située, à 100 mètres de la gare Bellevue. Ce n’était pas le terrain imaginé au départ, sur lequel construire un pavillon belvédère entouré d’un jardin, à l’image de la maison qu’habitaient les propriétaires à Budapest, mais une petite parcelle urbaine de 311 m², légèrement montante, en bordure de rue et de la voie ferrée au nord et donnant au sud sur un cœur d’îlot urbanisé.
Le terrain provenait de la division en cinq parcelles du grand jardin d’un pavillon et les cinq terrains devaient être construits ensemble, en mitoyenneté, selon quelques règles visant à harmoniser les constructions.
Le terrain provenait de la division en cinq parcelles du grand jardin d’un pavillon et les cinq terrains devaient être construits ensemble, en mitoyenneté, selon quelques règles visant à harmoniser les constructions.
« Par rapport à mon client qui souhaitait une maison avec un grand rapport à l’horizon et envisageait l’architecture avec une idée de liberté, nous nous heurtions à un carcan encore plus strict que de coutume. En effet, nous avons dû composer avec les contraintes d’implantation très rigoureuses du PLU de la ville, doublées par un cahier de prescriptions architecturales exceptionnelles. Le cadre était aussi strict que pour un lotissement, mais cet emplacement était somme toutes intéressant. Nous avons eu envie de relever le défi de la mitoyenneté urbaine, de l’urbanité au sens étymologique du terme, du vivre-ensemble tout en ayant son propre jardin en ville », explique David Devaux.
Ces règles d’urbanisme imposaient notamment un double alignement sur la rue, de manière à ne pas avoir une façade lisse mais un effet de « séquences », de blocs de différents volumes. Elles fixaient également un mix entre enduit et bois. La volonté d’espaces les plus ouverts possibles, tout en gardant l’intimité côté rue, a conduit l’architecte à imaginer une façade toute vitrée, mais recouverte d’un filtre qui prend l’apparence d’un bardage à claire-voie en red cedar : « Nous avons privilégié ce bois naturellement imputrescible que l’on trouve facilement localement pour son entretien nul dans le temps », précise l’architecte.
À l’arrière de la maison, plein sud, l’architecte a repris le même système de bardage à claire-voie qui a valu son surnom à la maison. Celui-ci s’assemble de façon imperceptible en neuf volets « papillon », qui s’ouvrent et se ferment à volonté et peuvent servir de brise-soleil en position ouverte.
Lorsque les volets sont complètement ouverts, la façade sud de la maison se dévoile, intégralement vitrée, offrant la porosité parfaite des espaces dedans-dehors souhaitée par les propriétaires et l’un des axes majeurs du travail du cabinet d’architectes.
Lorsque les volets sont complètement ouverts, la façade sud de la maison se dévoile, intégralement vitrée, offrant la porosité parfaite des espaces dedans-dehors souhaitée par les propriétaires et l’un des axes majeurs du travail du cabinet d’architectes.
Le client souhaitait une maison avec vue et en étroit rapport avec le paysage, un désir compliqué dans le cadre urbain et encore plus ici, dans cette situation de mitoyenneté. Aussi, le jardin a focalisé d’emblée toutes les attentions du bureau d’architecture.
« Avant même de bâtir, nous avons commencé par son aménagement : pour pouvoir y accéder plus facilement, mais aussi pour qu’il se soit déjà épanoui à la fin de la construction et, enfin, pour éviter que le jardin ne soit pollué par les déchets de construction, comme cela arrive souvent », explique David Devaux.
« Avant même de bâtir, nous avons commencé par son aménagement : pour pouvoir y accéder plus facilement, mais aussi pour qu’il se soit déjà épanoui à la fin de la construction et, enfin, pour éviter que le jardin ne soit pollué par les déchets de construction, comme cela arrive souvent », explique David Devaux.
Le plan de la maison, voulue familiale avant tout, s’est rapidement imposé. La lumière et la vue vers le jardin ont commandé le positionnement des espaces « servis » (séjour, chambres…) tandis que les pièces « servantes » (entrée, salles de bains, dressing) ont été installées au nord.
Le plan s’est architecturé autour d’un escalier central sculptural, conçu comme une grande bibliothèque et surmonté d’une verrière en toiture, permettant de faire pénétrer le soleil au cœur de l’habitation, quelle que soit l’heure du jour.
Le plan s’est architecturé autour d’un escalier central sculptural, conçu comme une grande bibliothèque et surmonté d’une verrière en toiture, permettant de faire pénétrer le soleil au cœur de l’habitation, quelle que soit l’heure du jour.
En raison de l’exiguïté de la parcelle et des lourdes contraintes d’urbanisme, la création de ce plan s’est avéré un exercice de haute volée. Pour répondre aux demandes de la famille, qui souhaitait quatre chambres, une vaste pièce de vie ainsi qu’un bassin de nage et un sauna, le plan a pris l’apparence d’un véritable Tetris.
Ainsi au R+1, au-dessus du garage, bas de plafond (7), a pu être installé le bassin de nage qui jouxte désormais le sauna et la suite parentale (14). Pour caser le sous-sol et trois niveaux d’habitation, la maison a été légèrement encaissée : « Cela permettait de rester dans les clous des contraintes d’urbanisme, de bénéficier côté sud d’un meilleur apport lumineux au rez-de-chaussée et de disposer d’une plus belle perspective sur le jardin », décrypte l’architecte.
Ainsi au R+1, au-dessus du garage, bas de plafond (7), a pu être installé le bassin de nage qui jouxte désormais le sauna et la suite parentale (14). Pour caser le sous-sol et trois niveaux d’habitation, la maison a été légèrement encaissée : « Cela permettait de rester dans les clous des contraintes d’urbanisme, de bénéficier côté sud d’un meilleur apport lumineux au rez-de-chaussée et de disposer d’une plus belle perspective sur le jardin », décrypte l’architecte.
Au rez-de-chaussée se nichent les espaces de vie voulus fluides et ouverts. On entre presque directement dans la cuisine, imaginée à la manière d’une « salle » de ferme, une pièce familiale architecturée
autour d’une table immense où l’on se rassemble pour les repas, où les enfants peuvent faire leurs devoirs…
autour d’une table immense où l’on se rassemble pour les repas, où les enfants peuvent faire leurs devoirs…
Cette table de cuisine peut accueillir douze personnes. Elle a été dessinée par le cabinet d’architecture et réalisée en hêtre lamellé collé, « un procédé allemand unique qui permet de faire des panneaux très résistants et de grande longueur », explique l’architecte.
En fond de pièce, la baie vitrée occupe l’intégralité de la façade arrière pour maximiser les vues et la lumière naturelle. Les deux vantaux les plus à gauche peuvent coulisser sur celui de droite. Ainsi, aux beaux jours, la maison ressemble à un préau ouvert sur l’extérieur lorsque l’on est attablé dans la cuisine. Le salon, qui n’est pas encore meublé sur cette photo, jouxte cette immense verrière. Il est prolongé dehors par une grande terrasse en pierres (en cours d’installation sur la photo). En bordure des baies, au sol, des dalles de verre offrent un puits de lumière à la salle de jeu des enfants placée en dessous.
Au centre de l’habitation, l’escalier répond à un autre désir des propriétaires qui souhaitaient « une grande capacité de rangement de livres sans que les murs ne soient colonisés de bibliothèques ».
« Nous sommes partis du constat que des volumes très nets empêchaient souvent de s’approprier les lieux et avons pensé la colonne vertébrale de la maison comme un escalier-bibliothèque, qui permet d’enrichir peu à peu la mémoire familiale par l’ajout de livres et de beaux objets, au fil du temps. Nous avons été inspirés par un autre chantier, une médiathèque que nous étions en train d’aménager parallèlement et dans laquelle les espaces enfants et adultes devaient interférer. Nous avons aimé cette image que les livres des enfants placés au R+2 pourraient rejoindre ceux des parents dans les étages inférieurs et s’y mélanger progressivement », explique David Devaux.
« Nous sommes partis du constat que des volumes très nets empêchaient souvent de s’approprier les lieux et avons pensé la colonne vertébrale de la maison comme un escalier-bibliothèque, qui permet d’enrichir peu à peu la mémoire familiale par l’ajout de livres et de beaux objets, au fil du temps. Nous avons été inspirés par un autre chantier, une médiathèque que nous étions en train d’aménager parallèlement et dans laquelle les espaces enfants et adultes devaient interférer. Nous avons aimé cette image que les livres des enfants placés au R+2 pourraient rejoindre ceux des parents dans les étages inférieurs et s’y mélanger progressivement », explique David Devaux.
Au premier étage, la suite parentale (10) profite d’une vue en surplomb sur le jardin. Elle dispose d’une terrasse solarium orientée sud qui sert également de plage au bassin de nage (14). Ce bassin est situé dans un espace double hauteur, ventilé naturellement, et couvert par une verrière permettant de profiter de la course du soleil.
La salle de bains (13) qui accueille le sauna (12) peut paraître immense. « Pour l’anecdote, il s’agissait à l’origine du bureau du propriétaire, mais en cours de projet, ce dernier a préféré disposer d’un bureau au sud, que l’on a placé dans sa chambre. On a donc revu les plans en imaginant la salle de bains comme le vestiaire d’une piscine, un vaste espace ouvert qui dessert le bassin. »
La salle de bains (13) qui accueille le sauna (12) peut paraître immense. « Pour l’anecdote, il s’agissait à l’origine du bureau du propriétaire, mais en cours de projet, ce dernier a préféré disposer d’un bureau au sud, que l’on a placé dans sa chambre. On a donc revu les plans en imaginant la salle de bains comme le vestiaire d’une piscine, un vaste espace ouvert qui dessert le bassin. »
La douche, prévue à l’origine de taille normale, s’est transformée en douche double pour permettre aux enfants du couple et à tous leurs amis de se doucher ensemble avant de plonger dans la piscine.
À côté de la douche se trouve le sauna, un prérequis des propriétaires.
Le second étage est celui des deux enfants du couple. Leurs chambres (15) donnent plein sud sur le jardin et ont été conçues comme deux modules en tout point identiques. L’étage, baigné de lumière en son centre par la verrière au-dessus de l’escalier, est complété par la salle de bains des enfants (13) et une chambre d’amis (18). Cette dernière dispose d’une alcôve dans laquelle a été placé le lit, symbolisée par un grand rectangle en bas à droite du plan.
Preuve que la maison a été pensée dans ses moindres détails, une colonne descend à partir de la salle de bains des enfants et traverse toute la maison jusqu’à la buanderie en sous-sol qui jouxte la salle de jeu. Celle-ci permet d’évacuer le linge sale sans avoir à le descendre à chaque fois.
Preuve que la maison a été pensée dans ses moindres détails, une colonne descend à partir de la salle de bains des enfants et traverse toute la maison jusqu’à la buanderie en sous-sol qui jouxte la salle de jeu. Celle-ci permet d’évacuer le linge sale sans avoir à le descendre à chaque fois.
Outre le grand prix du jury Archinovo, cette maison a également reçu à l’été 2017 le premier prix Architecture à Vivre de la Maison Connectée. En effet, elle a été équipée des dernières avancées technologiques : « L’intégrateur Domotix a installé un système Delta Dore complet qui permet de piloter de façon centralisée et même à distance l’ouverture des volets roulants, ou des issues, de gérer la chaudière à condensation, le bassin, l’alarme et les éclairages », détaille l’architecte.
La maison construite en béton et parpaings fait également la part belle aux dernières avancées en matière de haute qualité environnementale. Une cuve de récupération des eaux du toit permet par exemple d’arroser le jardin et d’approvisionner les chasses d’eau des toilettes.
« Recevoir le grand prix du jury Archinovo a été une fierté et une grande récompense pour l’ensemble de notre bureau d’architecture, car cette maison a représenté un important travail intellectuel et matériel. Cela me satisfait également pour les propriétaires car on ne fait pas de beau projet sans un bon client. Tout chantier a sa part de déconvenues et cette famille les a gérées avec patience et détermination », conclut David Devaux.
ET VOUS ?
Que pensez-vous de cette maison ?
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La maison construite en béton et parpaings fait également la part belle aux dernières avancées en matière de haute qualité environnementale. Une cuve de récupération des eaux du toit permet par exemple d’arroser le jardin et d’approvisionner les chasses d’eau des toilettes.
« Recevoir le grand prix du jury Archinovo a été une fierté et une grande récompense pour l’ensemble de notre bureau d’architecture, car cette maison a représenté un important travail intellectuel et matériel. Cela me satisfait également pour les propriétaires car on ne fait pas de beau projet sans un bon client. Tout chantier a sa part de déconvenues et cette famille les a gérées avec patience et détermination », conclut David Devaux.
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Quand l’architecte rencontre la famille expatriée, il n’imagine pas réaliser une nouvelle maison individuelle, mais des arguments chers à ses yeux l’ont fait changer d’avis : « Le client envisageait l’architecture comme une expérience et il m’a tout de suite parlé de sa volonté d’une maison qui entretienne des rapports étroits avec l’extérieur. Or, il se trouve que j’ai précisément réalisé mon mémoire de diplôme sur les rapports dedans-dehors dans l’architecture et j’ai eu envie d’envisager moi aussi ce projet comme un terrain d’expérimentation. »